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La chronique politique de Guy Nang Bekale/La transition CTRI pour le renouveau du Gabon

Nous sommes partisans d’une planification pluriannuelle des grands projets de transformation du Gabon dans tous les domaines et secteurs d’activités : politique, économique, social, culturel. Les maux et les difficultés qui gênent la vie des Gabonais sont si nombreux que même si l’on détermine les priorités, il faut beaucoup de temps et énormément d’argent pour les résoudre. Rappelons quelques actions et projets gouvernementaux qui peuvent être intégrés dans les programmes de politique publique à court, moyen et long termes.

 Qualité et conditions de vie

Dire que la vie est chère au Gabon est un truisme. Les prestations, services et produits marchands coûtent excessivement cher au Gabon. Dans certaines statistiques internationales de 2020, Libreville était classée parmi les villes les plus chères de l’Afrique. Sur le marché des produits de consommation courante du cru, l’on serait tenté de croire que les prix sont fixés de façon fantaisiste, sans logique et sans se référer aux us et pratiques comptables. Les prix du kilogramme de riz, de poisson, de viande, du paquet de sucre, du carton de poulet, de cotis, de queue, du litre d’huile varient suivant le commerçant, le quartier ou la localité.
En plus de la formation et de la fixation anarchique des prix des produits marchands, il y a les multiples taxes et frais ajoutés sur les coûts de certains services et prestations en formes d’amendes, de contraventions, d’agios bancaires, etc. Tous les clients et consommateurs, salariés ou retraités, qui ont sollicité un crédit bancaire se sont rendu compte des formalités et tracasseries multiples ainsi que des surcoûts appliqués aux sommes réellement empruntées. On espère qu’au moment où le CTRI décrète la bancarisation de l’ensemble des revenus, les pensions comprises, les experts financiers ont pris en considération le fait réel qu’il y a encore des établissements financiers qui sont mal organisés et des retraités très affaiblis qui se déplacent péniblement. Cela est perceptible les jours et dates de grandes affluences quand les comptoirs sont bondés et que les guichets de retrait des espèces par cartes sont saturés ou ne sont pas approvisionnés en billets. Les crédits bancaires ne sont pas seulement longs à obtenir, mais ils sont aussi abusivement coûteux. Les taux d’intérêt sont très très élevés pour tous les types de crédits d’investissement pour la construction ou l’équipement, de la consommation, de la rentrée scolaire…
Au Gabon, la TVA s’applique aveuglément sur tout et touche toutes les catégories de consommateurs : entreprises, salariés, chômeurs, jeunes et vieux et, indubitablement, la bancarisation aura des effets multiples et variés. Elle baissera les avoirs des clients par le paiement d’agios, de frais de gestion des comptes et des cartes bancaires. Elle pourrait aussi sensiblement modifier le comportement de consommateur des personnes concernées en freinant faiblement la vitesse de circulation de l’argent liquide et en impactant timidement sur l’évolution des prix. D’où la nécessité d’encadrer et de veiller sur les pratiques commerciales et les équilibres financiers des agents économiques.
Il fut un temps où le crédit accordé par la Société gabonaise de crédit automobile (Sogaca) pour l’achat d’un véhicule était plus facile et plus rapide à obtenir que celui d’une banque commerciale pour la construction d’une habitation, la consommation et le petit équipement ménager. Bâtir un plan de relance de l’économie par la consommation ou l’investissement sera toujours un casse-tête pour un gouvernement gabonais. Il faut faciliter l’accès des citoyens de bonne moralité au crédit.

Voies de communication

L’état du réseau routier urbain et des routes nationales est une catastrophe. La majorité des routes publiques sont crevassées comme des cratères provoqués par des explosions de bombes. L’eau de pluie qui y stagne provoque et augmente les risques d’accidents. Une vidéo a montré un camion chargé de marchandises se renverser sur le tronçon Bifoun/Ebel Abanga, un parcours devenu si dangereux et si piteux qu’il suscite la colère de nombreux citoyens riverains, voyageurs et chauffeurs. A Libreville, « tout est à refaire ». Il n’y a pas de parkings aménagés comme dans les autres capitales des pays de la sous-région. Les automobilistes sont financièrement sanctionnés pour des stationnements dits interdits ou irréguliers qui immobilisent des véhicules par l’utilisation de « sabots » par les policiers, pour non détention d’extincteur ou de visite technique dans une ville où les rues sont pleines de gros « nids-de-poule » qui endommagent les châssis, les tuyaux d’échappement et les armatures des moteurs des voitures de tous les gabarits et catégories. Cependant, les plus vieilles obtiennent aisément des autorisations de circuler, pourvu que leurs propriétaires s’acquittent du prix de la prestation pour obtenir des documents qui attestent que la voiture est en bon état, donc apte à circuler.
Ceux qui ont fait de la « visite technique et de l’extincteur » des éléments obligatoires pour qu’un véhicule circule au Gabon sont soit des irresponsables plaisantins, soit des médiocres investisseurs et commerçants. La visite technique, qui a pour objet d’attester qu’un véhicule est en parfait état, est devenue un produit marchand qui est absent dans les localités de l’intérieur. Dans les villes et entre les villes du pays circulent de vieilles guimbardes et autres tacots de transport en commun des voyageurs et des marchandises en qualité de taxis, taxis-bus et autocars qui sont victimes, ici et là, de pannes ou d’accidents mortels dans les villes et en pleine forêt provoqués par le mauvais état des routes.
Il faut une planification des projets pour donner aux villes une allure moderne avec l’éclairage public, des voiries décentes, une adduction et une fourniture généralisée et permanente d’eau potable.

