Une chose est certaine, les Gabonais sont très dégoûtés et malheureux parce qu’impuissants. Ils ont conscience que leur pays, leur bien, leur échappe et se trouve sous l’emprise d’autrui malfaisants et perfides qui le contrôlent et le gouvernent par la ruse et la violence. Face à cela, ils n’ont aucune perspective de le reprendre par des moyens démocratiques.
Au moment où tous les pays sont déstabilisés par le Covid, à ce dernier s’ajoute au Gabon une grave crise politico-institutionnelle que les occupants du pouvoir d’Etat sont incapables de résoudre du fait de la corruption des instances officielles en charge de la justice, de la sécurité et de l’administration des citoyens. Un pays dont la justice, la liberté, la vérité et la religion sont moquées ne peut pas se prévaloir de la démocratie et ne peut guère connaître le progrès qui est le résultat positif de l’universelle loi du mouvement qui s’impose à l’humanité.
Peuple gabonais, je n’écris pas pour passer le temps, mais pour témoigner de la réalité de notre époque avec pour finalité d’en transmettre, le plus fidèlement possible, ses bribes de vérité, « sans contrefaçons », aux compatriotes patriotes des temps à venir ; en partant du fait qu’indubitablement, il s’est passé des choses inexplicables, inimaginables et inacceptables pendant plusieurs décennies dans ce beau, paisible et minuscule riche pays appelé Gabon par la faute d’hommes porteurs d’un nom : Bongo, qui avait le même nombre de lettres, cinq, que notre pays et dont l’anagramme est Gobon. Ils ont perverti et désolé le pays, embrigadé notre peuple et ses dignes représentants cadres et intellectuels pendant plus d’un demi-siècle dans le PDG-émergent. Incapables de comprendre les enjeux d’un pays et les besoins d’un peuple sortis de la colonisation et de la néo colonisation, les Bongo, par ignorance et vanité, ont ouvert le Gabon à l’infamie, se sont érigés en propriétaires du pays en se faisant passer pour des dieux.
La folie provoquée par l’ivresse du pouvoir leur a fait croire que l’éternité était de ce monde
Elle les a poussés à se convaincre qu’ils étaient immortels comme Dieu. Mais Dieu ne demeure pas sur terre. Il flotte en état d’apesanteur, caché dans les nuées. Leurs règnes ont été une détestable catastrophe et leurs fins d’une pitoyable laideur. Pour avoir eu 54 ans de pouvoir sans alternance, doublé d’un évident et détestable manque de sagesse, d’intelligence et d’amour, le PDG-Bongo-émergent et ses comparses sont les principaux et indiscutables comptables-responsables de la désolation du Gabon. Une société noire africaine où les strates, les catégories et les références traditionnelles que sont les personnes âgées, qui incarnent la sagesse, l’espoir et l’avenir portés la jeunesse, l’intelligence, la compétence et l’expérience des agents publics et privés, le respect du peuple et des institutions ne sont plus visibles, est vouée à toutes les perfidies, à tous les médiocres stratagèmes, à la décadence et à la disparition.
Aujourd’hui, le Gabon n’existe que de nom. Tous ses symboles et indicateurs patriotiques et républicains sont bafoués, méprisés et maudits. Son hymne, La Concorde, s’est muée en discorde, sa devise, Union-Travail-Justice, devient Division-Repos-Violence et à son drapeau Vert-Jaune-Bleu, il faut désormais ajouter une tâche rouge sang. Que dire de la Constitution qui a été transformée en un « cahier de roulement pour maisons closes » ?
La gouvernance, la politique et l’Etat gabonais, ou ce qui en reste, sont privatisés et placés sous le contrôle des agents de l’étranger. Combien de Gabonais sont salariés, dirigeants ou actionnaires dans les secteurs économiques et des services stratégiques ? Qui sont les investisseurs présents dans les communications, les banques, les assurances, les chaînes de distribution commerciales, l’exploitation de la forêt, de l’or, etc. ? Qui gèrent les ports, la zone industrielle de Nkok, le territoire maritime, l’aéroport de Libreville, le chemin de fer, etc. ? Le pouvoir d’Etat et l’économie gabonaise sont sous tutelle.
