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Recomposition de la scène politique au Gabon : UDB ou la faillite des anciens partis

Visiblement, le Gabon non seulement est à un tournant déterminant de son histoire, mais aussi, à voir les choses évoluer, les acteurs politiques se sont pratiquement mis à plat ventre pour se laisser dicter leur destin dans un monde où ils sont pourtant les principaux acteurs. Mais pour avoir fait preuve de peur et de lâcheté durant e le règne des Bongo, les voilà en train d’en payer le prix…

Au moment où Oligui Nguema a fomenté son coup d’Etat, trois grands partis d’opposition se partagent la scène politique, à savoir le RPM, l’UN et Les LD. A ces grands partis s’ajoutent des partis historiques, ou de moindre facture, comme le PSD, les Morena, le RPG, le PGP… Nombre de ces partis n’existaient que pour le luxe d’être un parti pour prendre part au débat. Rien de plus !..
Mais avec le recul que permet le temps, on s’est tout de suite rendu compte de deux choses. La première est que les partis ne survivent jamais à la mort ou au retrait de leur leader de la scène politique. Qu’est devenu le PGP suite au décès de Me Pierre Louis Agondjo Okawé ? L’UPG suite au décès de Pierre Mamboundou ? L’USG suite au décès de Serge Mba Bekale ? Le CDJ suite au décès de Jules Aristide Bourdès Ogouliguende ? Le PGCI suite au décès de Mgr Jérôme Okinda et le retrait de Lemboumba de la scène politique ? Le RPG suite au retrait du père Paul Mba Abessole ?
La deuxième chose est que les partis politiques au Gabon ne se sont jamais donné une vraie stratégie de prise du pouvoir. Le leader qui pouvait battre les Bongo jurait ne compter que sur la vérité des urnes et clamait sa non-violence. Or, comment compter sur la vérité des urnes à l’époque si la voix de Paris comptait pour 50 % et que les armes du régime pouvaient faire le reste ? Jusqu’où pouvait aller la non-violence de l’opposition face à la violence d’Etat ? Conséquence, l’opposition gabonaise s’est réduite à se contenter de deux présidents. Le président élu, reclus dans sa résidence, et le président régnant qui avait le vrai pouvoir et dirigeait l’Etat. Seul Mba Abessole, aidé par ses deux généraux, feus André Eyeghe et Simon Mengome Atome, avait réellement secoué le régime en 1994. Inquiété, Paris avait donné de la voix et demandé à Mba Abessole de calmer son monde. La suite nous la connaissons.
Passé l’épisode de février 1994, le Gabon nous a offert une autre image, celle d’un candidat de l’opposition à chaque élection. Ainsi, en 1998, on tourne la page Mba Abessole pour faire place à Pierre Mamboundou. En 2009, c’est un ancien idéologue du régime Bongo-PDG qui a fait irruption au sein de l’opposition et obtenu le soutien du peuple, André Mba Obame. En 2016, Jean Ping, lui aussi un dissident du régime PDG, bat Ali Bongo, mais dut non seulement voir de nombreux Gabonais être tués à son QG, mais également se contenter du statut de président élu… Puis 2023 avec, cette fois-ci et à la surprise générale, un candidat indépendant face à un Ali Bongo devenu moribond, Albert Ondo Ossa. Soutenu par des lourds comme Barro Chambrier, Paulette Missambo, Raymond Ndong Sima et consorts, Ondo Ossa s’est vu être victime d’un double coup d’Etat, celui d’Ali Bongo qui a été freiné par Oligui Nguema désormais au pouvoir.
Et pourtant, la classe politique de l’opposition aurait été bien avisée, après le coup d’Etat militaro-électoral de 1994, à la suite de la présidentielle de décembre 1993, de mettre une stratégie d’ensemble en place, celle de présenter un seul et même candidat contre celui du régime. Malheureusement, d’autres facteurs ont prévalu et qui ont participé à affaiblir la lutte au sein de l’opposition. Comment donc s’étonner de ce que nous voyons aujourd’hui ?
Que vont devenir des symboles de 1990 comme Benoît Mouity Nzamba, Luc Bengono Nsi, Pierre André Kombila et d’autres reliques de seconde zone comme Anselme Nzoghe, Berthe Mbene Mayer, Marie Rose Melighe-me-Ngwa, Pierre Claver Maganga Moussavou ? Parce qu’ils ont été, pour beaucoup, dans la lutte pour la libération du Gabon, on devra leur ménager une porte de sortie honorable au moment où le Gabon est en train d’écrire une nouvelle page de son histoire politique autour de quelqu’un qui peut être leur fils ou leur petit-fils.

Jean Molière Epondoma

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