Dans ce pays, il y en a qui ne lésinent pas sur les moyens pour arriver à leurs fins. Ainsi en est-il du promoteur de concerts, le pôpô émergent Jean Fidèle Otandault Adjahou. Sollicité pour parrainer, de manière intéressée, une manifestation à caractère culturel à Port-Gentil (le friqué pôpô est ministre de la République), le futur candidat du PDG au deuxième arrondissement de la ville pétrolière, s’est fait introniser « notable de la communauté fang » de Port-Gentil.
En français facile, on entend par notable un dignitaire d’une communauté. Nous n’allons pas verser dans le tribalisme pour dire que Jean Fidèle Otandault Adjahou, même s’il a certainement de la sympathie pour l’électorat fang de Port-Gentil, n’est pas membre de cette communauté. Ainsi, à supposer que les organisateurs de l’événement le « Grand nord en vacs » (des sortes de journées culturelles fang des ressortissants du Woleu-Ntem qui ont migré à Port-Gentil) aient proposé ce titre afin qu’il aboule le fric, il devait tout de suite comprendre que cela n’allait susciter que raillerie et moquerie. Il aurait plutôt décliné l’offre et sollicité une contrepartie électorale. Mais en cette période de pré-campagne pour les législatives et les locales, tout est bon à prendre pour les « corbeaux » du régime. Pas besoin d’être un « renard futé » pour leur soutirer du fric.
Des notables, Port-Gentil en a. Mais ce pôpô, même au sein de la communauté myènè, ne peut porter ce titre honorifique. Et pour cause, il est loin d’être un exemple aussi bien pour le pays que pour la ville de Port-Gentil. Son nom n’est-il pas souvent aligné parmi ceux des émergents membres de la « légion étrangère » qui ont pillé ce pays ?
D’ailleurs, pour bien baratiner le ministre du Budget et des Comptes publics, les organisateurs de la trouvaille ont eu ces mots touchants envers leur nouveau notable : « Nous sommes contents de vous compter parmi nous. Nous souhaitons que ce partenariat, qui commence maintenant, perdure, car lorsqu’un Fang s’engage, il le fait jusqu’au bout ». Otandault est averti, le notable fang qu’il est désormais devenu ne devra plus reculer après les élections. Il devra « s’engager jusqu’au bout » avec ses nouveaux partenaires, aussi bien en qualité de promoteur de concerts, qu’en qualité de notable ékang. Son pote « mône dzang » Marcellin Ndong Ngomo y veillera. C’est lui qui a procédé à la remise du chasse-mouche traditionnel au nouveau notable, symbole, avons-nous appris, de « l’union, du rassemblement et de la fraternité du peuple ékang autour du guide ». Le « guide » Otandault Adjahou qui, très touché, a aussi ces mots touchants : « Vous êtes chez vous ici, comme partout ailleurs dans le Gabon. C’est pourquoi vous devez continuer à vous impliquer dans le développement de notre cité ».
Pauvre Gabon ! Dans ce pays, la notabilité ne se constate plus par l’âge et la sagesse, mais par ce qu’on a dans la poche.