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Chronique politique de Guy Nang Bekale : Adresse fraternelle à Luc Bengono Nsi et autres

Jadis, une épitaphe, gravée sur une stèle plantée au lieu-dit monument aux morts, non loin du mausolée du président Léon Mba, disait : «  À ceux qui sont morts pour le Gabon, la patrie reconnaissante ». Cette dédicace accompagnait l’éternelle recommandation « Gabon d’abord » qui est le fondement du patriotisme partagé des Gabonais. Présentement, je confesse : « Aux patriotes qui ont aimé, qui aiment et qui aimeront le Gabon : honneur et respect éternels ».

Patriote et cher aîné Luc Bengono Nsi !

Si, un jour proche ou lointain, les démocrates et les républicains, dont nous nous réclamons tous, pratiquent l’injustice et la brutalité à l’égard des patriotes ; ou s’ils les persécutent par mégarde, il reviendra aux rares justes de les ramener à la raison. « Aimons-nous vivants », conseille l’adage populaire. Ce n’est pas à titre posthume, mais durant la vie qu’il faut honorer son prochain et magnifier sa valeur et sa grandeur.
Luc, pendant que je suis encore lucide, j’ai tenu à faire cette attestation pour la postérité afin de te rendre ce que des milliers de nos concitoyens te doivent, mais qu’ils ne savent pas, ne veulent pas ou ne peuvent pas exprimer : soit par peur, par pudeur, soit par indifférence ou jalousie. Etre libre, j’ai une grande estime et une réelle admiration pour toi et pour tous les sincères patriotes gabonais.
Membre fondateur du Morena, tu as été à l’avant-garde des précurseurs de la démocratie. Tu as combattu l’autocratie et lutté pour le multipartisme et la libération du Gabon du joug du PDG. Sans flagornerie, tu mérites, pionnier, l’éloge, le respect et la reconnaissance des sincères patriotes démocrates gabonais afin que ton nom ne sombre pas dans l’oubli et soit connu des générations futures.
Aussi me plaît-il aujourd’hui de poser cet acte sans avoir sollicité au préalable ton accord. Ne sois pas surpris !
Certes, nous sommes en contact et échangeons sur Whatsapp, mais j’ai voulu faire connaître publiquement mon sentiment et l’appréciation que j’ai de ta place dans le pays ; particulièrement depuis les événements post-électoraux du 30 août dernier et desquels tu sembles marginalisé ou écarté.
La vie ressemble parfois à un rêve raconté par un idiot qui oublie que l’existence sur terre comporte des égarements et des vilenies. La young team le découvre actuellement. Le régime Bongo-PDG a toujours été caractérisé par sa propension à la méchanceté, à la violence et à l’écrasement que nous avons subis. Mais nombreux sont les compatriotes qui reconnaissent que tu es du petit nombre des probes et sincères patriotes encore vivants qui affirment avec franchise, fermeté et bravoure leur amour pour les Gabonais et le Gabon et qui demeurent fidèles à leurs convictions.
Malheureusement, dans le Gabon des Bongo-PDG, qui est actuellement en résistance et en décadence, des honnêtes gens comme toi ont été moqués, dédaignés, ostracisés et relégués au rang de parias par de fieffés imposteurs qui n’ont pour références que l’argent facile et les honneurs usurpés. Vous êtes deux compatriotes qui incarnent cette grandeur d’esprit et cette inébranlable vertu : Benoît Mouity Nzamba et toi, Luc Bengono Nsi. Il y en a d’autres qui méritent d’être qualifiés de patriotes gabonais… La lutte pour la démocratie et la libération du Gabon de la domination de la France ; pour le développement du Gabon et l’amélioration des conditions de vie de notre peuple, nous a fait subir de douloureuses épreuves qui ont introduit dans nos âmes le sens de l’honneur, la défense de la justice et l’inclination à dire la vérité.
Ce n’est nullement par courage, par caprice ou revanche que des patriotes prennent le risque d’affronter l’adversité des régimes politiques dictatoriaux francophones, mais par amour et compassion pour la misère du grand nombre de leurs contemporains.
Luc, je ressens le mal que tu ressens face à la bêtise quand elle ramène l’homme, qui est la créature la plus noble de Dieu, à la bestialité. Durant les 14 dernières années (2009-2023), notre peuple a énormément souffert non seulement physiquement et charnellement, mais aussi moralement et spirituellement. Devant le monde entier, nous avons été à la fois témoins et victimes d’humiliations, d’injures, d’outrages et de hontes jamais infligés à une communauté humaine paisible, pacifique et calme par un groupuscule de gouvernants parjures, menteurs et voyous qui ont perverti et désolé le Gabon sans mesure ni retenue.
Cher aîné, en revoyant ton intervention-plaidoyer devant le juges de la Cour constitutionnelle en 2009, pour démontrer qu’Ali Bongo n’était pas Gabonais, mais Biafrais et que, de ce fait, il était disqualifié pour se présenter à l’élection présidentielle et pour être le président des Gabonais, j’ai écrasé une larme tant tu étais puissant, imposant de dignité, en colère et presqu’en transes en face des adeptes des absurdités… Les agents de la cour savaient que tu avais raison, mais ils ont opté pour l’infamie et leur mensonge a causé et installé au Gabon 14 années de malheur, de désagrégation institutionnelle, socio-économique et politique… C’est douloureux de ne pas être compris et reconnu quand on s’exprime au milieu de renégats et d’avoir raison tôt, avant l’éclatement de la vérité. Oui, Monsieur Luc Bengono Nsi, vous aviez raison et, « maître temps » l’a confirmé. Comme toi et Benoît, j’ai souffert et souffre encore pour n’avoir toujours pas obtenu ce qui, depuis ma jeunesse, est l’objectif de mon activité politique : la fin définitive du règne du PDG-Bongo qui a fait d’énormes dégâts parmi les sincères patriotes par des emprisonnements, dont celui de mon prestigieux frère bien-aimé Marc Saturnin Nan Nguema, ancien secrétaire général de l’Opep et vice-président du PGP, qui a été humilié et jeté en prison, au crépuscule de sa vie, comme un vulgaire individu ; par des assassinats, dont celui de mon frère et ami Joseph Rendjambé Issani, secrétaire général du PGP, et de bien d’autres vaillants citoyens et militants du Morena, de l’UPG, etc.
Quand, rétrospectivement, je me remémore les étapes de la lutte des Gabonais pour la liberté et la justice, je marque une pause sur l’année 1990 pour revivre, solitaire, en secret et en conscience, certains événements qui me conduisent à la même conclusion qui est : nous avons engagé des actions audacieuses en espérant obtenir la chute du PDG en utilisant des moyens légaux et démocratiques sans y parvenir et avons hypothéqué nos vies et celles des autres… Idéalistes, nous avons déployé et gaspillé beaucoup d’efforts et d’énergie ; nous avons fait d’énormes sacrifices pour des résultats, somme toute, dérisoires et mitigés en comparaison de la forte intensité de notre engagement et de notre détermination pour être victorieux. Je me demande si Dieu récompense ceux qui pactisent avec le diable pour réserver la béatitude future à ses enfants. Il est incompréhensible et surprenant qu’on laisse de côté des citoyens comme Benoît et toi lorsqu’on parle de valoriser le patriotisme au Gabon. Comment peut-on concevoir et vouloir développer un pays sans associer ceux qui ont prouvé leur indéfectible attachement au peuple ? J’ai découvert, il y a longtemps, que la lutte pour la défense des valeurs conduit à la mort et surpasse la lutte pour gagner ou conserver le « bout de pain ». C’est cette dernière qui mobilise l’énergie de la majorité des Gabonaises et des Gabonais et qui fait d’eux des impies véreux, vénaux et méprisables. Et comme la mort est l’inévitable plus grand dénominateur commun, heureux seront ceux qui auront vécu dans la dignité, l’honneur, l’amour de leur pays et qui auront été au service de leur peuple ; qui seront restés attachés à leurs convictions patriotiques et à leurs idéaux humanistes.

