Alors que le Gabon connaît une tendance baissière en ce qui concerne la propagation de la Covid-19, on découvre, grandeur nature, combien et comment elle a semé la mort chez nous. Parmi ces morts, il y a ceux qui attrapent la maladie jusqu’à ce que mort s’ensuive, soit parce que la prise en charge s’est faite tard, soit parce qu’ils avaient des comorbidités. Les seconds sont les morts économiques.
Dès l’arrivée du Coronavirus, le Gabon, contrairement à d’autres pays d’Afrique, a fait les choix sanitaire et militaire de lutter spécifiquement contre cette pandémie en marginalisant les libertés individuelles, en fermant les structures économiques et en ignorant le social. Sur le plan sanitaire, Guy Patrick Obiang Ndong, alias Monsieur Covid-19, s’était donné comme mission de compter pour nous le nombre de cas dépistés, ceux hospitalisés, précisant même le nombre de ceux qui sont en réanimation et enfin le nombre de morts. On sait, par exemple, que pour la journée du mercredi 28 avril, sur 8 504 tests réalisés, nous avons eu 250 nouveaux cas, 217 guérisons, zéro décès et 21 cas en réanimation. Nombre de décès depuis le début de la pandémie : 138. Sauf que, sur la même période, le gouvernement ne dit rien sur le nombre de morts du sida, du paludisme, de la tuberculose… Combien sont morts de faim, de dépression, d’abandon ?
Mais combien au Gabon sont ceux qui souffrent socialement de cette pandémie dans l’indifférence du gouvernement ? Inutile de faire un dessin. Les conditions de vie de plus de la moitié des Gabonais se sont dégradées. Le chômage et la pauvreté se sont accentués, prenant ainsi le pas sur la solidarité et la charité, même au niveau familial. Jamais le « chacun pour soi, Dieu ou la providence pour tous » n’a ainsi trouvé de beaux jours au Gabon. Seule la haute classe trouve son compte dans cette affaire, menant une vie de grand luxe, à l’exemple du braconnier émergent Faustin Boukoubi qui est allé faire étalage de sa fortune aux obsèques du vieux Fidèle Andjoua à qui il doit son retour grâce au sein du régime. Pour le Gabonais moyen, c’est à peine qu’il tente de joindre les deux bouts aussi bien pour lui-même que pour sa famille. Que dire du Gabonais d’en bas ? Il tente de survivre au jour le jour en faisant confiance à la providence. Il y en a même qui sont obligés d’aller fouiller les décharges publiques dans l’espoir d’y trouver la pitance pour eux-mêmes et leurs enfants.
Il y a enfin la situation des entreprises, notamment des PME-PMI et tous les petits opérateurs du secteur informel qui, quoi qu’on fasse, ne retrouveront jamais leur santé financière d’avant Covid-19. D’autres, ayant mis la clé sous le paillasson, ne rouvriront plus jamais, faute de moyens. L’Etat lui-même ne recouvrira peut-être jamais sa fiscalité des années ante-Covid, sinon, très difficilement.
En bref, le coût de la Covid-19 pour un Gabonais est très élevé. Mieux que de calculer les chiffres, il suffit de totaliser les aides et prêts reçus par le Gabon, de le diviser par le nombre d’habitants, puis de comparer ce chiffre à celui d’autres pays pour savoir à quel niveau se situe le Gabon dans les dépenses de la riposte contre la Covid-19.
Le gouvernement peut se réjouir, sur le plan sanitaire, du succès et de la place occupée par notre pays dans cette lutte. Ce qu’il ne dit pas, c’est le montant que cela a coûté par personne physique ou morale et de mesurer l’efficience en comparaison à d’autres pays, à l’exemple du Cameroun à côté, du Bénin ou du Sénégal qui, soit n’ont pas confiné ou ont très peu confiné en termes de délais. De ce calcul sortiront des conclusions qui risquent de mettre en cause ou de conforter la stratégie du gouvernement pour la riposte contre la Covid-19.