A l’approche du remaniement, de nombreux ministres maudissent le sort à cause des difficultés qu’ils éprouvent au sein de leur département. D’autres font la queue auprès des nganga et autres marabouts avec la photo d’Oligui Nguema en main. Ils essaient de conjurer le sort afin de ne pas être mis à la porte au prochain remaniement. Ils ont pris goût au pouvoir et à ses artifices que sont l’argent, la fonction, les honneurs et les nanas. Ils ne peuvent et ne veulent plus en s’en passer. Impossible de demander aux militaires en responsabilité administrative et politique de retourner dans les casernes ! Eux aussi ont pris goût au pouvoir. Ce serait leur faire injure. Et pourtant, certains devraient y songer…
Dans l’une de ses parutions en ligne de la semaine dernière, Jeune Afrique annonce le départ du Premier Raymond Ndong Sima de la Primature. Nous avions, lors de notre dernière édition, envisager cette réalité, tant les contradictions entre le locataire de l’Immeuble du pétrole et celui du palais Rénovation du bord de mer n’étaient plus un mystère. Mais nous estimons aussi que valser Ndong Sima serait une erreur politique. Si les deux têtes de l’Exécutif ne peuvent plus se mettre d’accord, Oligui Nguema devrait plutôt pousser Ndong Sima à une démission non humiliante et non le chasser.
S’il ne s’agissait que de le Défense nationale où elle trône, le général de division Brigitte Onkanowa devrait dormir du sommeil du juste. Mais ses bricoles viendraient plutôt de chez elle à Okondja, dans le département de la Sébé-Bricolo. Depuis le passage d’Oligui dans la localité, de nombreux politiques ont décidé de lui savonner la planche pour pouvoir rebondir. D’ailleurs, ayant battu le rappel des troupes pour la circonstance, l’ancien ministre Arnauld Calixte Egandji (fils du coin) remue ciel et terre pour rebondir au ministère du Pétrole qu’il a tant recherché. Si le rêve d’Egandji se réalise, ce sera sur le « cadavre » d’Onkanowa. Mais Egandji n’est pas seul. Mesmin Youmou et Alphonse Ongouo se tiennent en embuscade. Il y en a d’autres. Suivez notre REGARD politique…
A la santé, le Pr Adrien Mougougou semble ne pas donner totalement satisfaction aussi bien dans le contrôle de ses troupes que dans la qualité des soins et des structures dans nos hôpitaux publics. Le CHU de Libreville est en train d’égaler, aux yeux de l’opinion, l’hôpital d’instruction des armées (encore appelé hôpital militaire) en termes de fréquence des morts. Autrement dit, le lieu est devenu un mouroir à ciel ouvert. Pas d’eau, mauvaise aération (il y fait une chaleur d’enfer), au point que chaque malade est obligé d’apporter son ventilateur. Une honte en 2024 !
Les malades sont abandonnés entre les mains des petits résidents et autres internes alors que les spécialistes ne viennent inspecter les malades qu’une fois par semaine. Les résidents et les internes ont transformé leur espace de travail en centre de commerce et de groove, notamment les jeunes dames en blouse blanche. Elles sont là à présenter leur marchandise, à se raconter les histoires de leurs sorties avec les « ébôn’ami » dans les grands restaurants de Libreville et à se faire des selfies qu’elles balancent sur les réseaux sociaux. La mort d’un malade est devenue, pour elles, quelque chose de banal. Ça ne leur dit plus rien… Le ministre semble dépassé par une charge à laquelle il n’était certainement pas préparé.
A l’enseignement supérieur, le Pr Hervé Ndoume Essingone, qui jusque-là, a fait un sans faute sur son parcours, même si d’aucuns lui font le reproche d’avoir fait nommer ses proches à la tête des universités et grandes écoles (ce qui n’est pas un mal en soi s’ils sont compétents), pourrait se faire rattraper par cette affaire des 64 établissements supérieurs privés sélectionnés dans certaines provinces du Gabon pour accueillir les nouveaux bacheliers. En effet, de nombreux parents doutent de la fiabilité de ces établissements.
« 60 établissements supérieurs privés au Gabon ?… Mais ils sortent d’où ? Quelles sont leurs références ? On parle quand même ici de former l’élite gabonaise dans un monde de plus en plus compétitif. Quels ont été les critères de sélection ? Et cette sélection a été faite par qui et sur quelles bases ? Quelles sont les références des membres du comité de sélection ? Où ont-ils enseigné à l’international et avec quels résultats ? Tel que je connais mon Gabon-là, ça va être du gros ‘’n’importe quoi’’ », s’est indigné un parent.
Et un autre de renchérir : « existe-t-il un programme national par filière comme cela se passe ailleurs ? Parce que beaucoup de nos écoles supérieures ne le sont que de titre… Chez les autres, même avec du copinage, on s’arrange à être objectifs. Ici, ça risque d’aller dans tous les sens. On ne triche pas avec l’école. Nous allons fabriquer des profils quelconques et sans consistance. Il faut réduire le nombre de moitié et améliorer la qualité de l’offre de formation ». Sans oublier les problèmes de paiement. L’Etat s’est toujours révélé mauvais payeur concernant les établissements privés du secondaire et du supérieur. Conséquence, beaucoup d’établissements secondaires ont refoulé beaucoup d’élèves, faute de paiement. Au supérieur, de nombreux étudiants n’ont pas pu soutenir en licence ou en master parce que l’Etat n’a pas payé. La dette de l’Etat dans ce domaine se chiffre à des dizaines de milliards. Vivement que ce ne soit pas une affaire entre copains et coquins, car c’est la qualité de nos cadres de demain qui va prendre un coup. Passons !
