Renouvelé le 27 avril 2020 dernier et censé prendre fin le 11 mai prochain, l’état d’urgence qui concerne le Grand Libreville est sur le bout des lèvres des Gabonais, notamment des Librevillois. Le gouvernement va-t-il prolonger encore pour une nouvelle date ou va-t-il prendre d’autres mesures supplémentaires de déconfinement ?
Avec 620 cas de Covid-19 confirmés, la situation semble de plus en plus alarmante, voire inquiétante. Dans ce contexte, la fin de l’échéance ce 11 mai 2020, de l’état d’urgence sanitaire, t-elle qu’annoncée par le gouvernement lors du Conseil des ministres du jeudi 08 mai dernier, va-t-elle donner lieu au déconfinement total ou, au contraire, va-t-on repartir vers un confinement radical comme au départ ? Le gouvernement, lors du communiqué final, a bien précisé que : les mesures sanitaires relatives à la lutte contre la pandémie du Covid-19 restent en vigueur.
Le gouvernement surprend ainsi nombreux de ceux qui s’attendaient à une prolongation de l’État d’urgence en début de cette semaine. Si la situation coûtait financièrement à l’État – ration pour les militaires et policiers en nombre dans les rues, carburant, primes d’astreinte, etc. –, elle désorganisait tout aussi la vie économique avec ses embouteillages monstres freinant la productivité et faisant grognonner les populations du fait de certains excès de zèle des forces de l’ordre. Sans oublier le confinement de toute la population y compris les travailleurs dans les maisons…
Le Cameroun, cluster sous régional du Covid-19, a déconfiné
En effet, depuis le 1er mai, le Cameroun est sorti des mesures de fermeture des activités économiques sur fond de crise économique et sociale aigüe. Sur le plan épidémiologique, le Cameroun compte officiellement 2 300 cas confirmés de Covid-19 avec 1 016 guérisons (50 % des malades) et 108 décès. En termes de solde, le pays a 1 176 malades sous traitement.
Moins de deux mois après les premières mesures prises par le gouvernement camerounais pour lutter contre la propagation du Coronavirus, les autorités camerounaises ont rendu publiques, le 30 avril 2020, dix-neuf nouvelles mesures visant aussi bien à lutter contre l’évolution de la maladie qu’à stimuler la production. Selon toute vraisemblance, même si le Cameroun a évité un confinement total et alors que le ministère de la Santé déclare avoir déjà dépensé près de 9 milliards de Fcfa pour la prise en charge des malades, les mesures restrictives de l’activité ont eu un réel impact sur l’outil de production.
Une préoccupation exprimée par les syndicats et le patronat, en l’occurrence, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) et Entreprises du Cameroun (Ecam) dont des études révèlent que plus de 92 % des entreprises sont négativement impactées par la crise sanitaire. Certains secteurs de l’économie nationale, à l’instar de l’hôtellerie, des transports, de la restauration, des loisirs et les services sont sérieusement touchés par le Covid-19 ; obligeant certaines entreprises à mettre en congé technique plusieurs de leurs personnels. « Face à cette situation, le chef de l’Etat a instruit le gouvernement de réaliser une étude dans le but d’évaluer l’impact du Covid19 sur l’économie nationale et de déterminer les mesures d’accompagnement à mettre en œuvre pour soutenir les secteurs en difficulté ainsi que les ménages les plus fragiles », a déclaré le Premier ministre Joseph Dion Ngute au terme du Conseil de cabinet du mois d’avril tenu hier.
En réponse à ces préoccupations, les mesures suivantes ont été prises afin de soulager les secteurs durement impactés par cette crise sanitaire. Il s’agit de l’ouverture, au-delà de 18 heures, des débits de boissons, des restaurants et des lieux de loisirs avec obligation pour les clients et usagers de respecter les mesures barrières, notamment le port du masque de protection et la distanciation sociale ; la levée de la mesure réduisant le nombre règlementaire de passagers dans tous les transports en commun par bus et taxis.
Quid du Gabon au-delà du 11 mai ?
Avec la rapide monté épidémiologique actuelle (une moyenne de 40contaminations par jour), la question du déconfinement total comme chez le voisin camerounais relève d’un choix cornélien. En levant l’état d’urgence pour permettre la reprise de toutes ou partie des activités économiques, nous sommes certain que la courbe des cas contaminées va exploser et créer une situation ingérable dans les structures sanitaires de Libreville et, pire, de l’intérieur du pays, comme c’est le cas déjà du côté de Franceville.
Reste à savoir, si la levée de l’état d’urgence va signifier la réouverture du Grand Libreville avec l’intérieur du pays ? Il semble que la réponse est non !
Déjà, avec l’état d’urgence, les populations ne se sont pas montrées civiques quant au respect des mesures barrières. Malgré la menace de condamnation des gens à des peines de travaux d’intérêt général (enlever les ordures, balayer ou débroussailler sur la voie publique), les comportements à risque ne cessent de perdurer. De l’autre côté, le gouvernement peine encore à mettre en œuvre plusieurs mesures sociales comme les paiements des loyers. Tout il a montré son incapacité à gérer pareille situation en deux semaines de confinement radical : kits alimentaires et autres blablabla du ministre du Commerce sur les stocks de nourriture qui seraient disponibles même pendant trois (3) mois et autres inepties de sa collègue des Solidarités nationales qui a orchestré le désordre dans les quartiers (distribution de bons alimentaires) ont volé en éclats. Entre-temps, des familles sont affamées parce que les activités sont bloquées ou tournent au ralenti…On comprend que ça devenait intenable pour Nkoghe Bekale et son petit monde.
L’autre équation est le secteur de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Cette période de mai est la dernière étape dont peut se saisir le gouvernement pour éviter une année blanche en rouvrant les établissements scolaires avec l’exigence de mesures de sécurité sanitaire (gestes barrières). Le souci de relancer l’économie et le maintien de la stabilité sociale viennent de l’emporter sur les risques d’une propagation rapide du Covid-19.