La plate-forme politique « Ensemble pour le Gabon » d’Alain Claude Bilie-by-Nze a donné un point de presse à Libreville (hôtel Etoile d’or au quartier London), le 28 octobre 2024. Intitulé à « A la croisée des chemins », cette rencontre avec les journalistes avait pour but non seulement de faire une analyse froide sur le processus qui a abouti à l’adoption du projet de Constitution du CTRI, mais aussi de donner un mot d’ordre de vote pour le prochain référendum, à savoir le « vote non » et les raisons de ce vote, car pour lui, le document contient des des « dispositions conflictogènes. »
En pleine ambiance de précampagne référendaire pour l’adoption de la nouvelle Constitution, l’ancien Premier ministre Alain Claude Bilie-by-Nze, président de la plate-forme politique « Ensemble pour la République » est encore sorti du bois pour dénoncer hautement, ce qu’il considère comme étant des dérives du CTRI. Et de dire « De nouveau, je m’adresse à vous ce lundi 28 octobre 2024, soit un peu plus d’un mois après ma première prise de parole, c’était le 26 septembre dernier, à l’occasion de la sortie officielle de la plate-forme « Ensemble Pour le Gabon ». Ce jour-là, j’alertais l’opinion sur les graves dangers que faisait peser sur la Nation le projet de texte constitutionnel proposé et porté par le CTRI.
Si je prends la parole cette fois-ci, une semaine jour pour jour après la publication du texte présenté comme définitif, c’est pour vous dire que, comme nous le soupçonnions, le général Président et ses compagnons ont tout osé, ils ont franchi le Rubicon. En un mot, ils n’ont écouté personne, préférant, à la faveur de quelques rafistolages de type cosmétique, garder, dans son essence, le pernicieux projet de constitution querellé. » Il regrette que le CTRI ait balayé d’un revers de la main, « toutes les propositions qui ont été faites de suspendre le processus en cours, pour que, dans une dynamique d’ensemble, les dispositions conflictogènes y contenues soient revues et corrigées, afin que le climat s’apaise et que triomphe le consensus, dans l’intérêt bien compris de notre cher pays, le Gabon. »
Pour l’orateur du jour, le patron du CTRI n’a d’oreille que « son appétence immodérée pour le pouvoir et sa dévorante ambition d’être le futur président élu du Gabon, malgré les facteurs bloquants qui ne sauraient l’y autoriser, le général Président en a décidé autrement en choisissant, ce faisant, de conduire le Gabon et son peuple sur les chemins dangereux et escarpés de l’incertitude.
Face à ce choix hasardeux et risqué, il est indispensable que celles et ceux qui, comme moi, croient que le changement véritable est encore possible, ne se résignent pas. Ils se doivent, plus que jamais, d’être habités par une inébranlable détermination, sachant que la victoire de l’État de droit ne sera possible qu’en rejetant massivement ce projet lors du référendum du 16 novembre prochain. Ainsi, sera mise hors d’état de nuire, une constitution taillée sur mesure et cousue de fil blanc.
En procédant de la sorte, nous mettrons en échec un plan machiavélique, dont la réussite ferait de la Transition un rendez-vous manqué avec l’histoire, notre histoire. En conséquence, il importe de redoubler d’efforts et de vigilance pour atteindre cet objectif patriotique et républicain.
Mais avant que d’aller plus avant dans mon propos, il me semble Judicieux d’indiquer, à l’attention de tous et de chacun, que, depuis le Coup d’État du 30 août 2023, le général. Le Président et ses compagnons, profitant de l’enthousiasme, souvent émotionnel, qui en a résulté, et aux de fins de mieux tromper les Gabonaises et les Gabonais, essaient malicieusement de faire passer pour un « coup de libération », un acte qui, au regard de la loi, n’est rien d’autre qu’un crime imprescriptible contre le peuple gabonais dont les droits fondamentaux ont été violés.
Que l’on ne s’y méprenne pas. En aucune façon, l’irruption des militaires sur la scène politique, même si elle s’est faite sans effusion de sang, ne saurait être tenue pour salvatrice car un crime reste un crime !… »
Pour l’ancien Premier ministre, si le patron du CTRI et ses hommes avaient bien voulu faire les choses, ils n’allaient pas se constituer en force militaro-politique usurpateur du pouvoir politique et bloquer la volonté d’alternance des gabonais, mais plutôt demandé au CGE au matin du 30 août 2023, de dire qui était le vrai vainqueur de la présidentielle. Pour cela : « il eût suffi, les résultats donnés par le Centre Gabonais des Élections (CGE) ayant été qualifiés de « tronqués », de demander à cet organisme de publier les véritables résultats.
Par cette démarche, c’est tout naturellement que le vainqueur du scrutin du 23 août 2023 aurait été rétabli dans ses droits, une façon de respecter la volonté du peuple exprimée dans les urnes.