Au ministère de l’Economie, le ministre Mays Mouissi doit se faire du souci avec ces maisons de notation qui s’amusent depuis un certain temps à baisser la note du Gabon. Déjà, en juin dernier, l’agence de notation américaine Moody’s avait abaissé la note souveraine du Gabon de « Caa1 négatif » à « Caa2 » avec une perspective stable. Et, le 26 juillet dernier, l’agence de notation Fitch Ratings a décidé d’abaisser la note du Gabon de « B- » à « CCC+ ». C’est comme si l’on passait d’un « peut mieux faire » à un « attention, danger ». Cette nouvelle classification indique donc que le pays fait face à des risques croissants concernant sa capacité à rembourser ses dettes.
Au ministère des Comptes publics, Charles Mba dormirait, lui aussit du sommeil du juste s’il n’y avait pas eu cette brouille avec le propre petit frère du président, Aurélien Mintsa-mi-Nguema, qu’il avait suspendu de ses fonctions de DGBFIP comme un malpropre alors que la gaillard prenait de l’ascendance chez eux à Oyem. L’homme a été d’ailleurs viré en Conseil des ministres qui a suivi sa suspension. Comme si cela ne suffisait pas, le conflit interne à Oyem s’est invité à Tchibanga où Oligui a fait acte de contrition à son cadet, non sans livrer les détracteurs de Mintsa à la vindicte populaire… On raconte aujourd’hui que Charles Mba ne dormirait que d’un seul œil. Quelle souffrance !
Au ministère du Pétrole, Marcel Abéké, qui gère sans bruit, pourrait être perturbé avec les ambitions démesurées d’un autre Altogovéen comme nous l’avons dit plus haut. Autrement dit, si la mort gouvernementale de celui qu’on surnomme « le Gunter », sans trop savoir pourquoi, arrive demain, Egandji devra porter son « cadavre ». Au ministère de l’Energie et des Ressources hydrauliques, encore appelé ministère de la SEEG, Jeannot Kalima voit se renforcer ses cheveux blancs, la tristement incorrecte dame SEEG ne lui facilitant pas le job avec des coupures et des délestages sur toute l’étendue du territoire. Même les « covo dibemba » administrés aux syndicalistes par les militaires n’y ont rien changé. Conséquence, ils sont nombreux les « charognards » politiques téké d’Akieni qui lorgnent son poste.
Au ministère de la Culture, de la Jeunesse, des Sports et des Arts, Monsieur André Jacques Augand devrait avoir des soucis à se faire. Surtout en matière de sports où le Gabon n’arrive même pas à trouver la bonne formule pour lancer un championnat. Conséquence, le pays est obligé d’avoir recours aux sportifs gabonais de l’étranger avec les résultats que nous connaissons tous, notamment en ce moment des JO. Or, en matière de sport, comme ailleurs, on ne triche pas. C’est le travail qui paye. Nul ne peut le nier, le passage d’Augand à son département est un fiasco dont il faut vite tourner la page.
Au ministère de l’Environnement, Madame Arcadie Svetlana Minguengui Ndomba, épse Nzoma, a du souci à se faire avec ces éléphants qui continuent à semer la mort dans les villages. Le dernier cas en date étant celui d’une dame à Ekouk qui a poussé les populations de cette zone à envahir la Nationale I en mettant le feu sur la voie publique. Laurence Ndong, la ministre de l’Environnement et le général Ntossui y sont allés dans la précipitation pour éteindre le brasier…
Au ministère des Eaux et Forêts, on devra suivre le bras de fer entre le ministre originaire de Bitam, le général de brigade Maurice Ntossui, et ses syndicalistes maison. Ces derniers disent de lui qu’il serait arrogant, hautain et suffisant, fermé à la négociation. « Il est pire que Lee White », avait lancé la semaine dernière un des responsables syndicalistes chez l’un de nos confrères. Du pain béni pour les politiques de Bitam qui lorgnent son juteux poste. Reste à savoir si, à cause de cela seulement, Oligui Nguema va l’évincer…
Aux transports, le ministre a réussi à faire l’unanimité, ou presque, contre lui. Le capitaine de vaisseau Loïc Moudouma Ndinga ne sait plus où mettre la tête. De la marine marchande à Sogatra en passant par la Direction général des transports terrestres (DGTT), la grève est partout. Il semble que la brouille viendrait d’une affaire de primes non ou mal payées. Conséquence, son ministère tourne au ralenti…
Cela étant, nous ne disons pas que tous ceux qui sont cités ici et qui ont des bricoles au sein de leur ministère ou de leur patelin vont tomber, mais il est certain que plus de la moitié laissera des plumes. Revisitez cet article après le remaniement !
GPA