Nommé le 12 janvier et entré en fonction trois jours plus tard, à la suite d’une cérémonie controversée de prestation de serment, le gouvernement Julien Nkoghe Bekale I, juste deux semaines plus tard, vient de reconnaître ses premières erreurs de casting. Mais, en réalité, qui a réellement procédé à ce casting et sur quels critères, pour s’en déjuger aujourd’hui, avant même que tous les membres du gouvernement aient pris pleinement leurs fonctions ? Les regards se tournent vers madame la régente !
Les tenants du pouvoir actuels peuvent tout dire et multiplier les manigances pour essayer de rassurer, de distraire ou pour gagner du temps (pour faire quoi ?), le peuple gabonais reste sceptique quant aux décisions prises, aux intentions réelles logées derrière celles-ci et à l’identité des décideurs.
La dernière décision en date est celle de virer du gouvernement trois de ses membres et non des moindres : Etienne Massard, ministre d’État, ministre de la Défense nationale et de la Sécurité du territoire ; Ali Akbar Onanga y’Obeghe, ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Alimentation, chargé du programme Graine et Christian Magnagna, ministre de la Valorisation et de l’Industrialisation des ressources minières. Et si on se souvient que ces trois ministres, très proches du président putschiste Ali Bongo Ondimba, sont aussi des transfuges des gouvernements d’Issozet Ngondet qui ont brillé par leur immobilisme et une gestion pathétique de l’information autour de l’état de santé d’Ali Bongo, par exemple, on comprend que leur éviction n’émeut personne. Par contre, l’ascension fulgurante de l’ancienne mairesse de Libreville au poste de ministre d’État, ministre de la Défense nationale et de la Sécurité du territoire semble retenir davantage l’attention des Gabonais, car n’ayant pas encore dévoilé le dessein poursuivi.
Ces remaniements découlent, selon le Premier ministre, chef du gouvernement, d’un décret signé du chef de l’Etat, toujours en convalescence au Maroc suite à un AVC subi à Riyad, en Arabie Saoudite le 24 octobre 2018. Que s’est-il alors passé pour que le même chef de l’Etat, qui a reconduit ces trois ministres pourtant très proches de lui, se rende compte de son erreur sans même les avoir vus à l’œuvre sous la houlette du nouveau Premier ministre et décide, depuis le Maroc, de les éjecter de l’équipe gouvernementale juste quinze jours après ?
Primo, ou tous les décrets qui sont attribués à Ali Bongo ne sont en réalité pondus que par un groupuscule très restreint de personnes qui ont décidé de prendre le Gabon en otage et à jouer les ‘’demi-dieux’’. Mais avec tous les déçus issus de leurs expérimentations, ils pourraient bientôt être identifiés et avoir à rendre des comptes au peuple gabonais.
Secundo, ou, effectivement, Ali Bongo signe lui-même ces actes de nominations-destitutions sous la dictée d’un marionnettiste mais sans avoir totalement connaissance du contenu de ces documents. Ce qui, d’ailleurs, pourrait l’amener à revenir sur ses décisions juste quelques jours après leur prise, à moins que ce soit un autre marionnettiste qui vienne saborder son précédent.
Avec tous les enfumages cinématographiques qui entourent aujourd’hui toutes les sorties officielles du chef de l’Etat gabonais jusqu’aux décrets dont seuls les lecteurs savent par qui ils sont signés, il semble qu’Ali Bongo n’est plus aux commandes de son pays. Seule la déclaration de la vacance du pouvoir semble salvatrice pour le peuple gabonais. Mais pour en arriver là, il y a une petite bande de marionnettes qui jurent qu’il faudra d’abord passer sur leurs corps.