Confronté depuis octobre 2018 à la réalité selon laquelle Ali Bongo Ondimba est devenu inapte à pouvoir continuer à diriger le pays, suite à son AVC en Arabie Saoudite, une partie du clan Altogovéen déroule une nouvelle stratégie, après l’échec des précédentes. La révision de la Constitution pour que ce soit désormais Faustin Boukoubi, le nouveau président de l’Assemblée nationale, qui assure l’intérim, sinon en cas de démission de celui-ci, le premier Vice-président, un certain altogvéen nommé Idriss Firmin Ngari.
Si d’aucuns se posaient la question de savoir pourquoi le bureau de l’Assemblée nationale désigné le 11 janvier 2018 était à dominance altogovéen, la réponse est en train de tomber d’elle-même avec le projet, sous cap, de révision de la Constitution, la 4e fois en un an. Un vrai record de tripatouillage de cette précieuse bible de la République au gré des intérêts des tenants du pouvoir. En effet, il se dit dans les milieux bien introduits, que les scénarios tentés au cours de ces dernières semaines se sont toutes révélé de vrais échecs. Le premier avait été de faire que Boa s’était complètement rétabli à Ryad et qu’il allait au Maroc pour une simple convalescence. Pays depuis lequel, ils allaient faire croire aux Gabonais et à la communauté internationale, que Boa dirige le pays. Seulement, quid des questions protocolaires et des questions qui exigent un niveau de décision de chef d’Etat et non de PM ou de vice-président ? Un blocage. Le deuxième scénario est de le faire venir à chaque fois que possible, comme une marionnette, pour l’exposer devant les caméras des médias publics, pour ainsi faire croire aux Gabonais que la convalescence sera longue, voire très longue (plusieurs mois voire années), mais que malgré cet état de fait, il sera toujours capable de venir au pays de temps à autre. Ce scénario a aussi échoué vite. Car, d’un état fragile et très précaire qui n’exclut pas un autre AVC à cause de la pression exercée sur lui par son entourage affairiste afin qu’il vienne rester assis ceinturé sur un fauteuil roulant pendant des heures (conseil des ministres, vœux, audiences, défilés militaires, inauguration, etc.), Boa ne peut supporter ces allées et retours entre Rabat et Libreville en avion. Le dernier scénario semble avoir été la tentative de putsch du 08 janvier 2018 derrière laquelle certains émergents, seraient les vrais commanditaires. Leur plan visait soit la prise de pouvoir, soit la mise en place de l’état d’urgence.
Ces trois scénarios ayant tous échoué, l’aile radical du régime a décidé de prendre les choses en main via le PDG et la Cour constitutionnelle. En effet, le schéma semble clair aujourd’hui. La vacance sera probablement déclarée, vu l’état de santé de Boa.
Qui donc doit prendre le pouvoir ?
Voilà l’épineuse question qui a abouti au retour en forces des faucons au sein de l’Assemblée nationale (Faustin Boukoubi, Idriss Firmin Ngari, Patrick Opiangah) et le maintien de leurs alliés de l’opposition au sein du gouvernement, malgré leur cuisante défaites aux élections (Menga, Moukagni Iwangou et consort). Dans ce nouveau plan, l’Assemblée nationale va jouer un rôle imminent pour déclarer la vacance de pouvoir et faire succéder rapidement le président impotent soit par Faustin Boukoubi, soit par Idriss Ngari. En effet, sentant qu’il est plus sûr d’avoir un altogovéen comme Vice-président pour faciliter leur conservation du pouvoir, Faustin Boukoubi, quoi qu’originaire de la République du « Haut-Ogooué-Lolo », pourrait être amené à démissionner, après la déclaration de la vacance du poste de président de la République. Alors ce sera le premier vice-président Idriss Ngari qui assurera la transition constitutionnelle qui en découlera.
Aligner la constitution aux envies des Bongo
Or, en l’état actuel de la Constitution, le président du Sénat est le seul habileté à assurer la transition à en cas vacance du poste de président pour quelque cause que ce soit. Lorsqu’Omar Bongo modifie la constitution au début des années 1990 en disposant ainsi l’ordre constitutionnel en cas d’intérim, il avait en tête son ami Georges Rawiri. Dans la plupart des pays, c’est le président de l’Assemblée nationale qui assure cette fonction parce qu’il est issu du peuple (suffrage universel direct) et non le président du sénat (suffrage universelle indirect). Cette fois-ci, comme les Bongo ont intérêt à ce que ce soit, non plus comme en 2009 (avec Rose Francine Rogombé à qui il fut reproché de n’avoir pas fait montre d’un immense zèle pour faire gagner Boa), un acteur politique d’une autre province qui assure l’intérêt, le tour de passe va donc consister à transférer cette prérogative constitutionnelle au président de l’Assemblée nationale.
La Constitution a déjà été janvier 2018 lorsque Boa avait supprimé toute possibilité pour un résident de la République, en l’occurrence lui-même, d’être jugée par la Haute cour de justice. Ce qui a toujours été un cas de figure dans tous les constitutions depuis 1991. Ensuite en avril 2018, Mbourantsuo avait d’elle-même amandé la Constitution pour dissoudre le gouvernement et l’Assemblée nationale. En novembre 2018, elle remodifié la Constitution, pour insérer la notion vague de « absence temporaire » du chef de l’Etat. La révision constitutionnelle en gestation, et qui risque d’être adoptée à la rentrée parlementaire de mars 2019, voire avant par voie d’ordonnance faussement ratifiée par Boa (comme ce fut le cas avec la nomination du gouvernement de Nkoghe Bekale).