L’actualité politique, très riche en ce début du mois de mars 2022, est marquée par plusieurs événements dont le discours de Monsieur Ping Jean aux Gabonais, son interview à la TV France 24, les rencontres des membres de la CNR à leur ancien quartier général et la tournée politique du parti 7 MP à Lambaréné. Ces actions sont placées sous le signe de la lutte démocratique pour la reconnaissance de la victoire de Ping et de son accession au pouvoir.
Ali a été battu à l’élection présidentielle de 2016. Cependant, il a été frauduleusement installé à la direction du pays. Que le peuple continue à réclamer la reconnaissance et la légalisation de son vote, dont le but était de dégager Ali pour confier son destin à Ping, est normal, compréhensible et légitime.
Tous les acteurs, observateurs, analystes politiques locaux et internationaux savent que Monsieur Jean Ping est un diplomate chevronné. Cela se traduit par son attitude calme, sa patience, sa modération, sa retenue et son permanent self-control. Aussi, de nombreux compatriotes, tant de l’opposition que du pouvoir, ont quelque peu été surpris par son ton et ses propos à la fois modérés et rassembleurs, lors du discours à la nation, mais fermes et durs au cours de son entretien avec le journaliste de France 24. Ces deux attitudes sont la conséquence du déni de justice dont font montre les autorités électorales en tête desquelles la Cour constitutionnelle qui devait, dès 2016, proclamer la victoire de Ping, mais qui, après avoir examiné le recours de l’opposant en annulation de la décision en faveur d’Ali, n’a pas daigné appliquer la loi en recomptant les bulletins de la province du Haut-Ogooué et en invitant les électeurs du deuxième arrondissement de Libreville à un nouveau vote suite à l’annulation des résultats de 21 bureaux de cette circonscription. Les électeurs de ces bureaux sont en droit de manifester leur mécontentement parce que privés de leur droit civique et civil. Il apparaît ainsi que tous les citoyens régulièrement inscrits sur la liste électorale n’ont pas participé à la présidentielle de 2016. En conséquence de cela, la Cour constitutionnelle doit se mettre en demeure de revenir sur sa décision pour examiner ces deux manquements.
Aucun argument ne peut et ne doit priver un groupe de citoyens de leurs privilèges. La victoire et la défaite sont soumises à la même considération. Elles ne pourrissent pas et ne se transforment pas en leur contraire à cause du temps qui passe. Une victoire reste durablement une victoire et une défaite l’est pour longtemps. Le vainqueur d’un scrutin le demeure dans la durée. Depuis 2016 et aujourd’hui encore, c’est Jean Ping le président élu, mais c’est Ali, le perdant, qui a été proclamé victorieux.
La demande populaire de la reconnaissance de la victoire d’un candidat à une élection majeure ne doit souffrir d’aucune hésitation. Il en va de la sécurité, de la tranquillité, de la paix des populations et de la confiance à leurs institutions républicaines. A l’approche de 2023, le Gabon a besoin de paix, mais pas d’élections qui seraient porteuses de désordre et de non-paix. Au moment où certains pays de l’Afrique et du monde sont en crise, il faut éviter que le Gabon et l’Afrique centrale sombrent dans le désordre et la violence.
Le Gabon a besoin de sérénité. Cette dernière passe par la justice, par l’installation de Ping au pouvoir et par une véritable réconciliation des Gabonais qui doit commencer et qui a pour préalable la réconciliation de la Cour constitutionnelle avec le peuple gabonais. Cette réconciliation a pour fondement la reconnaissance du pouvoir souverain des Gabonais qui est logé dans son vote pour la victoire de Jean Ping. Il est inconcevable que cette reconnaissance soit problématique alors que les faits, les données, les arguments objectifs et impartiaux sont favorables au retour à l’examen de la vérité des résultats de la présidentielle de 2016.
Rappelons la réaction à la fois fallacieuse et insipide du gouvernement aux propos de Ping ; réaction qui contient en filigrane les menaces et la gêne, la crainte, l’aveu de sa forfaiture de 2016 qui a été mise en évidence par des actes d’une violence inouïe.
Guy Nang Bekale