La très puissante ANGTI va vers une sortie de route. 105 employés sont en chômage technique (pour une durée de trois mois renouvelable). Confrontée, depuis quelque temps à une tension de trésorerie, cette entité (l’Agence nationale de grands travaux d’infrastructures – ANGTI) met aujourd’hui 105 employés en jachère.
C’est par une note de service datée du 10 juillet 2019 que les employés ont été informés de cette décision. Le directeur général de cette structure en charge de la réalisation des grands travaux de l’Etat a décidé de mettre 50 % des effectifs en chômage technique. Dans cette note de service il est inscrit que : « les plus hautes autorités ont décidé de la réduction de la moitié du personnel de l’ANGTI ». D’où la manifestation des employés, le vendredi 12 juillet, devant leurs locaux pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une injustice.
Depuis sa création, l’Agence nationale des grands travaux (ANGT) donnait déjà des signes d’essoufflement. En janvier 2015, le Conseil des ministres décréta sa fusion avec le Fonds d’entretien routier (Fer), donnant ainsi naissance à l’Agence nationale des grands travaux d’infrastructures (ANGTI). La nouvelle entité avait pour missions : « d’exécuter la politique publique en matière de (…) d’infrastructures et de mettre en œuvre le Schéma directeur national d’infrastructures (SDNI) en vue d’en maîtriser les coûts, de garantir la qualité des ouvrages et de respecter les délais d’exécution ». Quatre ans plus tard, cette promesse vient de s’éteindre comme un feu de paille par une simple note de service datée du 10 juillet dans laquelle le directeur général de l’ANGTI a annoncé la « mise en place du chômage technique au sein de cette structure ». Comme raison : « les difficultés économiques, difficultés à assurer les charges… de fonctionnement, notamment les salaires ».
Passant outre les incompatibilités prévues par la Constitution, Ali Bongo fut son tout premier président du Conseil d’administration. Jamais un établissement public ne s’est prévalu d’autant de pouvoirs. Le chômage technique annoncé, la colère des employés s’est vite fait ressentir. Les 105 employés mis en chômage technique contestent les contours de cette décision économique et expriment leur mécontentement : « grande était notre surprise ce matin lorsque la direction générale a demandé que chaque employé signe son départ en chômage technique avec, comme condition, l’octroi de 15 % du salaire de base et la prime de logement », a vivement regretté Cred Abraham Malouangou. Dans la note de service, le DG a informé que les 105 employés mis en chômage technique percevront une indemnité correspondant à un pourcentage de salaire de base plus la prime de logement : « 15 % seulement ». Surprise pour les concernés qui ne s’y attendaient certainement pas. Du coté des expatriés, les choses étaient autres que celles des Gabonais. Les premiers auraient perçu chacun la totalité de ses salaires et indemnités. Une injustice flagrante. Les employés contestent également les conditions de leur mise au chômage technique : « des échanges entre la direction générale, les délégués du personnel et l’inspection du travail se sont faits en un temps record le 10 et le 11 juillet. Or, l’inspection du travail doit bénéficier du temps nécessaire, avec l’ensemble des délégués du personnel, pour la mise en place du processus de chômage technique », a souligné
Cred Abraham Malouangou. Face à cette attitude de la direction générale de l’ANGTI, qui refuse de voir les réalités de ces chefs de familles et la situation du pays en ce moment, les employés ont décidé d’observer un mouvement de grève jusqu’à réouverture des négociations.
Il faut dire que le problème de l’ANGTI est la conséquence d’une politique de précipitation engagée depuis 2009, pour ne pas parler d’amateurisme. En effet, depuis les fameuses annonces d’investissements de 5 880 000 000 000 (cinq mille huit cent quatre-vingt milliards) de Fcfa, puis 16 000 000 000 000 (seize mille milliards) de Fcfa sans nous expliquer comment on allait financer tout cela, le Gabon connaît une descente aux enfers et personne ne sait où sont partis les 1 500 000 000 (un milliard cinq cents millions) de dollars empruntés auprès de Singapour ni les 750 000 000 (sept cent cinquante millions) de dollars empruntés sur le marché financier européen. Personne ne sait à quoi a servi l’augmentation vertigineuse du taux d’endettement de 17 % à 60 % en moins de 10 ans, sans compter le fonds pour les générations futures laissé par Omar Bongo Ondimba. Ali Bongo a montré qu’il n’avait pas de coffre suffisant pour gérer un aussi beau petit, mais si riche, pays. Même l’augmentation de la masse salariale ne peut justifier cette gabegie criarde ni l’éventuelle liquidation de l’ANGTI. Elle est malheureusement la conséquence de l’incompétence non seulement d’Ali Bongo lui-même, mais aussi de toutes les personnes qui l’ont entouré ou qui l’entourent. Ali Bongo a privilégié sa propre sécurité plutôt que celle de ses compatriotes en augmentant massivement et honteusement les effectifs des forces de sécurité et de défense sans que l’efficacité de cette augmentation ne soit justifiée. Le Gabon est devenu l’un des pays les moins sûrs au monde. Rien de tout ce qu’il a promis n’a vu le jour ou ne s’est avéré en 10 ans, incapable de mettre en place une collecte d’ordures digne de ce nom à Libreville, incapable d’organiser correctement le transport en commun à Libreville. Il a promis mettre en place un championnat de football professionnel au Gabon en injectant 10 milliards de Fcfa par an. Aujourd’hui et depuis qu’il est là, le championnat a du mal à démarrer alors qu’avant son arrivée il y avait quand même quelques résultats.
Alors que le pays a atteint le fond, ses pilleurs se livrent actuellement une guerre de positionnement et à des règlements de comptes. Particulièrement au sein de la province présidentielle.
Sévérine N