Les dernières nominations intervenues au sein de la Défense nationale le 31 mai 2018, avec le retour en fonction de certains officiers retraités, ont suscité frustration et indignation aussi bien au sein de la troupe que chez les autres officiers à la retraite.
Alors que le Gabon dépense de centaines de millions, voire des milliards, pour former ses militaires, notamment ses officiers, nombreux ne comprennent pas que la présidence de la République et le ministère de la Défense aient une préférence pour les officiers retraités dont beaucoup ont été rappelés sous le drapeau au moment où l’Etat parle de dégraisser la fonction publique. Que cache ce remue-ménage ? Rappelons qu’en l’espace de quelques mois, le Gabon a viré aussi bien le patron de la police (Clotaire Oye Zue) que celui de l’armée (Auguste Roger Bibaye Itandas). Deux noms qui nous rappellent des souvenirs douloureux d’août 2016.
La question que l’on peut se poser ici est celle de savoir à quoi sert de former des officiers militaires si, à un moment, l’autorité de nomination a peur de les responsabiliser ? A-t-on besoin d’être promu au grade de général pour occuper des fonctions dans l’armée ? A la limite, qu’Ali Bongo et Etienne Massard Kabinda Makaga aillent jusqu’au bout de leur logique en ramenant en service l’ensemble des officiers valides, vu que même des militaires de seconde section ont été promus. Reconnaissons que parmi les militaires retraités assis à la maison, il y en a qui sont plus valeureux que les heureux promus des nominations du 31 mai dernier.
Pour une armée qui se veut en OR, les dernières promotions jettent visiblement un sérieux doute sur la sérénité dans la troupe en ce moment. Soit nos militaires sont bien formés et qu’en cette période sensible Ali Bongo préfère se fier aux illustres retraités pour assurer sa sécurité et celle du pays, soit ils sont mal formés, ce qui justifie le recours aux retraités pour venir diriger une armée d’opérette.
Maintenant que le Boa, via la bouche du porte-parole de la présidence de la République, vient de décider, moins de deux mois après, de se débarrasser de tous les agents contractuels de l’Etat et qu’il n’y aura pas de passe-droit, gageons que les officiers rappelés sous le drapeau ne vont pas y échapper et que, dans quelques jours, nous aurons droit aux nouvelles nominations au sein de la troupe, cette fois-ci en faisant la promotion de vrais officiers dont la formation est au point.