Renvoyé au vestiaire (comité des sages du PDG) par BOA, son « ami », en raison de son impopularité et ses faits d’armes qui ont plus affaibli le parti à Oyem, Eboué se lance vers la dernière grande bataille politique de sa vie : devenir sénateur du département du Woleu (Oyem). Rêve ou réalité ?
Son objectif politique est clair : conquérir un poste qui lui permettra, comme par le passé, de sévir à nouveau dans le PDG-Oyem (Woleu-Ntem) contre tous ceux et celles qui ont cru, depuis sa sortie de la présidence comme SG en 2011, qu’il était déjà fini. Une « remontada » qui permettrait, par le plus pur des hasards, au « prince de Ndamva’a » de casser, du même coup, des jeunes loups ajéviens qui croient lui ravir son « titre foncier » à Oyem. Mais la bataille s’annonce difficile et rude et l’issue presqu’incertaine pour lui.
Un collège électoral hors de portée
La réforme constitutionnelle de janvier 2018 a significativement réduit le nombre de sénateurs au Gabon, passant de 102 à 52 aujourd’hui. La conséquence est que le siège de député devient très prisé. Le sénateur devient celui de la Commune (Oyem centre) et du Département (Woleu). Pour être élu, comme c’est le cas d’ici la fin de l’année ou début 2020, il faut avoir la majorité des conseillers municipaux et départementaux. Le nouveau collège électoral avoisine les 70 conseillers en tout. Or, aussi bien politiquement que mathématiquement, ce collège électoral d’un genre nouveau s’avère hors de portée pour le « prince de Ndamva’a ».
En effet, la commune et le département se partagent presque le même nombre de conseillers. Ces derniers appartiennent, on le sait, à divers courant politiques : PDG, AJEV, Opposition (UN et autres), Indépendants. Pour le cas de la seule mouvance PDG, et rien que dans la commune, Eboué est mal parti. Sur la trentaine de conseillers municipaux, il ne contrôlerait même pas une dizaine, à proprement parler. Ensuite il y a l’Union Nationale avec Willy Mbeng notamment, qui aurait dans les deux arrondissements 4 à 7 conseillers, suivi de l’AJEV au premier arrondissement (3/4 conseillers) et de la transfuge de l’opposition Estelle Ondo qui aurait 4 conseillers sous son influence. D’autres acteurs politiques, loin de porter le « prince de Ndamva’a » dans leurs cœurs comme l’ancienne ministre du travail Christiane Bitoughat, le DG d’EDF-Toutelec Parfait Duffy Bibang, le SGA du PDG chargé de l’UJPDG Marius Assoumou Ndong ont aussi leur mot d’ordre à donner à certains Conseillers et parents qui sont des conseillers municipaux. Au final, loin d’un front anti Eboué, le constat est que ce dernier se risque dans une bataille politique très incertaine pour lui. Tant les « jeunes » et «vieux anti » Eboué sont aux aguets et bien placés pour se défaire de lui. Et Il le sait pourtant bien.
Dans tout cela, le « vrai faiseur » de roi est le patron du « Grand Oyem », Renaud Allogo Akoué, ci-devant DG de la CNAMGS ; le vrai sponsor du PDG à Oyem et dans tout le département. Du Maire central en passant par le Fédéral PDG de la Commune, avec un grand nombre (majoritaire) de conseillers municipaux PDG-AJEV et départementaux (cantons Kyé, Nyé, Woleu, Elelem), il tient les uns et les autres. C’est le le pendant de Tony Ondo (Bitam) à Oyem, pour le compte du DCPR. C’est lui qui a géré la tournée de ce dernier à Nkoum-Ekiegn. Et pas Eboué. Un crime de lèse-majesté impardonnable. Surnommé durant la campagne électoral « tête de liste », c’est lui qui tient le fichier en main, car il détient aussi, pour l’instant, les cordons de la bourse. Il est l’un des premiers à avoir Eboué en estime, étant entendu qu’en réalité, il ne vise pas à devenir pas Sénateur (rien n’est à exclure), mais le grand patron politique de ce vaste territoire (grand Oyem, c’est-à-dire la Commune et le Département). Une ambition qui l’a amené à casser la ministre Estelle Ondo qui, sans véritable base aujourd’hui, et privé des moyens qu’elle tirait de sa fonction de ministre, a rejoint Eboué pour un duo politique de « dupes ». Très certainement, elle en fera, à moyen et long terme, les frais. Elle joue avec le vieux roublard politique du coin.
Un strapontin pour se venger de tous
Le poste de sénateur du Woleu n’est pas simple. Grand vivier électoral dans la perspective de la présidentielle à venir par anticipation, son heureux gagnant risque fort d’avoir une place de choix au bureau du Sénat (vu que les PDGistes du Grand nord n’ont pas de grand poste institutionnel actuellement). Ce qui pourrait aussi le faire monter en grade dans la hiérarchie du parti. Eboué joue donc gros dans cette ultime bataille, car il pourrait se voir noyer au plus profond du Woleu. L’adversité est grande. Les jeunes loups aux dents longues qui profite de la mainmise sur le protocole pour, bien souvent, le ranger comme un vieux « machin » à la tribune officielle d’Oyem, ou encore le faire poiroter à la Maison du Parti à Oyem, en tenant ouvertement des discours contestant son « bilan » et son hégémonie d’antan. Mieux, cette nouvelle génération l’invite à se retirer de la vie politique pour lui laisser la place. L’AVC de BOA tombe comme une cruelle malchance pour lui, à la fois pour avoir les moyens de battre campagne, pour acheter des conseillers affamés, mais aussi pour avoir le soutien même du Parti (investiture) afin de briguer ce poste de sénateur du Département du Woleu. Après avoir mis au placard, à tort ou à raison, plusieurs cadres de la ville (comme les Minsta mi Eya, Nguema Obiang, le défunt Gabi, Fabien Owono Essone, Jean Pierre Minsta, etc.), il se bat dans un ultime combat pour ne pas subir le sort qu’il avait réservé aux autres. Le « dinosaure », surnom que ses rares derniers proches lui ont donné pour vanter ses capacités destructrices, risque de sortir de la vie politique d’Oyem par la petite porte.