Réunis le samedi 14 décembre 2019 à Mouila (Ngounié, sud du pays) avec ses partisans pour leur rentrée politique, le président des Démocrates Guy Nzouba Ndama, a proposé à ABO la dissolution de l’Assemblée nationale et la formation, au pas de charge, d’un gouvernement restreint. Des propositions qui non seulement relance les interrogations sur le positionnement de son parti, mais surtout paraissent peuvent envisageables pour le régime lui-même.
Constat de crise multiforme du pays
Dans son discours, Nzouba Ndama, ex baron du régime Bongo passé à l’opposition à l’occasion de la présidentielle de 2016, a fait le constat d’un pays en pleine difficulté : crise économique avec ses effets sociaux (chômage, pauvreté), crise politique caractérisé ces derniers mois par des « dérapages constitutionnels » occasionnés par l’ex Directeur de cabinet de BOA Brice Laccruche Alihanga, et par-dessus tout, la cohésion nationale en ruine.
Solutions
Pour y faire face, le président des Démocrates a recommandé ABO deux mesures inédites. La première est la dissolution de l’actuelle Assemblée nationale, la deuxième est la formation d’un nouveau gouvernement « restreint ». Sur la première proposition, Nzouba Ndama estime qu’il faut réconcilier les gabonais avec les institutions et la classe politique. Ce qui exige de renouveler le parlement en lui dotant d’une fraicheur populaire et démocratique nouvelle que seules de nouvelles élections peuvent garantir. Concernant le deuxième volet, ce gouvernement « restreint » aura notamment pour mission de « relancer l’économie, moraliser la vie publique sur fond d’éloge à l’honnêteté, au goût de l’effort, et au mérite dans les promotions relatives à la gestion des affaires publiques ».
Une suite peu probable…
Les solutions du président des Démocrates cachent-elles quelque chose ? En effet, depuis 2018, la posture des Démocrates n’a pas souvent été claire avec les autres partis dits de l’opposition radicale. Et pour cause, le parti avait très tôt signifié son désaccord avec l’approche postélectorale du Président élu Jean Ping, et aux législatives et locales d’octobre 2018, Les Démocrates avaient fait des alliances jugées ici et là de contre nature (alliance avec le PDG dans plusieurs circonscriptions contre d’autres formations politiques de l’opposition comme le RHM à Mouila). Du coup d’aucun voient dans ses éléments de langage de Nzouba Ndama un discours de préparation de l’opinion à l’entrée des Démocrates dans un gouvernement PDG. Surtout que la rumeur ne date pas d’aujourd’hui. Le Parti dispose du seul groupe parlement de l’opposition à l’Assemblée nationale.
Le vrai obstacle provient des solutions préconisées elles-mêmes. Le PDG, malgré l’infiltration de l’AJEV, ne peut prendre le risque de dissoudre une Assemblée nationale monocolore qui lui appartient pour aller se risquer à la « remontada » de l’opposition en 2020. Un tel scrutin pourrait dangereusement servir de test pour la présidentielle de 2023. Ensuite, l’idée d’un gouvernement restreint pour réconcilier les Gabonais dans lequel on, retrouverait l’opposition, la société civile et les syndicats parait peu évidente dans le contexte actuel où BOA ne veut aucun dialogue et se prépare plutôt à renforcer la répression pour faciliter son plan de conservation et de transmission très probable de pouvoir à un potentiel dauphin au regard de son état de santé.