Le Gabon est envahi par des étrangers qui viennent de toutes les régions de la planète pour y faire rapidement et abondamment fortune. Où sont les milliardaires gabonais ? Que font-ils de leurs fortunes, où les placent-ils ? Les autochtones de chaque pays du monde doivent détenir un pan de l’économie nationale pour former une classe d’hommes d’affaires constitutive d’une bourgeoise locale. Tant que les Gabonais ne seront pas significativement présents dans un secteur important des activités économiques, aucun gouvernement de la République ne pourra jamais confectionner un véritable plan de redressement ou de relance économique porteur du progrès social. Tous les projets et actions qui seront entrepris dans le contexte socio-politique, économique et financier actuel, caractérisé par un pouvoir illégitime, par des détournements des deniers publics, par le bricolage démocratique et des violations de la loi sont voués à l’échec et ne seront que slogans, vue de l’esprit et perte de temps. Qu’ils se nomment émergence du Gabon, égalité des chances, accélération de la transformation ou autrement.
L’excessif endettement du Gabon et l’énorme service de la dette réduisent la marge de financement de l’Etat dont les tenants ne laissent entrevoir aucune perspective de sortie de la spirale de la dette qui les oblige, lors de la confection de chaque budget, à recourir à un nouvel endettement pour rembourser le capital et les intérêts exigibles. Cette situation est aggravée, d’une part, par le laxisme des institutions financières internationales qui continuent à soutenir une équipe gouvernementale en flagrant état d’échec, indisciplinée, sans talent et, d’autre part, par la non affectation des ressources aux actions annoncées auxquelles on donne des dénominations fantaisistes. La gestion du Covid-19 a clairement et honteusement mis en évidence l’amateurisme et les contradictions du gouvernement gabonais dans ses choix et ses prises de position qui ne reposent, pour beaucoup, sur aucune base et/ou référence juridiques.
Un ensemble de décisions liberticides ont été imposées aux Gabonais sans explications simples ou rationnelles accompagnées, comme l’a constaté et regretté le père Paul Mba Abessole, de débats publics contradictoires sur le Covid entre les experts des questions de santé, entre les citoyens favorables et opposés au vaccin, aux tests, au confinement et au couvre-feu.
Les gabonais ont pris connaissance des divisions et des heurts que le Covid a fait naître à travers le monde
Certains spécialistes vont jusqu’à affirmer que le masque ne sert à rien, que le vaccin n’en est pas un, mais une expérimentation qui provoque des dégâts à l’organisme humain. Un jour, le gouvernement parle de la gratuité des tests Covid, Ali Bongo déclare que le vaccin ne sera pas obligatoire et son ministre de la Santé ajoute qu’il sera volontaire, quelques temps après, le test est payant, le vaccin est obligatoire, le couvre-feu est maintenu, prolongé. Les traitements réservés aux vaccinés et aux non vaccinés sont portés à la connaissance des populations. L’accès dans certains lieux publics est conditionné par la présentation d’un pass sanitaire : test PCR en cours de validité ou une attestation de vaccination ; dans d’autres lieux, l’accès est libre, à l’instar des magasins d’alimentation, des pharmacies, des hôpitaux. C’est une véritable hérésie de rendre payant un test PCR répétitif dont la validité est de 14 jours au prix de 20 000 francs. Le comble du ridicule est que le couvre-feu ne s’applique plus aux personnes vaccinées. Pourtant, nombre de spécialistes démontrent que les vaccinés peuvent contaminer les non vaccinés. Par précaution, peut-être que vaut-il mieux se faire vacciner. Qui sait ?…
Nous avons été informés, par les réseaux sociaux, sans données précises, de l’interdiction de traverser l’estuaire du Gabon parce que le roi du Maroc, dont certains internautes affirment qu’il a placé le Gabon sous son autorité, séjournait à la Pointe-Denis. Si cette information est avérée, c’est que les gouvernants ne dirigent plus le Gabon, mais uniquement Libreville et ses environs immédiats.
Quand un Etat est composé à majorité de femmes et d’hommes dont certains sont binationaux ou adoptifs, l’amour du pays et du peuple baisse en eux pour faire place à l’amour de l’argent et des honneurs. L’existence d’un grand nombre de nécessiteux et de pauvres parmi les Gabonais, l’absence de soldats ayant une formation patriotique, un professionnalisme et un mental de justicier et la violence d’Etat contribuent à retarder la prise de conscience nationale et des initiatives qui permettent à un peuple de défendre ses droits humains et démocratiques.