Présenté durant des années comme un grand stratège politique, il affirma même que Ping se serait servi de lui en 2016 pour battre Ali Bongo. Aujourd’hui, René Ndemezo’o Obiang n’est plus que l’ombre de lui-même. On peut même, avec le recul que permet l’histoire, se poser la question de savoir si on n’a pas trop fantasmé sur la capacité de nuisance de ce personnage qui commence sa descente aux enfers en politique suite à son fiasco chez lui à Bitam et dans la province du Woleu-Ntem présentée comme son fief politique, car humilié par un gamin qui plus est vient du parti au pouvoir, Tony Ondo Mba.
Lors de notre dernière parution, nous prédisions ce qui vient d’arriver à René Ndemezo’o et à son parti Démocratie nouvelle (DN) à Bitam et dans tout le Woleu-Ntem où il vient de ramasser la gamelle. D’aucuns avaient même pensé que nous soutenions son bourreau, le jeune Tony, et pourtant nous disions la vérité : « Aux législatives, nous avons, face à Tony Ondo Mba du PDG, Clotaire Edou Nkoulou des Démocrates, Patrick Mbele de l’Union nationale, Alain Mbeang Ondo du Rassemblement Héritage et Modernité, et Gaspard Obiang Nkoulou de Démocratie nouvelle. C’est vrai, argumentent certains, que le second tour des législatives peut panser les blessures du premier. Pour cela, il faudrait qu’elles ne soient pas trop profondes pour cicatriser en quinze jours. Des blessures qui feront très certainement l’affaire de Tony Ondo Mba du PDG. C’est là une configuration qu’aurait souhaitée Ali Bongo Ondimba à la présidentielle de 2016. L’accord du rond-point de Nkembo, le 16 août 2016, lui a rendu les choses plus que difficiles face à un peuple et son électorat galvanisés par le sursaut d’unité autour de Jean Ping et des candidats de l’opposition, Oye Mba, Nzouba Ndama, Ngoulakia. Ali Bongo a perdu dans les urnes. Tout particulièrement dans ce deuxième arrondissement où Mborantsuo a été contrainte, la mort dans l’âme, dans sa comptabilité travestie pour les besoins de la cause, d’éliminer anticonstitutionnellement 21 bureaux, sans reprendre les votes, deux mois après, au plus tard, comme l’exige la loi. Mais à Bitam, les choses s’annoncent plus aisées pour Tony Ondo Mba dans la commune. Il bénéficiera, à n’en point douter, de l’éparpillement des efforts de ses adversaires… En fait, Gaspard Obiang Nkoulou, le candidat de DN, a toutes les « chances » de mordre la poussière, demain (samedi 6 octobre), et d’entraîner un AVC politique à ce parti. En effet, on conçoit mal que la tête et le cerveau de ce parti, René Ndemezo’o Obiang, ne puisse récolter ni la députation ni la commune à Bitam-centre. Il peut se ramasser partout ailleurs, sauf là, chez lui, à Bitam. Et, manifestement, du côté du bord de mer de Libreville, on n’a pas lésiné sur les moyens pour permettre à Tony Ondo Mba de faire le break pour faire du petit bois de ce baobab – en l’abattant – qui a régné sur cette forêt du Ntem pendant plus de 30 ans. Et, comme on dit chez nous, la mort ne vient pas de loin. Tony Ondo Mba est l’un des fils de René Ndemezo’o Obiang ». Comme on le voit, nous avons vu juste. René est tombé sans résistance. « Un coup KO » comme le disaient certains candidats. A l’époque, lui-même avait comme slogan : « Biayi bera revoter ». Traduisez, nous n’allons plus revoter. Autrement dit, il n’y aura pas de second tour.
René Ndemezo’o, il faut le relever, en sort groggy par la chute de ses candidats. A Mitzic, un de ses ministres, Jonathan Ndoutoume, est passé à la trappe et voit ses chances d’être reconduit au prochain gouvernement, qu’Ali Bongo voudrait riquiqui, s’éloigner.
Avec cette cuisante défaite, René Ndemezo’o rentre de facto dans la confidentialité avec son parti et ne pourra plus jamais discuter en situation de force avec Ali Bongo. Pire, le ministre DN de Bitam, Patrick Eyogo Edzang, se trouve, lui aussi, en situation de fragilité. En effet, Bitam ne peut plus être représenté au gouvernement par un ministre qui non seulement se réclame de l’opposition, mais dont le candidat du parti a été défait par un militant du PDG. Le parti au pouvoir se trouve donc en droit de réclamer son « droit de cuissage » sur DN dont l’humiliation se passe de commentaire à Bitam et dans tout le Woleu-Ntem. D’aucuns affirment même sans le prouver certes, que l’actuel président du Conseil économique, social et environnemental aurait dealé le siège au PDG. Curieux tout de même que DN, qui, à lui seul, compte à Bitam un président d’une institution (son principal responsable) et un ministre (Patrick Eyogo Edzang) vienne à morde lourdement la poussière sur ses terres de prédilection. C’est un peu comme si Ali Bongo perdait le vote à G2. René Ndemezo’o vient de se faire hara-kiri. La défaite de son parti suppose de facto une redistribution des cartes dans le Woleu-Ntem et principalement à Bitam. Il lui faudra, s’il veut survivre, accepter de subir les futures humiliations que le dictateur émergent s’apprête à lui infliger.
Notre confrère Télesphore Obame Ngomo ne met pas de gants pour dénoncer René : « Doté d’une étiquette de fin stratège ou d’habile tacticien politique, la défaite de René Ndemezo’o Obiang marque la fin d’un mythe. En effet, en se faisant battre par un novice de la politique et dans une circonscription électorale qui devrait constituer son fief, le président de Démocratie Nouvelle signe quasiment la mort de son parti politique, voire de sa place dans le parti ».
Triste fin pour un personnage qui avait tout pour bien terminer sa carrière politique.
Bien fait pour lui