La centrale syndicale Union sacrée pour la patrie, inconnue jusqu’à ce jour, mais dont la première page de l’union d’hier (le 19 juillet 2018) fait office d’acte de naissance, cautionne entièrement les « mesures visant à l’assainissement des finances publiques ».
Quelques questions que cette USP devrait poser au pouvoir et à Boa qu’elle soutient mordicus : pourquoi épargner la plus grosse des fortunes gabonaises : Delta Synergie ajoutée à des comptes off-shore hébergés discrètement dans plusieurs pays à l’étranger dont les USA et, plus particulièrement, la France ?
Comme l’a écrit Amani Georges, un journaliste ivoirien, il y a 7 mois : « …ce n’est pas un hasard aujourd’hui si Ali Bongo est désigné comme l’homme le plus riche du Gabon. Selon certains médias à l’origine du classement des présidents africains les plus riches, l’héritier du clan Bongo serait aujourd’hui à la tête d’une fortune personnelle qui pèserait plusieurs centaines de milliards de francs cfa alors que son salaire, en tant que président, reste encore inconnu de tous officiellement. A titre de rappel, le président gabonais fait aujourd’hui partie des présidents africains surveillés par la justice française dans le cadre des enquêtes sur les biens mal acquis. Selon la justice française, qui enquête sur le patrimoine du clan Bongo, le président gabonais serait, à ce jour, l’heureux propriétaire d’un luxueux appartement dans le 16è arrondissement de Paris, à l’avenue Foch. Le président gabonais possèderait également 2 sportives italiennes de marque Ferrari. Toujours selon la justice française, Ali Bongo serait l’heureux propriétaire de l’hôtel Soyecourt à Paris, une magnifique résidence hôtelière qu’il aurait acquise pour la somme de 100 millions d’euros ». Espérons que cet Ivoirien a permis à l’USP d’y voir un peu plus clair.
En effet, ce qui nous amène à la question de savoir pourquoi les plus grosses fortunes de ce pays ne devraient-elles pas contribuer « patriotiquement » à l’effacement de la dette gabonaise qui tourne autour de 5 milliards de francs cfa en se souvenant de ce que ce pays a pu faire pour elles ou, plutôt, de leur responsabilité dans l’état actuel du pays ?
L’USP, soupçonnable d’être « à la solde du pouvoir », semble bien loin de toutes ces préoccupations et préfère dénoncer d’autres types de dysfonctionnements sans toucher à l’essentiel : « par ces mesures, il fallait une justice sociale et une équité pour dégager des économies qui serviront à financer des secteurs clés de notre économie. Est-ce normal que des fonctionnaires gabonais qui, résidant désormais en France, en Tunisie ou au Maroc, puissent percevoir chaque 25 un salaire de l’Etat ? Est-ce acceptable que des morts puissent continuer à émarger dans le fichier de la fonction publique ? Comment accepter qu’un agriculteur, qui vit au fin fond du pays, bénéficiant d’un certain article – on suppose le 21, puis le 23 – puisse gagner 2 millions de francs alors que de jeunes compatriotes diplômés sont à la recherche d’un premier emploi ? Est-ce cela être à la solde du pouvoir ? ».
Nous avons une question pour l’USP : pourquoi ne pas vouloir s’attaquer aux grosses fortunes qui devraient être les premières à rendre gorge ? Rendre gorge signifie remettre par la force ce qui a été acquis par des voies illicites. Ce que, jusqu’aujourd’hui, les Gabonais ne sont pas arrivés à faire. Car c’est justement grâce à cette force – militaire – que Bongo and Co ont pu et su se bâtir ces immenses fortunes au détriment du pays et du peuple gabonais. Et l’USP voudrait que les victimes de ces 50 ans de prédation bongoïste couchent leurs cous expiatoires sur l’échafaud des mesures et encouragent « le gouvernement à aller plus loin…et ce pour le bien de tous ». L’USP ne convaincra personne. Wait and see !