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République du Moyen-Ogooué/Nominations au sein des délégations spéciales : Encore et toujours les mêmes travers de l’ancien régime

Le Délégué spécial de la Commune de Lambaréné, l’étoilé Auguste-Roger Bibaye Itandas.

Notre dernière virée à Lambaréné nous a fait constater combien la frustration est à son comble au sein des deux arrondissements de la ville. En effet, les dernières nominations des délégations spéciales ont eu le mérite de réveiller les vieux démons du repli identitaire. La forte présence de la communauté galoa, pourtant la moins nombreuse, et la faible représentation de la communauté fang, pourtant la plus nombreuse, suscitent déjà la levée des boucliers, notamment chez les radicaux d’Adouma encore marginalisés lors du partage du « gibier » local par le CTRI…

Il faut déjà rappeler que le maire sortant de la commune de Lambaréné était un Galoa d’Atongowanga, militant du PDG. Sa gestion aura été une véritable catastrophe. C’est d’ailleurs ce genre de dossier qui devrait intéresser la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. Mais qui a dit que Mbou poursuit ses beaux-frères ?
Cependant, si la logique veut voulu que ce soit effectivement un militaire qui arrive à l’hôtel de ville pour ce temps de la transition, afin que les Fang s’y installent après les prochaines élections (car ils vont s’y installer), la nomination du général (cinq étoiles) Auguste Roger Bibaye Itandas (officier de grande valeur) pèche à deux niveaux. Au premier niveau, il s’agit d’un Galoa d’Atongowanga qui succède à un autre Galoa, le délinquant camarade Jean Justin Maury Ngowemandji que le CTRI vient de nommer à la CNAMGS. Une sorte de prime au banditisme payée rubis sur l’ongle par le CTRI. Ainsi, le CTRI a, lui aussi, décidé de s’inscrire dans la continuité ethnique. Au deuxième niveau, bien que militaire à la retraite, le général avait librement accepté d’adhérer au PDG et s’était même présenté sur la liste des locales aux dernières élections. On conclut donc que le PDG n’a pas perdu la mairie qui est toujours entre les mains des Galoa pédégistes d’Atongowanga…
Il y a un danger ici en ce sens que les municipalités vont jouer un rôle déterminant dans la préparation des prochaines élections. En mettant entre les mains du seul PDG le contrôle de l’hôtel de ville de Lambaréné, le CTRI envoie un message brouillé à ceux qui, jusqu’au matin du 30 août 2023, se battaient et luttaient pour que le PDG dégage aussi bien à Lambaréné que dans le reste du Gabon. Et lorsqu’on connaît l’amour pour la fraude des cadres de ce parti, on peut imaginer ce qu’ils vont mijoter durant le temps de la transition… Le seul avantage que l’on peut tirer de cette réalité, c’est que la lutte n’est pas terminée. Loin de là !
A la rive droite, si le délégué spécial Auguste Roger Bibaye Itandas a réussi à faire nommer son ami et camarade du PDG, le colonel à la retraite Jean Ndzime Nze, comme premier demi-délégué spécial au premier arrondissement, le CTRI a chassé le camarade Roger Ekomi Ndong Male pour nommer le général Ogandaga Bimbyo, un Galoa lui aussi. Il sera secondé par un illustre inconnu venant des lacs du sud, Yvon Nguema.

A Adouma et Abongo on crie au scandale

La frustration est grande en ce moment en pays fang à Lambaréné, notamment dans les zones d’Adouma et Abongo. Pour cerner l’expression de cette frustration, il faut comprendre le découpage géopolitique naturel de la ville qui se compose en trois arrondissements politiques de fait. Il y a la rive gauche, avec Isaac, l’île où se trouve le sanctuaire des Galoa (Atongowanga) et la rive droite avec le mythique sanctuaire des Fang (Adouma).
Ainsi, alors que la mairie du premier arrondissement se trouve à la rive droite, aucun digne fils de leur zone ou de leur communauté n’a trouvé grâce aux yeux de ceux qui ont motivé les fameuses nominations. Ce qui va inéluctablement alimenter la controverse dans les prochains jours, les cadres d’Adouma et Abongo préparant en ce moment, depuis Libreville, une descente politique dont on peut bien imaginer le contenu des discours… D’ailleurs, si on fait le récapitulatif pour le premier arrondissement qui comprend la rive droite et l’île, les Galoa se taillent la part du lion en plaçant quatre cadres sur sept, dont quatre (le délégué spécial, le troisième et le quatrième adjoints) sur cinq à l’hôtel de ville et un sur deux à la mairie du premier arrondissement. Ils ne représentent que 03 % de la population. Les Akèlè, un seul délégué en la personne de dame Rachel Aguiazagou. Les Fang, qui représentent le gros de la troupe (47 %), se retrouvent avec deux membre seulement, soit un sur cinq à l’hôtel de ville, à égalité avec les Akèlè, et un demi-délégué en pays fang, au premier arrondissement. Le pauvre Yvon Nguema arrive en terrain hostile. Il gagnerait même à refuser s’il est un peu courageux, car sa communauté le prend déjà pour un lâche… Il n’est pas acceptable qu’une seule communauté, qui ne fait pas le poids sur le plan démographique, s’accapare aussi bien de l’hôtel de ville que de la mairie du premier arrondissement. Tout comme il est inacceptable, pour ne pas dire humiliant, que ce soit des gens qui viennent d’ailleurs qui viennent administrer des communautés qu’ils ne connaissent ni d’Adam ni d’Eve.
Au deuxième arrondissement, il y a eu une sorte de Yalta entre anciens amis qui se regardaient avant les dernières élections en chiens de faïence. En effet, le général Edouard Aboule (nommé délégué spécial) arrive en politique dans l’écurie du Dr Séraphin Akure Davain. Mais il s’est fait choper par le camarade Roger Ekomi Ndong Male qui lui a fait signer la fiche d’adhésion au PDG avant les dernières élections. Sauf qu’il a comme adjoint son ancien partenaire Jean Djembi qui, lui, est resté fidèle à Séraphin Akure. Djembi Jean est le seul représentant de la diaspora sudiste à Lambaréné où ils sont assez nombreux aujourd’hui au deuxième arrondissement avec la communauté fang.
Comme on le voit, en faisant les choses de manière aussi cavalière à Lambaréné et, principalement, au premier arrondissement, le CTRI a planté, sans le savoir, les germes d’un repli identitaire dont les conséquences risquent de se faire jour lors des prochaines élections générales.

GPA

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