De ce scénario, le général Président n’en a pas voulu, préférant nous présenter une mascarade entre oncle et neveu. Des considérations tribalo-ethniques dont, vous vous en doutez, ne saurait s’accommoder la République. Or, il est évident que si la logique démocratique avait prévalu, le fauteuil présidentiel serait aujourd’hui occupé par la personne idoine. Ce qui aurait témoigné de ce que l’armée, dans ses différentes composantes, aurait pleinement joué, en la circonstance, son rôle de juge de paix. »
Mais l’ancien PM trouve que cela était impossible, pour cause : « car diamétralement opposé à l’option arrêtée dès la conception du coup d’État par certains éléments des forces de défense et de sécurité gabonaises. Pour eux, il s’agissait tout simplement de flouer le peuple en lui faisant croire que, grâce à son intervention du 30 août 2023, des vies de Gabonaises et de Gabonais avaient été épargnées. Même s’il est vrai qu’à ce jour, la menace qui planait n’a toujours pas été clairement identifiée et montrée au peuple. »
Ne pouvant s’arrêter en si bon chemin, Alain Claude Bilie-by-Nze rappelle au CTRI que des tueries ont tout de même alimenté les différentes crises électorales : « Face au silence ainsi affiché, faut-il croire que ces « sauveurs auto-proclamés » ont, comme par enchantement, oublié que les morts et les blessés qu’on a dénombré lors des différentes crises post-électorales n’ont jamais été le fait d’affrontements entre civils ? D’où peut-être le mal qu’ils éprouvent à faire leur mea culpa en mémoire de toutes les victimes.
En disant cela, mon intention n’est nullement de mettre en accusation qui que ce soit, rien ne m’y autorise du reste. Mon unique ambition est de rappeler aux auteurs et autres instigateurs du coup d’État du 30 août 2023, que nous étions tous dans le même bateau, obéissant tous au même chef. »
Après ce constat froid, l’ancien PM arrive à la conclusion que « Au vu des différentes séquences qui ont ponctué jusqu’alors le déroulement de la Transition, il apparait de manière incontestable que le coup d’État du 30 août 2023 n’est pas le fruit du hasard ; il n’est rien d’autre qu’un vaste complot ourdi contre le Gabon et son peuple. En effet, en intervenant dans le champ politique, le général Président savait pertinemment que le coup d’État qu’il était en train de perpétrer n’avait pas vocation à libérer le Gabon et son peuple, et qu’il relevait d’autres motivations qui consistaient en l’accaparement du pouvoir et en sa confiscation.
Dans ce contexte, toutes les belles paroles qui ont entouré cet évènement relevaient de la rhétorique propre à ce type de situation. Il fallait flatter les Gabonaises et les Gabonais, et même la communauté internationale, afin qu’ils adhèrent à la prétendue nouvelle donne générée par l’acte posé le 30 août 2023.
Se situant dans cette optique falsificatrice, le général Président n’avait donc aucune difficulté, à l’occasion de son investiture le 4 septembre 2023, à affirmer devant Dieu, devant les hommes et devant la Communauté internationale, qu’il remettrait le pouvoir aux civils au terme de la Transition. Pourtant, il savait très bien, au moment où il prononçait ces paroles, que cette promesse ne serait pas tenue. En effet, il avait signé, le 2 septembre 2023, soit deux jours avant son investiture, la Charte de la Transition qui, en certaines de ses dispositions, rendait sans objet cet engagement. De ce fait, il avait conclu avec le peuple gabonais un marché de dupes !
Ainsi, tout avait été programmé pour que le général Président soit, parmi les personnes ayant œuvré à la Transition, la seule à pouvoir briguer les suffrages des Gabonaises et des Gabonais. Cette vision est confirmée par la constitution aujourd’hui soumise à référendum… »
Le patron d’ « Ensemble pour le Gabon » va tomber à bras raccourcis sur le CTRI dont il constate l’absence de son statut juridique : « …ce véritable gouvernement fantôme qui dirige le Gabon, avec la particularité que ses membres n’ont ni visage, ni nom. Et que dire de cet État dans l’État disposant d’un budget qui lui est propre, sans que l’on sache quelles ressources l’alimentent. Dans tous les cas, dans le Gabon d’aujourd’hui, c’est cette entité qui décide en dernier ressort.
Du reste, sa prééminence a été, tout récemment encore, démontrée par son intervention dans l’examen du projet final de la constitution. Et l’on veut nous faire croire qu’avec pareil manquement, c’est la légalité et la démocratie qui sortent grandies. Bien sûr que non. Il ne saurait en être ainsi. »
Conséquence de tout ceci : « Le nouveau monde que l’on nous dessine pourrait être bien pire que l’ancien si nous n’y prenons garde. Puisqu’ils ont été incapables de produire le changement attendu, il nous revient à nous, peuple gabonais, d’y pourvoir en disant nettement et massivement « non » au référendum du16 novembre 2024. Ne nous abstenons pas. Allons tous voter ! Saisissons cette occasion pour faire tomber les masques. Nous disposons, avec notre bulletin de vote, de l’arme fatale pour les faire plier et les obliger à tenir compte de nos aspirations profondes à un changement véritable. »
Rendez-vous le 16 novembre 2024 prochain.
GPA