  Identité nationale

Le trop plein d’étrangers. Depuis des années, j’attire l’attention des pouvoirs publics sur le nombre trop élevé d’immigrés au Gabon que je qualifie de « bombe à retardement ». Dans ce domaine, le CTRI doit prendre des décisions fermes en tenant compte des relations du Gabon avec les pays dits amis et frères. Les étrangers en provenance de tous les continents et, particulièrement, de l’Afrique de l’ouest ont envahi le Gabon qui se transforme progressivement en zone de peuplement dont la finalité est la création d’un Etat dirigé par des non-Gabonais. Une politique rationnelle et sélective d’immigration doit être méthodiquement mise en œuvre avec fermeté. Les Gabonais d’origine sont menacés de disparition et de remplacement par des étrangers. A l’immigration provoquée naguère par l’appât du gain et l’attrait de la fortune s’ajoute actuellement celle de la recherche de résidence pour sédentarisation qui se concrétise par la construction d’imposants immeubles.

La sécurité d’un pays est dévolue aux forces armées

Le Gabon, à l’instar des autres pays africains anciennement colonisés, ne peut pas se défendre seul face aux attaques de puissants pays. C’est en cela que le panafricanisme devient un projet vital pour tous les pays et peuples du continent. Les sanctions et les pressions de la Communauté internationale sur le CTRI  sont de nature à provoquer une situation intenable entre le peuple, les différentes forces socio-politiques et nos forces armées. Le CTRI est placé entre le peuple gabonais et la Communauté internationale. A un moment donné, les militaires seront obligés de choisir entre servir loyalement les Gabonais, pour les mettre à l’abri de la domination, ou se ranger du côté de la Communauté internationale pour sécuriser leur pouvoir. Les étrangers seront toujours les bienvenus au Gabon, à condition de respecter ses lois, règlements, coutumes et pratiques.

Energie  et l’eau

L’un des projets d’avenir durable du Gabon est l’électrification de tout le pays avec l’énergie solaire. On pourra aussi se lancer dans des barrages dans un pays comportant de nombreux fleuves et rivières. Le montage de ce projet peut se faire en étroite relation avec le réaménagement du réseau routier national et des voiries urbaines. Quant à l’eau, l’on devrait privilégier l’approvisionnement en eaux de surface et installer des stations de traitement calibrées et adaptées suivant les localisations des populations à travers le territoire.

Logement

Le schéma de financement doit comporter un volet subvention de l’Etat qui compléterait une part d’auto-financement de l’acquéreur. La politique du gouvernement ne doit pas consister à vouloir construire des logements pour tous les Gabonais, mais de combiner l’offre des habitations aux citoyens aux conditions de vie précaires avec la liberté pour les autres de choisir l’emplacement de leur logement sur leur parcelle de terrain ou sur celle mise à disposition par les services de l’Etat. Un système de crédits aux conditions douces accompagnerait cette politique. Dans toutes les provinces, l’Etat doit renforcer les services spécialisés dans l’aménagement des parcelles viabilisées à mettre à la disposition de demandeurs solvables. Le CTRI doit dicter une procédure simplifiée et rapide d’octroi des titres et droits fonciers en exigeant la transformation de tous les « décrets provisoires d’attribution » des parcelles non frauduleux en titres de propriété définitifs.

Emploi et chômage

Il ne s’agit pas de parler uniquement de l’emploi et du chômage, mais d’établir désormais une forte relation entre les statuts de salariat et de l’entrepreneuriat pour créer des revenus et de la richesse. Dans une phase de restauration comme celle que nous traversons actuellement, l’Etat doit trouver des moyens pour lancer une nouvelle classe d’hommes d’affaires nationaux dans ces secteurs porteurs. C’est eux qui, théoriquement, aideraient en retour l’Etat à juguler le chômage, car la fonction publique n’a pas pour vocation d’embaucher tous les chômeurs.

Le village, une institution à restaurer

Le village est l’une des institutions à redynamiser énergiquement. C’est dans les villages où sont, entre autres, produits l’infime quantité des aliments que les citadins consomment. Il faut redéfinir une politique de réorganisation des villages. Dans une tribune intitulée : « Libreville 2 : la vraie fausse bonne idée du président du CTRI », parue dans Gabon intelligent, son auteur, Monsieur Yvan Cédric Nze, écrit : « le Gabon doit lutter pour améliorer sa sécurité alimentaire et réduire sa dépendance extérieure. Comment y parvenir, s’interroge-t-il, si l’on vide constamment l’intérieur du pays pour remplir la capitale ? Il n’est pas question de délégitimer l’action du CTRI, mais de souligner l’urgence de rendre l’intérieur du pays attractif… Soyons humains ! Qui peut partir vivre à Mabanda de bon cœur sans boulangerie moderne…et aucune structure hospitalière décente… ? La priorité doit être l’aménagement équilibré du territoire ». Certes, l’auteur évoque principalement les disparités entre Libreville, la capitale, et les villes de l’intérieur tandis que nous signalons la situation des villages qui sont souvent implantés à proximité des villes.
Après la transition, la nouvelle politique du nouvel Etat gabonais doit être transparente, crédible, rationnelle et juste pour tous.

 

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