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Opposition gabonaise/Etat de santé d’Ali Bongo : Fébrilité, duplicité ou complicité ?

Depuis quelques temps l’opposition gabonaise montre des signes qui suscitent de l’étonnement et des questionnements. On n’arrive pas à comprendre qu’en l’absence du dictateur émergent, que d’aucuns disent mort, d’autres encore inapte à vie, l’opposition gabonaise se distingue par des signes de fébrilité, de trouille vis-à-vis d’un régime qu’il connaît bien pourtant. On se demande si elle ne le protège pas ou alors elle a peur de la France.

Dans tous les pays du monde aucun peuple ne se soulève seul. Il a besoin de leaders. Au Gabon, l’opposition politique semble avoir un autre agenda vis-à-vis du régime que celui que voudrait lui dicter le peuple. Personne ne peut nier que de 1990 à nos jours, le peuple gabonais a souvent et toujours répondu présent lors des grandes batailles pour l’alternance au Gabon, jusqu’en à payer le prix fort.
Cependant, il y a comme un jeu de complicité et de duplicité entre le régime, l’opposition et la puissance coloniale qu’est la France. Un jeu où chacune de ces trois entités trouve son compte et tire son épingle du jeu tout en dupant le peuple pris pour un analphabète politique et le dindon de la farce.
Dès l’annonce de l’incapacité d’Ali Bongo à poursuivre son mandat à la tête du pays, l’opposition, ou les oppositions, avec elles la société civile, s’étaient disputés le monopole d’appeler à la vacance du pouvoir et la mise et en mouvement de l’article 13 de la Constitution afin d’aller à une élection anticipée. Ça c’était pour l’opposition dite « électoraliste » qui s’était même empressée de mettre en place une nouvelle coalition qui excluait Jean Ping et ses gens.
De son côté, Jean Ping et son équipe se sont également mobilisés pour, dans un premier temps, appeler au rassemblement. Son appel ne trouvant pas preneur, il a musclé son discours en transformant sa main tendue en coup de poing non sans appeler à la confrontation. Toutes ces agitations, ces manifestations ont suscité au sein du peuple un nouveau réveil pour de nouvelles luttes qui devaient aboutir à l’éclatement de la vérité sur l’état réel de la santé d’Ali Bongo et la ruée vers l’alternance… Mais c’était sans compter avec Paris qui, après avoir sous-traité au Maroc la souveraineté du Gabon, tirait les ficelles dans le noir. Il semble qu’elle aurait vertement demandé aux opposants de ravaler leurs ambitions et de laisser Mborantsuo régenter le pays sous le contrôle du roi du Maroc. Aussitôt l’opposition « électoraliste » se camoufla dans un silence complice alors que Jean Ping profita de son discours de vœux à la Nation pour mettre de l’eau dans son vin. Rien à voir avec celui qu’il avait prononcé quelques jours plus tôt lors de la mémorable rencontre à son QG…
C’est dans ce climat de morosité au sein de l’opposition et de positionnement au sein du régime entre le clan qui tient le cabinet et celui qui tient les armes qu’est survenue la tentative de coup de force de Kelly Ondo Obiang et ses compagnons. Là aussi, l’opposition, ou les oppositions firent encore preuve d’indifférence. Puant la trouille, elles n’avaient d’autre choix, que de se taire afin de montrer patte blanche à Paris. Une aubaine pour le régime qui a compris qu’en face il n’y a rien, sinon une bande de trouillards prêts à décamper dès que le bord de mer ou Paris éternuent.
C’est dans cet élan que ce régime mesquin et intraitable s’est même amusé à mettre la main sur les jeunes militants du mouvement des jeunes de l’Union nationale, Firmin Ollo’o Obiang, Ballack Obame et compagnie, le lundi 21 janvier dernier. Comme seule réaction, l’UN a pondu un communiqué laconique signé par son secrétaire exécutif, Minault Maxime Zima Ebeyard. Seulement ça ? La question qui se pose ici de facto est de savoir si on peut à la fois être bourgeois et mener une lutte de libération contre un système auquel on a appartenu ou auquel on appartient encore dans le noir, système qui leur a fourni ou continue de leur fournir le lait et le miel.
Avec du recul, on est en droit de se poser la question aujourd’hui si l’actuelle opposition ne continue pas à flirter avec le régime dont il est issu afin de le préserver d’une mort brutale par des éléments incontrôlés du peuple qui ne doivent rien à ce système luciféren. Sinon qu’est-ce qui justifie aujourd’hui que des gens qui disent vouloir prendre le pouvoir pour le peuple et au nom du peuple laissent transpirer un niveau de trouille faisant de Kelly Ondo Obiang un héros national ? Comment des gens, qui disent qu’Ali Bongo serait mort ou encore ne peut plus diriger, font comme si le même Ali Bongo était encore là à les terroriser matin, midi, soir ? Peut-on vouloir prendre le pouvoir et avoir peur d’un mort ou d’un inapte ? Visiblement, soit l’actuelle opposition n’est pas prête à prendre le pouvoir, alors à ce moment qu’une nouvelle classe politique s’organise et que les jeunes cadres qui accompagnent ces leaders en ce moment comprennent qu’ils perdent leur temps et qu’ils prennent leur indépendance pour une recomposition de l’opposition en vue d’une vraie alternance qui mettrait un terme au système Bongo soutenu à bout de bras par une France impérialiste.

 

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