85 milliards de trou par ci, 30 milliards par là, 500 milliards là-bas, des centaines de millions de Fcfa de pots-de-vin plus loin… Des chiffres astronomiques se succèdent les uns aux autres pour susciter dans l’opinion l’émotion, l’indignation et le soutien à une pseudo opération de mise hors d’état de nuire de « nouveaux » délinquants financiers du régime Bongo.
Pure foutaise quand on sait qui sont les vrais et grands pilleurs-voleurs de ce pays assis sur le pétrole depuis 52 ans ! Le cynisme des Bongo (Ali, Sylvia, Nourredine et une partie du clan téké) fait rire certaines chancelleries occidentales et la grande majorité des Gabonais. Loin de défendre les Renaud Alloghe Akoué, directeur général de la caisse nationale de sécurité sociale et de garantie sociale (CNAMGS), Ismaël Ondias Souna, directeur général de la Société équatoriale des mines et Jérémy Ayong, directeur général adjoint de Gabon oil marketing (Gom), Ike Ngounoni porte-parole de la présidence, Grégory Laccruche Alihanga, maire d’Akanda, pour citer que ceux-là et toute la kyrielle d’autres Ajévistes actuellement en détention et la manière dont le désormais ex-procureur de la République Olivier N’zahou, est malmené ces derniers temps suspecté d’avoir touché des pots-de-vin (600 millions de francs cfa), il ne faut pas que les Bongo croient qu’ils peuvent continuer à tromper les Gabonais.
Voilà une bande de jeunes cadres issus, pour la plupart, du secteur privé, qui n’avaient pas fait des appels d’offres pour être nommés. Ce sont les Bongo (Ali, Noureddine et Sylvia) qui les avaient directement ou indirectement (recommandations) placés à tous ces postes. Célébrés hier dans toute la République (« On ne fait du neuf avec du vieux »), cette bande de jeunes cadres a été propulsée, sans expérience politico-administrative ni légitimité (mandat politique), au sommet de l’Etat à travers les plus prestigieuses et sensibles fonctions du pays : cabinet du président de la République, sociétés parapubliques, haute fonction publique… En y arrivant, ils avaient trouvé et compris le système de prédation qui était installé depuis 52 ans, à savoir qu’il y avait beaucoup à boire et à manger. Tandis que, en même temps, le peuple souffre de faim, des fonctionnaires sont mal ou non payés dans plusieurs secteurs et dans les sociétés parapubliques en liquidation ou en faillite (des milliers de chômeurs : Sogatra, Gabon Poste, FNAS, BGD, main-d’œuvre non permanente dans plusieurs ministères…).
En trouvant que les Bongo sont les plus grands pilleurs du pays, ils ont aussi pris leur part. Où est le pôpô Maixent Accrombessi qui était venu en babouches et est retourné en jet privé avec plusieurs milliards de francs dans son Dahomey natal ? Lui aussi, en arrivant, avait trouvé comment les Bongo se taillent la grosse part du lion, il a coupé la sienne. Les Blaise Louembé Kouya, Ngoubou, Massard, Manfoumbi, Liban…ne sont pas ou plus inquiétés aujourd’hui. Pourquoi ? Qu’on ne fasse pas croire aux gens que ce sont les (seules ou premiers) présumés grands voleurs de ce pays !
En juillet 2017, la chaîne publique internationale française France 2 avait diffusé un documentaire sur le pétrole gabonais en révélant ce que déjà beaucoup de Gabonais imaginaient, que 57 % du pétrole gabonais va à la France (Total Gabon), 25 % seulement à l’Etat gabonais (budget de l’Etat) et 18 % à la famille Bongo. N’est-ce pas là du vol ? Sachant que l’Etat est sous le contrôle des mêmes Bongo, ce qui veut dire que les Bongo gèrent 43 % des recettes du pétrole gabonais. Ce qui leur permet de faire des achats immobiliers dans le monde (France, Angleterre, Etats-Unis…). Ces biens sont des « biens mal acquis » parce qu’issus du « vol » de l’Etat gabonais et donc des blanchiments de capitaux. C’est le même argent qu’ils utilisent pour acheter les opposants, les syndicalistes, corrompre les magistrats afin d’être toujours à la tête du pays. Pour preuve, Ali Bongo vient d’être classé comme le chef d’Etat le plus riche d’Afrique centrale et le deuxième sur tout le continent derrière Mohamed VI (roi du Maroc, son ami). Il cumule 594 milliards de Fcfa à lui seul. Les Paul Biya, Obiang Nguema, Sassou Nguesso, malgré leur longévité au pouvoir, ne sont rien devant Ali Bongo. D’où lui vient autant d’argent en seulement 10 ans de pouvoir ? Du pétrole gabonais.
Ce type peut-il montrer aux Gabonais le décret sur son salaire ? Combien gagne-t-il par mois ? 1 ou 2 milliards de Fcfa par mois, sans compter les « fonds politiques » que le ministère du Pétrole lui verse (5 % des recettes) ? Il s’est doté d’une trésorerie spéciale des armées et de la présidence de la République qui opère directement les dépôts et virements d’argent à son propre compte. Les contrats pétroliers et miniers sont négociés par son cabinet. C’est le rôle du directeur de cabinet adjoint de gérer ce « domaine ». C’est lui qui pilote des sociétés comme la Société nationale du pétrole (Goc), la Société équatoriale des mines (or). Les grandes régies financières comme le budget, le trésor et surtout les douanes et les impôts sont sous sa botte. Un président-commerçant de cet acabit peut-il donner des leçons de morale à des « petits » apprentis voleurs qu’il pourchasse aujourd’hui ? Non, trêve de comédie ! Ce pays ne pourra jamais enrayer la corruption des juges et les détournements des hauts fonctionnaires tant que l’exemplarité ne viendra pas du sommet de l’Etat. Le départ au pouvoir du clan Bongo se présente, malheureusement pour les Gabonais, comme la seule option pour redresser moralement, économiquement, financièrement et politiquement ce pays.
Qué peut-on attendre d’un pays dirigé par un mort?