Coup de tonnerre à Ndjamena ! Contre toute attente, un communiqué du gouvernement tchadien a mis un terme à l’accord de défense signé avec Paris. Le chef de la diplomatie tchadienne a simplement indiqué à ce propos que « La France doit considérer que le Tchad a grandi et muri, que le Tchad est un Etat souverain et très jaloux de sa souveraineté. » Par cette décision, oh combien courageuse, le maréchal Mahamat Idriss Déby Itno vient de montrer à Emmanuel Macron parti expressément de l’Elysée pour l’adouber à Ndjamena devant un parterre de chefs d’Etat africains, à la suite de l’assassinat de son père, Idriss Déby Itno, attribué aux terroristes armés et entretenus par l’impérialisme français. Le maréchal Mahamat Idriss Déby Itno a rejoint les généraux Assini Goita du Mali, Abdourahamane Tiani du Niger et le capitaine Ibrahim Traoré Burkina Faso.
Dans notre pays, l’opinion nationale espérait que l’avènement des « corps habillés » au pouvoir permettrait d’affirmer la souveraineté du Gabon et de restaurer la dignité de son peuple. Mais hélas ! Après avoir servi aux Gabonais un Dialogue national aux mesurettes en trompe-l’œil, les hommes en treillis qui revendiquèrent la restauration des Institutions s’illustrent par le replâtrage des Infrastructures. Les mesures de grande importance comme la libération et la dignité du Gabon et de son peuple sont édulcorées. Il est évident que sortir du paternalisme néocolonial exige un parangon de courage politique doublé d’une force psychologique, attributs des hommes d’Etat.
Le courage politique de rupture
C’est ce courage politique qu’ont fait montre les vaillants généraux et capitaine au pouvoir au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Aussi, est-ce avec stupéfaction celui du Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno du Tchad qui vient de dénoncer l’accord de défense de son pays avec la France et d’éjecter son armée du sol tchadien.
Le jeune président Sénégalais Bassirou Diomaye Faye, fraîchement élu s’inscrit dans cette politique de rupture des accords de coopération militaire avec la France. Aussi, est-ce dans ce contexte qu’il a déclaré dans un entretien au journal français Le Monde qu’ « il n’y aura bientôt plus de soldats français » dans son pays. Déjà chassée du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad, l’armée française est en passe d’être « Sans Domicile Fixe (SDF) » dans le pré carré que Paris revendique.
Savourant le putsch du général Brice Clotaire Oligui Nguema, les Gabonais en liesse espéraient que ce dernier incarnerait le courage politique de rupture à l’instar de ses frères d’armes du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad. Toutes les supputations s’orientaient vers la fermeture du « Camp de Gaulle » et le départ des soldats français de notre sol. En outre, spéculaient-ils que cette question devait figurer en bonne place sur la table des dialoguistes de la Commission politique, lors du Dialogue national inclusif. Les Gabonais misaient également sur la fin de la course effrénée derrière les aides au développement, synonyme de mendicité et de candidature volontaire à l’esclavagisme.
Leurs ascendants Mavurulu-ma-Nyonde dit Nyonde-ma-Kite (Nyonda-Makita), Mbombe a Gnangué, Emane Tole, Wongo… ont exprimé un courage psychologique et une féroce détermination malgré leur incapacité à unir leurs forces organisationnelles et spirituelles dans la résistance à la pénétration française.
Leurs descendants en treillis les lieutenants Daniel Mbene, Jacques Mombo et Jean Essono s’armèrent de ce courage pour tenter de libérer le Gabon de la mainmise française. A travers leur putsch de février 1964 qui marque les esprits jusqu’à ce jour, ils voulurent restaurer le parlementarisme que combattait le présidentialiste de Léon Mba Minko sous la dictée de son maître Jacques Foccart, penchant pour l’instauration d’un parti unique. Ce coup d’Etat aurait mérité la dénomination de « coup de libération ».
Le maintien des soldats français en Afrique est un dessein
Depuis les indépendances nominatives de Djibouti, Côte d’Ivoire, Sénégal, Tchad et Gabon, la France, écume le sol des pays francophones à travers une centaine de dizaines de militaires, disséminés ses forces de défense afin de s’assurer une domination géopolitique et géostratégique sur son « pré-carré » et y garantir sa mainmise à la fois politique et économique.
Dans le contexte de la guerre froide, l’impérialisme français justifiait officiellement sa présence en Afrique pour la protéger contre toute menace sécuritaire potentielle. Si, ce narratif farcesque seyait à cette période-là, aujourd’hui, cette présence est jugée inopportun et irrite car depuis la chute du mur de Berlin en 1989 et la dislocation de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) en 1991, l’éventualité des menaces supposées s’est éloignée. Pourtant, la France continue à maintenir ses militaires en Afrique, prétextant souvent qu’ils servent à évacuer les ressortissants français en Afrique en cas de crise. Au nom du principe de réciprocité, ne faut-il pas établir une base militaire gabonaise en France pour procéder à l’évacuation des ressortissants gabonais en France en cas de crise ? La mission réelle de cette présence en Afrique en général et au Gabon en particulier est désormais dévoilée et motivée par le dessein de pillage et d’esclavagisation indéfinie de ses colonies.