Luc Bengono Nsi (LBN), le peuple gabonais « t’aime bien », mais sa prise de conscience n’est pas encore à la hauteur des enjeux stratégiques vitaux du Gabon.
Chers aînés, moi, septuagénaire, Mouity Nzamba et toi l’êtes certainement aussi, ou au-delà. Nous sommes tous plus près de la fin que du début de notre séjour terrestre. Je prie Dieu pour qu’il nous préserve du « mal gabonais » pour espérer encore servir et sensibiliser nos populations.
Chrétiens, vous avez, évidemment, entendu parler de la pierre angulaire que les bâtisseurs, ces maçons d’antan, ont négligée, délaissée, puis jetée, mais qu’ils sont allés finalement reprendre pour soutenir la poutre principale de l’édifice qu’ils construisaient… Mais existent-ils encore de talentueux bâtisseurs dans le monde ?…
Amitiés et respect, chers aînés !
Fraternellement !

One Comment

  • Akoma Mba dit :

    Belle article! Espérons ne plus voir aucun Bongo et compagnie au pouvoir ni dans les hautes instances de notre pays. Que Dieu te bénisse, très cher ainé.
    Celui qui vous parle est l’un de ces rares gabonais à avoir dit merde au pouvoir PDG et préféra travailler à son compte toute sa vie plutôt que d’aller à la soupe biafraise.

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