C’est une question à double sens. Les PDGistes, pour séduire les électeurs, demandent à ces derniers ce qu’ont fait les opposants pour le pays. A notre tour, nous demandons aux PDGistes ce qu’ont font les opposants pour les diaboliser ainsi.
La présente campagne électorale pour les législatives couplées au locales est du pain béni pour les candidats du PDG, une vraie aubaine pour casser du sucre sur le dos des opposants, pour les vilipender, les honnir, les persifler, les accabler de tous les péchés d’Israël, etc. En lieu et place d’un bilan de leurs cinquante ans de gestion du pays, en lieu et place d’un projet de société viable et attrayant à proposer aux électeurs, les PDGistes n’auront que l’insulte, l’invective, les imprécations envers les opposants, coupables, selon leur sentence, d’avoir pillé le Gabon.
Soit ! A ces adeptes de la vaticination on rappelle que le peuple gabonais, qu’on caresse en disant qu’il n’est plus dupe, n’a jamais adoubé les opposants actuels en tant qu’indemnes de la mauvaise situation du Gabon aujourd’hui. D’ailleurs, eux-mêmes n’oseraient pas se draper d’une quelconque virginité dans la gestion quasi patrimoniale du pays avec Obo. Au contraire, ils sont assez honnêtes et humbles pour reconnaître que « …si, à un moment, nous avons été le problème, aujourd’hui, nous voulons faire partie de la solution ». Ils sont même allés plus loin en avouant que « …certes, certains d’entre nous se sont servis dans les caisses de l’Etat, à la cuiller, mais ceux-ci c’est à la pelle qu’ils y puisent… ».
C’est donc sur cette vague que les PDGistes en campagne aujourd’hui surfent pour séduire l’électorat. Tout le débat est donc là. Les PDGistes ne sollicitent pas les suffrages des électeurs pour améliorer les conditions de vie de ces derniers, mais pour concurrencer leurs devanciers de l’ère Obo. Et comme en politique il n’y a pas de morale et que tous les coups sont permis, ils profitent de leur position au pouvoir pour exhumer de vieux dossiers compromettants, monter des histoires salaces, inventer de grotesques calembredaines, fomenter de grossiers mensonges, ressusciter des bourdes, caricaturer les portraits juste pour salir et discréditer leurs pourtant frères opposants gabonais. Qu’ont-ils fait d’aussi mal hier que leurs accusateurs devant le peuple aujourd’hui n’ont pas, eux aussi, fait ?
Cette opposition compte au moins trois anciens Premiers ministres, d’anciens ministres, de hauts commis de l’Etat. Même si, à l’instar de feu Léon Mebiame qui avait déclaré, à juste titre, qu’il n’avait gouverné, les Oye Mba, Ntoutoume Emane, Biyoghe-bi-Mba, Eyeghe-Ndong n’exerçaient effectivement pas le vrai pouvoir (il est de notoriété nationale que ce sont les Bongo seuls qui régentent ce pays depuis cinquante ans), ils ne peuvent pas nier qu’ils détiennent eux aussi de petits secrets sur ceux qui les vilipendent aujourd’hui. Toutes les grosses fortunes de ceux qui sont restés fidèles au pouvoir n’ont tout de même pas été acquises à la seule force du poignet.
On comprend qu’en brandissant l’épouvantail du sulfureux passé des opposants, les tenants du pouvoir ont le beau rôle de les tenir par la barbichette au point de faire plier des durs comme Menga-m’Essone ou Moukagni-Iwangou. Mais en réalité, tous ont péché. Sauf que le PDG a le pouvoir de sanctionner. Ce qui a le don d’effrayer et de ramollir les autres. Sinon, en matière de pillage du Gabon, de mauvaise gouvernance, les serviteurs du « père » n’ont pas fait pire que ceux du « fils ».