Beaucoup veulent bien le dissuader, mais un petit groupe de gens dans son entourage immédiat à la présidence de la République continue à convaincre l’actuel chef de l’Etat de persister à briguer à nouveau la magistrature suprême. Sans que ces collaborateurs, sans cursus politique étoffé, songent eux-mêmes à tenir compte de leur poids réel sur l’échiquier politique national et de l’ombre nuisible qu’ils font à des soutiens plus solides pour le chef dans la perspective des batailles politiques à venir.
Entre le confort et la puissance conférés par des positions occupées grâce au bic discrétionnaire du chef, le charisme et la notoriété qui ne vont qu’avec un vécu politique certain, construit après de longues années d’épreuves et d’expériences politiques assumées, il y a un fossé parfois abyssal que des collaborateurs immatures d’Ali Bongo Ondimba feignent d’ignorer. Pour combien de temps ?
De la même manière que l’on ne saurait cacher la lune avec la main, il serait très hasardeux de croire que des promotions auprès du chef, par des voies ne tenant pas toujours compte de la compétence et de l’expérience, vont donner à Ian Ghislain Ngoulou, Yann Koubdjè, Fabrice Andjoua Bongo Ondimba, Max Oboumandjogo, alias Massassi, et autre Pablo Escobar Jessye Ella Ekogha l’aura et la lumière pour les sortir d’affaire par la voie des urnes dans un peu moins de huit mois seulement.
De Libreville à Port-Gentil, en passant par Lambaréné et Tchibanga, on ne voit pas très bien comment, sans que ces ados pubères, à défaut de s’aligner derrière ces aînés ou d’accepter d’apprendre à leur contact, vont contraindre les Jean-Pierre Oyiba, Idriss Ngari, Paul Toungui, Léonard Andjembè, Richard-Auguste Onouviet, Mbene Mayer Berthe, Doupambi Matoka, les Mboumbou Miyakou, Ngoyo Moussavou, le clan Issozet Ngondet, Blaise Louembet, Régis Imongault, Michel Essonghé ou René Ndemezo’Obiang à se mettre sous leur coupe pour soutenir solidairement la candidature de l’enfant-roi, le candidat naturel en 2023.
Nouveaux riches et arrogants, ces jeunes gens, à l’avenir politique en pointillés, pensent que, forts de leur enrichissement plus ou moins licite, ils peuvent en imposer à tous ces gens qui en ont vu d’autres. Erreur !
La gestion d’une élection présidentielle est très complexe au Gabon. L’argent y tiendrait même une place marginale, le ras-de-bol de la gestion des Bongo étant manifeste dans toutes les provinces du pays. Les vrais résultats sortis des urnes en 1993, 2005, 2009 et 2016 peuvent en attester. Même pour d’autres scrutins accessoires comme la législative et les locales, on aimerait bien voir les « ados pubères » du bord-de-mer se confronter au suffrage direct lors des prochaines échéances. Il serait, de ce point de vue, aussi intéressant de voir quelles pourraient être les performances de Sylvia Bongo au premier arrondissement de Libreville et de son fils Noureddin Bongo Valentin à Bongoville, à la place de sa grande sœur, s’ils choisissent finalement, comme rien ne les en empêche, d’aller directement au contact des électeurs l’année prochaine. Simone Gbagbo n’était-elle pas députée en Côte d’Ivoire et Michel Gbagbo présent dans l’arène ?
Pablo Escobar, malgré tout son argent, pourrait-il s’imposer demain à Ndemezo’Obiang ou à Mbele Asseko aussi facilement que l’avait fait Tony Ondo-Mba hier ? Ntoutoume-Leclerq va-t-elle définitivement mettre sous l’éteignoir Biyoghe-Mba, Julien Nkoghe Bekale ou Adrien Nkoghe-Essingone ? Il nous reste suffisamment de temps pour le savoir.
Paul Moussounda