Le remaniement en gestation du gouvernement vise donc à s’assurer que les personnes de confiance soient placées aux avant-postes de cette lutte de conservation du pouvoir qui va bientôt être lancée : Défense nationale, Intérieur, Affaires étrangères, Budget, Economie… A certaines ambassades et aux postes dans la sécurité nationale, des changements imminents vont aussi s’opérer.
Ils vont élaguer des personnalités du PDG et de l’opposition avec qui Ali Bongo avait scellé des accords. Des accords qui n’engagent plus aujourd’hui ceux qui décident à sa place et qui ne voient plus l’importance de les garder au sein du gouvernement et surtout dans l’optique d’affronter la future échéance présidentielle tant redoutée. Ce travail de mise à l’écart de ceux que le clan à l’offensive, celui qui décide actuellement, a dans son collimateur est déjà en route. Les incroyables évictions de Liban Soleman, de Maixent Accrombessi, de Massard Kabinda, de Christian Magnagna et d’Ali Akbar Onanga le prouvent.
Estelle Ondo, Michel Menga et Moukagni-Iwangou : avenir politique en sursis ?
Entrés au gouvernement d’Ali Bongo en mai 2018, après avoir nié toute légitimité à Ali Bongo depuis sa réélection en août 2016, ces trois personnages ont apporté quoi de concret au « système » ? Rien ! Si Estelle Ondo peut revendiquer d’avoir une parcelle de terrain politique à Oyem (2è arrondissement), les PDGistes, à Oyem, ne la considèrent pas et entendent se venger d’elle pour le double affront qu’elle leur a fait : défaite de Megne m’Eyi et présentation d’un candidat à la mairie centrale d’Oyem contre le PDG alors que son soutien était attendu. Aux plans familial et politique, elle a perdu, en quelques mois seulement, après son élection comme députée, l’audience populaire qu’elle avait. La faute à des promesses non tenues et à des castings familiaux. De plus, elle est entrée au gouvernement dans un deal « perso » avec Ali Bongo, de plus en plus hors-jeu aujourd’hui. Repêchée au dernier moment lors de la formation du gouvernement de Julien Nkoghe Bekale, elle a eu un ministère réduit à rien, la Famille, alors que la vraie politique sociale se décide ailleurs. Son départ du prochain gouvernement est très pronostiqué. En cas de vacance du pouvoir et des nouvelles législatives qui vont suivre, pas si sûr qu’elle puisse remporter encore ce siège. La donne politique aura déjà changé.
Moukagni-Iwangou et Michel Menga, deux transfuges de l’opposition radicale, avaient certainement cru qu’en ralliant Ali Bongo leur « bonne vie » allait durer longtemps, jusqu’en 2023. C’était sans compter avec le plan de Dieu. Ils entrent au mauvais et dernier moment. Ils sont devenus, depuis quelques jours, les ministres vedettes du gouvernement Nkoghe Bekale. Pour cause. « Piégés » par le cabinet de Boa, ils affrontent les dures réalités du système : porter des réformes impopulaires qui pourraient signifier leur mort politique prématurée. Après avoir lamentablement échoué aux dernières élections législatives, ils ne méritent plus leur place au sein du gouvernement. Aujourd’hui, les émergents qui ont joué les entregents pour leur maintien savent désormais ce que chacun pèse politiquement à Mouila, pour le premier, à Cocobeach, pour le second.
Opposition : l’heure est au regroupement pour contrer le clan du G2
La Coalition pour la nouvelle République (CRN), que l’on avait cru en éclatement, vient de se retrouver encore presqu’au grand complet, exception faite du groupe Nzouba Ndama (Les Démocrates) qui a décidé de naviguer en solitaire pour un agenda encore inconnu. D’aucuns, au sein de la classe politique, lui pronostiquent déjà un futur rôle de trouble-fête dans l’opposition au point de le soupçonner de pouvoir cautionner les « résultats », en tant que candidat malheureux qui aura participé à la prochaine présidentielle. On le saura.
Quant aux « retrouvailles » autour de Jean Ping, le 10 avril dernier, elles semblent montrer que l’heure est à l’union, à la réconciliation de l’opposition. Des retrouvailles qu’en face on espère qu’elles sont un feu de paille mais qui, si elles prennent corps avec des populations aux difficultés sociales croissantes, seront déterminantes pour les mois à venir.