Alors que Libreville est encore sous le choc et que les familles des victimes sont encore dans la douleur et la colère, le procureur a préféré tenir des propos que l’on peut à juste titre qualifiés d’inacceptables.
Comment un défenseur de la justice et de la vérité, car telle est le rôle du procureur, peut-il déjà être sûr, sans enquête de fond, que les informations relayées dans la presse en ligne, les réseaux sociaux et la presse internationale sont celui des « fake news » (entretien dans l’union), un anglicisme qui signifie « fausses nouvelles », inventées par pure fantasme afin d’accuser encore la junte d’avoir perpétré des crimes rituels comme cela est établi et de coutume depuis 2009. Des propos méchants et provocateurs quand on n’a pas son enfant ou son parent proche parmi les victimes de ces crimes sauvages ou encore quand on est bénéficiaire de la bienveillance du régime.
En effet, qans quel pays sérieux, le parquet peut-il attendre 15 jours, pour réagir alors que des doutes et des circonstances troublantes entourent la disparition d’une dizaine de personnes, même d’une seule, de surcroit des enfants sur une plage publique ? Que penser quand des corps sont à priori déposés et découverts au compte goûte et que tous ces enfants appartiennent au même établissement et étaient ensemble le même jour, au même endroit pour une baignade habituelle sur une plage qu’ils connaissaient bien ? Comment ont-ils pu ainsi se noyer sans que personne ne voit quoi que ce soit, sans survivant, sans un seul témoin oculaire, et alors que les corps trouvés sont sans signe véritable de mort par noyade ? Qui ignore les « méthodes » des escadrons de la mort (prélèvement de sang, prélèvement d’organes (langue, sexe, yeux, cœur) à vif sur les victimes) et dépôt des corps sur les plages, les routes, les poubelles ? A qui veut-on faire croire à une noyade collective chez des jeunes âgés de moins de 25 ans qui quelques heures plutôt envoyaient sur Facebook des photos de leur randonnée à la plage, visiblement heureux (fin d’année scolaire) ?
Dans sa sortie du 12 juin 2018, le porte parole de la junte, Guy Bertrand Mapangou s’est pour sa part défendu en déclarant que : « A la veille de chaque consultation électorale, depuis 2009, des esprits malins et chagrins s’éveillent pour voir dans chaque décès d’un gabonais un crime qu’ils qualifient mécaniquement et tendancieusement de crime rituel. Ce discours est souvent relayé par les réseaux sociaux, des blogueurs et une certaine presse internationale soudoyés par certains responsables de l’opposition gabonaise, notamment celle-là qui refuse d’aller aux prochaines élections législatives dont la tenue est indispensable pour la vitalité de notre démocratie ». Franchement, quel mépris sieur Mapangou ! Le phénomène national des crimes rituels n’a-t-il pas connu son essor et son paradoxisme dans ce pays depuis 2009 ? Entre 2009 et 2016, l’on dénombre 200 à 500 cas de crimes rituels sans que cela ne vous émeuve. Des ministres, hauts fonctionnaires, jusqu’au palais du bord de mer où des collaborateurs de BOA ont souvent été indexés d’être au cœur de cette spirale infernale…Quel est le seul cas que la justice est parvenue, malgré les preuves matérielles concordantes, les indices, les aveux des auteurs et complices de ces crimes citant les personnalités proches de Bongo Ondimba Ali, des parlementaires du PDG, des ministres et autres fonctionnaires sans qu’il n’y ait une suite. Le scénario a souvent été le même : prélèvement d’organe à la commande ou du sang ou exposition et abandon des corps…D’autres conseillers en matière spirituel, note que l’on n’a pas besoin, comme c’est le cas des enfants de la plage, de prélever des organes, même la simple exposition des personnes vivantes durant des rituels satanistes avec des entités (sirène, serpents) peut amener à la mort. Et par la suite, les corps sont jetés à la mer pour simuler des noyades et autres (incendies, accidents). Le modus opérandi est bien connu.