Pas grand monde. Makokou, chef-lieu de la province de l’Ogooué-Ivindo, ressemble, jusqu’à ce jour, à un grand village en pleine forêt équatoriale. Malgré les richesses naturelles tirées de cette province (bois, or, diamant), elle n’arrive pas toujours à décoller. Même la route qui y mène est une honte. Honte qui s’est reflétée lors d’une partie du règne d’Omar Bongo Ondimba dans la promotion des cadres de cette province. A l’image de la Nyanga, elle donnait l’impression d’être ostracisée.
Et déjà lors de la fin du règne d’Omar Bongo, on a assisté à une véritable promotion des cadres de l’Ogooué-Ivindo avec, en prime, la nomination au poste de vice-Premier ministre d’une anonyme de la classe politique à l’époque, Georgette Koko. L’Ogooué-Ivindo, faut-il le rappeler, est une province multiethnique à l’image des autres provinces du Gabon. Les ethnies les plus en vue sont les Fang, les Kota, les Kwélè et les Okandé…disséminés dans les localités de Makokou et ses deux rives, Mékambo (la ville oubliée), Booué (tristement célèbre à cause de ses crimes rituels), Bélinga et son fer inexploité, mais aussi son environnement panoramique, la Lopé et ses plaines… Voilà une province ultra riche. Riche par son sol et sous-sol. Riche de son histoire, riche par la qualité de ses fils qui viennent de perdre la primature sans, pour le moins du monde, donner un souffle nouveau à leur bled.
Comme on le voit, l’Ogooué-Ivindo n’arrive pas à tirer profit de sa présence aux côtés du pouvoir alors qu’elle n’a jamais été aussi bien représentée que sous les gouvernements d’Ali Bongo. Il y a eu des époques où la province ne comptait pas plus d’un représentant au gouvernement (pourtant, aux élections les scores étaient tout aussi hauts), et encore, au grade supérieur de ministre délégué à certains moments (Depuis Alexandre Sambat, Kakou Mayaza, Emboni, Bilie-By-Nze, Momadjambo, Ikambouaya, Missongo). Le point d’orgue a été Georgette Koko nommée vice-Premier ministre. Ce qui a été dépassé en 2016. Aujourd’hui, si on fait l’inventaire de Georgette Koko à la vice-primature et, plus tard à la tête du CES, de quoi l’Ogooué-Ivindo et Makokou ont-elles profité ? Zéro ! De quoi le fait d’avoir eu un Premier ministre a-t-il été un gain pour l’Ogooué-Ivindo et Makokou ? Rien ! Normal, Issoze Ngondet, lorsqu’il est nommé, n’avait même pas un poulailler chez lui. Il nichait dans la maison de son papa. Il sont loin les temps où un PM pouvait impulser la transformation de sa ville comme le firent Paulin Obame Nguema à Kango et Paul Biyoghe Mba à Bikele qu’il a transformé en une petite principauté de l’Estuaire. Nous n’avons rien contre Issoze, mais nous pensons que les Ogivins n’ont pas à le pleurer, même si son éviction est liée au maintien au gouvernement de son frère ennemi et rival politique Alain Claude Bilie-By-Nze qui devient, de facto ,le patron politique de la province. Ceux qui versent des larmes suite à l’éviction d’Issoze tout en évoquant la géopolitique qu’ils pourfendent lorsqu’elle est en leur défaveur oublient que pour la représentativité, l’Ogooué-Ivindo a toujours un ministre d’Etat aux Sports et un ministre à la Communication. Maintenant si ce n’est pas suffisant, on se lève et on proteste hautement. Peut-être que le respect viendra de là. D’ailleurs, de nombreux cadres de l’Ogooué-Ivindo estiment que leur province est utilisée non seulement comme un vivier électoral au profit du régime et elle n’a jamais fait défaut, mais aussi comme une serpillière qui n’a jamais dit non malgré les multiples oublis…L’Ogooué-Ivindo est une province délaissée par ses élites et même par ses populations elles-mêmes. Elle représente à elle seule les maux du Gabon, riche à foison mais ne profitant en rien de cette richesse. L’Ogooué-Ivindo est une province riche, mais constituée de pauvres ! Le Gabon est un pays riche, mais de pauvres !