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Chronique politique de Guy Nang Bekale : Enjeux et défis de la formation

Le débat sur l’attribution de la bourse aux élèves avec pour exigence que l’apprenant doit avoir 12 de moyenne au premier cycle et 11 au second est à la fois intéressant, utile et saugrenu. Il interpelle les compatriotes enseignants et les parents. Si l’annonce du président du CTRI a été reçue avec enthousiasme par les intéressés, en revanche, elle a suscité un débat contradictoire et passionné qui doit contribuer à sa bonne mise en œuvre par les formateurs et les responsables administratifs des établissements secondaires.
On peut lire sur le site de l’ANBG que « tout Gabonais scolarisé et remplissant les conditions et critères d’attribution contenus dans les textes réglementaires peut prétendre à une bourse… Que le droit à la bourse concerne les élèves de l’enseignement secondaire et les stagiaires des centres de formation professionnelle ainsi que les étudiants de l’enseignement supérieur de nationalité gabonaise… Pour les élèves de l’enseignement secondaire et les stagiaires des centres de formation professionnelle, ils doivent effectuer les études régulières dans un établissement public ou privé partenaire de l’Etat et être en situation de succès ». La bourse ne doit pas être considérée comme un cadeau, une faveur ou une aumône, mais comme un droit, un encouragement et un soutien aux élèves et à leurs familles.
Mais si le soutien boursier peut être perçu comme très confortable et bénéfique pour des ressortissants des familles nécessiteuses, il n’en est pas de même pour les enfants des familles aisées. Ce n’est pas à ce niveau que le débat est le plus important. Il y a quelques années, la bourse était disponible pour tous les élèves du Gabon et elle était payée trimestriellement à ceux qui obtenaient la moyenne qui a toujours été de 10 sur 20. La bourse se perdait quand la note du boursier descendait sous la moyenne. Certes, à cette époque, il y avait moins de lycées et collèges, moins d’élèves dans les classes et, surtout, des enseignants relativement honnêtes, rigoureux et justes qui ne donnaient pas des notes de complaisance, mais celles que méritait l’enfant. La décision de rétablir la bourse est bonne pour créer une émulation scolaire et presque une compétition entre apprenants.
Quelques observateurs ramènent trop rapidement cette émulation à l’excellence qui dépend de plusieurs préalables dont des établissements d’enseignements propres, spacieux, accueillants ; des chefs, des responsables des enseignants impartiaux, rigoureux, disciplinés, bien formés, de bonne moralité, compétents et au professionnalisme non douteux. Quand un projet politique comporte des sommes d’argent à payer aux personnes physiques (jeunes, adultes ou vieux), il faut que sa faisabilité soit correcte parce que l’argent est souvent source de discorde. 12 milliards pour les bourses par an, le chiffre est lâché. Cependant, il est évident que le nombre total des bénéficiaires de la bourse jamais ne sera ni constant, ni continuellement à la baisse ou à la hausse. Il jouera au yoyo durant toute l’année scolaire dans tous les établissements et toutes les classes du Gabon et d’ailleurs.
Plutôt que de vouloir instituer une base d’octroi de la bourse à deux volets, 12 pour les collégiens et lycéens du premier cycle et 11 pour ceux du second cycle, il est plus judicieux de procéder à une harmonisation en la ramenant à la moyenne 10/20 pour tous. L’accent doit être mis sur la capacité de jugeote et le sens de responsabilité des professeurs qui seront les principaux exécutants de la décision politique. Objectivement, il est impossible que la totalité des élèves des lycées et collèges du Gabon aient tous la moyenne durant toute une année scolaire. Surtout, le calcul de la moyenne trimestrielle d’un apprenant doit se faire à partir de données significatives et véridiques liées à ses performances.
De même, il faudrait harmoniser les contenus des programmes scolaires annuels pour les rendre identiques pour les classes de même niveau dans tous les établissements du Gabon. L’on constate aujourd’hui que, dans certains cas, les ouvrages sont différents d’une classe de 6ème, 5ème, 4ème, etc. à l’autre et que, dans une même classe, tel enseignant a calculé la moyenne trimestrielle de sa matière après 2 ou 3 devoirs, tel autre l’a fait à la suite de 3 ou 4 évaluations. Le rétablissement des bourses constitue une opportune occasion pour les simples citoyens d’attirer l’attention des dirigeants sur les faits basiques qui doivent être examinés pour améliorer les cadres, les conditions et les modalités de formation de notre jeunesse et de leurs encadreurs. Comme toutes les autres institutions du pays, les milieux primaires secondaires et universitaires sont vermoulus et sans consistance. Leur restauration est un vaste, coûteux et exigeant chantier qui doit commencer par l’amélioration du statut, des cadres et des conditions de vie et de travail des enseignants et des personnels de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur.
La construction des universités et leur emplacement provincial doit prendre en compte l’évolution de la population estudiantine. Elle doit s’éloigner des calculs politiciens. A court terme, le Gabon n’a pas besoin de plusieurs universités. La priorité doit être la réhabilitation de celles qui existent. Mais, fondamentalement, cessons de parler de la construction des universités. L’on doit désormais bâtir de véritables « campus universitaires » dignes du Gabon. L’avantage ici est que les différentes infrastructures formeront un cadre intégré convenable pour la vie, la formation et l’épanouissement des étudiants avec des amphithéâtres et des salles de cours, des laboratoires, des bibliothèques, des vidéothèques, des résidences, des aires de sports, des salles de jeux et de divertissements, des restaurants, etc. Ainsi, les formations intellectuelles et techniques coexisteront, comme dans les autres universités, avec la formation du corps physique.
La réalité est que les enseignements des écoles primaires débouchent sur les lycées, collèges et instituts d’enseignements général et technique qui forment le secondaire qui conduit à son tour à l’université, aux instituts et grandes écoles spécialisés, etecera. Ces trois niveaux de formation doivent être dispensés dans des conditions idoines par des enseignants de bonne moralité, hautement qualifiés et disposés à contribuer avec fierté, passion et honneur à la l’éclosion d’une
élite gabonaise.

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