A l’évidence, la présence des forces françaises en Afrique n’est pas un projet mais un dessein, un ensemble de combinaisons pour arriver au résultat visé. Notamment le pillage systématique des matières premières dans tout le pré-carré français. Elle fait donc partie intégrante des combinaisons ourdies par de Gaulle et son factotum Jacques Foccart, artisan de la construction du Gabon indécrottable de la France.
Dans le cadre de sa géopolitique, la présence militaire française au Gabon a depuis longtemps servi d’instrument de déstabilisation des pays frères africains. En mémoire, la guerre du Biafra, le différend entre le Gabon d’Omar Bongo et le Benin de Mathieu Kérékou, … j’en passe et des meilleures.
Colère des Africains
Les vagues de contestation populaire, à grande échelle, ponctuées par des manifestations pacifiques observées dans de nombreux pays d’Afrique, démontrent l’exaspération des peuples africains contre la grande opération d’assiègement par la France des coins et recoins de leurs sols. Dans le Sahel par exemple, les peuples, les pouvoirs et les sociétés civiles s’organisent et arrachent progressivement avec efficacité leur souveraineté confisquée par la France.
En Afrique centrale, le frémissement vient du Tchad où le jeune maréchal Mahamat Idriss Déby Itno a emboité le pas à ses frères d’armes du Sahel en sonnant le requiem des troupes françaises dans son pays. Cette décision historique associée aux victoires militaires qu’il engrange contre les terroristes armés par l’Occident pour déstabiliser le continent, lui ont valu d’être hissé au grade de maréchal du Tchad que porta son prédécesseur Idriss Déby Itno.
Le projet de la libération du Gabon des chaines de l’impérialisme voulu par ses ancêtres et béni par Dieu est retardé par la compromission de ses gouvernants vassaux successifs. La libération du Gabon est donc simplement retardée.
La vitrification
Entre l’exigence de sécurité et l’impératif de souveraineté, au nom de l’exigence de souveraineté, Charles De Gaulle a choisi la deuxième posture en chassant les troupes américaines de son pays le 14 mars 1967. Les peuples africains dans leur écrasante majorité dénoncent avec véhémence et réclament avec instance le départ des troupes françaises de leur sol.
Les Gabonais ont rappelé cet impératif de souveraineté lors de leur Dialogue national inclusif, espérant créer une symbiose entre le peuple, le pouvoir et les sociétés civiles en vue d’une décision historique qui donnerait une force politique et spirituelle d’action aux actuels locataires du pouvoir. Mais malheureusement, les Gabonais n’ont eu droit qu’à des mesurettes folkloriques notamment l’autoamnistie et l’autocongratulation constitutionnalisées de la junte d’un putsch qui n’est plus évident à en croire l’un des protagonistes des tombeurs d’Ali Bongo Ondimba, Hervé Patrick Opiangah qui s’est mis au vert, alors que dans le pré carré français l’heure est à l’affirmation de la souveraineté impliquant la fermeture des bases militaires françaises dont celle du Gabon, les Camps de Gaulle et Pompidou. A cet égard, la France croit pouvoir pérenniser sa mainmise par la simple réduction des effectifs de ses bidasses dans son pré-carré. Pour ce faire, Emmanuel Macron a commis Jean Marie Bockel, auprès de ses « gouverneurs locaux » pour leur porter la bonne parole. Mais l’illustre « Messager » fut pris en fragrant délit de mensonge lorsqu’il affirma que les dirigeants du Tchad, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Gabon souhaitaient garder le statu quo.
Avant que Macron n’eut le temps de se frotter les mains, le maréchal du Tchad invita la France à débarrasser le plancher tandis que le numéro un sénégalais menaçait de lui emboîter le pas. Mais au Gabon : silence radio. Alors que la restauration de la dignité des Gabonais impose à la France d’ôter son genou de son cou. Il n’est pas superfétatoire de rappeler que depuis des décennies, la France négrière, esclavagiste, impérialiste et néocoloniale n’a eu de cesse de « vitrifier » directement ou indirectement à travers ses Andocolonats locaux les dignes fils d’Afrique. Le taulard Nicolas Sarkozy vitrifia Laurent Gbagbo pour installer militairement au pouvoir, en Côte-d’Ivoire, son laquais de beau-frère Alassane Ouattara.
La souveraineté et la dignité proclamées par les hommes en treillis au lendemain de leur putsch ne peuvent s’accommoder à ce qui apparaitrait comme une compromission avec une armée d’occupation sur le dos.
Beauty Nana BAKITA MOUSSAVOU