Deux syndicats affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), le Synaret (Syndicat national des retraités du parapublic et du privé) et l’UATC (Union des anciens travailleurs retraités de la CNSS), ont tenu ce jeudi 28 octobre 2021 un point de presse dans les locaux de la Cosyga, au quartier Batavéa. Au centre de cette déclaration, une interpellation faite aux autorités compétentes à réagir contre le népotisme et la gabegie qui caractérisent la gestion actuelle de la CNSS et les risques de faillite qu’elles font courir à cette entreprise parapublique.
Edouard Nguema, président du Synaret et porte-parole des deux syndicats, a, d’entrée de jeu, dénoncé la situation chaotique qui prévaut dans la branche des pensions et d’assurance vieillesse, l’une des missions dévolues à la CNSS, mais dont cette dernière peine de plus en plus à donner satisfaction. « Il y a quelques années, au bout de 45 jours, vous aviez votre pension liquidée. Par contre, aujourd’hui, il faut attendre un an, voire trois ans pour que votre pension soit liquidée », a-t-il regretté. Une situation dans laquelle de nombreux retraités sont morts par des maladies que leurs pensions retraites auraient permis de soigner, par exemple.
Au nombre des problèmes qui minent la bonne gestion de la CNSS, les syndicalistes ont ponté du doigt le népotisme et la gabegie qui y règnent. Alors que la CNSS s’est séparée de 1 200 agents sur un effectif de 2 200 employés lors de la fermeture en 2013 de ses hôpitaux qu’on disait être des gouffres à sous, qu’est-ce qui expliquerait qu’aujourd’hui cet effectif soit repassé à 2 600 agents, soit une augmentation de plus de 1 000 agents avec un ratio d’1 poste pour trois agents ? Une question à laquelle la tutelle, le Conseil d’administration et la direction générale devraient apporter des réponses (nous y reviendrons dans nos prochaines publications). Pour Edouard Nguema et les siens, « les conséquences des ces nominations hasardeuses, irréfléchies et parentales plongent la CNSS dans une situation financière désastreuse et abyssale, empirant quotidiennement en causant ainsi une psychose insoutenable chez les retraités… ».
La gabegie, quant à elle, se traduit déjà par des salaires incestueux dont jouissent certains cadres de la CNSS tel que nous l’avons découvert dernièrement dans les réseaux sociaux. Pourtant, ceux-là mêmes qui ont cotisé toute leur vie, une fois retraités, deviennent des maltraités comme ils aiment à le dire eux-mêmes. Pire est le montant évalué en milliards de francs cfa investi par la CNSS dans des marchés de gré à gré pour la construction de bâtiments dont les travaux ne sont jamais arrivés à leur terme. « C’est le cas au quartier Matanda, à Port-Gentil, pour la construction d’un siège provincial et dont le coût du marché est de 5 500 047 237 Fcfa, avance perçue 2 494 345 460 Fcfa, travaux inachevés. Toujours à Port-Gentil, construction d’un immeuble commercial à usage locatif R+2, coût du marché 4 023 238 954 Fcfa, avance perçue par l’entreprise Faricha 2 952 416 639 Fcfa, travaux inachevés. L’immeuble R+8 de la direction générale au départ R+3, coût des travaux : 4 milliards, ensuite arrive un nouveau directeur général qui transforme le R+3 en R+8 sans tenir compte des études géotechniques, coût du marché : 16 milliards, l’immeuble est inexploitable… », ont déploré les retraités.
Au regard de ce que les deux syndicats ont qualifié de désordre ambiant au sein de la CNSS, ils proposent un audit pour faire la lumière sur les sommes si importantes décaissées et ils exigent le retour à la grille salariale de 1998 qui englobe tous les agents, même ceux de la direction.
Des vœux pieux émis sans grande conviction, car selon les syndicalistes, « la tutelle, dès l’instant qu’elle a perçu ses 300 millions annuels, elle se fout éperdument de la santé financière et administrative de la CNSS. Elle donne l’impression de ne pas être concernée par les problèmes qui minent la CNSS ».
Vous avez bien lu, la ministre Prisca Koho Nlend palpe la bagatelle de 300 millions par an venant des caisses de la CNSS. Il semble que c’est son Coca à elle. Ses prédécesseurs touchaient jusqu’à 400 millions. La CNSS, une vraie mangeoire à ciel ouvert !