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Interview de Sosthène Nguéma-Nguéma, député de la transition et cadre de l’UN : « Je pense que l’archevêque était allé trop vite en besogne »

A quelques jours de l’ouverture du grand Dialogue national annoncé par le CTRI, le député du parlement de la Transition à l’Assemblée nationale et cadre du parti l’Union nationale (UN) Sosthène Nguéma-Nguema a bien voulu se prêter à nos questions lors d’une interview qu’il a accordée au soir du jeudi Saint. Nous lui souhaitons ainsi qu’à tous les chrétiens du Gabon et d’ailleurs, une excellente fête de Pâques.

Le Mbandja : Militant et cadre de l’Union nationale, désigné député de la transition à l’Assemblée nationale, comment faites-vous pour être continuellement sur le terrain, lorsqu’on connait l’état du régime pain sec des députés de la transition ?

Sosthène Nguéma-Nguéma : Déjà il faut noter que nous ne sommes pas à l’Assemblée nationale avec un mandat de nos partis, mais par la volonté du CTRI. Cela étant, il faut reconnaitre que la situation financière des députés de la transition est extrêmement difficile. Cette fin du mois encore, nous avons constaté une coupe drastique sur nos salaires. C’est d’autant plus difficile pour les députés ayant des bases politiques, et qui répondent aux sollicitations d’aides de la part de nos compatriotes en difficulté. C’est une situation difficile, mais nous avons accepté de faire le sacrifice pour ce pays que les PDGistes ont complètement détruit.

Mais comment le député Sosthène Nguéma Nguéma fait-il pour être constamment auprès de votre base à Oyem, et répondre à certaines préoccupations de ceux qui vous sollicitent ?

J’essaie de leur accorder de mon temps et d’une oreille pour s’imprégner de leurs préoccupations. Je fais de mon mieux mais j’avoue que je n’ai pas la prétention de penser que je puisse répondre totalement à tous les besoins. Ma base politique est assez mure et sait parfois comprendre que le député que je suis, peut aussi connaitre des moments difficiles.

On vous voit souvent sur le terrain. Avec quoi financez-vous vos activités politiques aujourd’hui ?

Il ne faut pas oublier que j’étais dans l’opposition, et j’ai toujours financé mes activités politiques avec mes propres moyens. Avant d’être député, je suis avant tout un consultant international et responsable d’un cabinet d’études. C’est à cette expertise que j’ai réalisé les études environnementales de la réhabilitation de l’Assemblée nationale. Et nous venons de boucler celles du projet des constructions du pont d’Ebel-Abanga, de deux Flyover et quatre passerelles à Libreville validées par la Deutshe Bank et la DGEPN…

Le fait d’être député de la transition n’a pas d’incidence sur votre cabinet d’étude ou votre expertise ?

Mon cabinet a perdu 1/3 de ses clients du fait de ce poste de député. Mais je tiens à apporter ma modeste contribution à la restauration des institutions de notre pays. Le Gabon est plus important que mon cabinet.

Parlant de votre contribution à la restauration des institutions, le Député, monsieur Nguéma Nguéma peut-il nous parler de ses activités depuis que vous êtes à l’ANT ?

Nous sommes aujourd’hui à notre deuxième session parlementaire au cours de laquelle les députés jouent pleinement leur rôle. En ce qui me concerne particulièrement, je suis en train de finaliser une proposition d’une nouvelle loi sur les parcs nationaux, que je soumettrai dans les tous prochains jours à mes collègues.

Vous êtes député de l’ANT, comment se passe la cohabitation avec les députés du PDG, lorsqu’on sait qu’ils ont mis le pays dans un état décrié par la population qui souhaite d’ailleurs leur effacement de la scène politique ?

Je ne suis pour l’effacement de personne. Mais j’avoue que ce n’est pas facile. Je crois que chacun dans cet hémicycle est conscient du rôle qu’il a joué dans l’état actuel du Gabon, et plus spécifiquement les députés de l’ancienne majorité. La Bible nous instruit que Dieu n’est pas pour la mort du pécheur. Mais que doit faire le pécheur pour sa rédemption ? Là est toute la question.

Le chef de l’Etat lors de sa prise de pouvoir avait suggéré l’idée d’une concertation nationale. Idée réaffirmée et mise en musique par le Premier ministre. Comment appréhendez-vous cette idée ?

Ce n’est pas à moi d’appréhender l’idée. C’est au chef de l’Etat de mesurer les enjeux et l’espoir que les Gabonais placent en cette rencontre. Moi j’espère simplement que le « GABON D’ABORD » sera dans l’esprit qui va animer tous les participants à ce dialogue et non les intérêts personnels et individuels. Pour cela, je souhaite que le Dieu tout puissant préserve le Gabon.

Le chef de l’Etat avait désigné l’actuel archevêque de Libreville Mgr Jean Patrick Iba-ba pour présider cette conférence. Etes-vous d’accord pour renouveler cette expérience avec le leader de l’Eglise catholique ?

Tirant les leçons de la conférence nationale d’avril-mai 1990, avec son prédécesseur Mgr Basile Mvé Engone et donc nous connaissons les résultats et les conséquences. Il suffit pour cela, de regarder l’état de notre pays aujourd’hui. Le peuple Gabonais tout entier regarde les hommes de Dieu qui ont la responsabilité de la réussite de ces assises, et plus particulièrement l’Archevêque de Libreville.

Lors des vœux au chef de l’Etat, l’archevêque de Libreville avait souhaité que la conférence soit souveraine. Les militaires ont dit non. Etes-vous d’avis ? Suite à ce désaveu, la position de l’archevêque est-elle encore tenable ou devrait-il reconsidérer son rôle ?

Je pense que l’archevêque était allé trop vite en besogne. Car l’idée du dialogue vient du CTRI après leur coup de libération, et non d’une pression populaire. Seul ce dernier peut donc donner la forme et format de cette rencontre. Après si ça marche, on dira bravo au CTRI, mais si ça échoue, il portera l’entière responsabilité devant Dieu et devant l’Histoire.

A regarder la liste des participants au prochain dialogue national, on a l’impression que certains acteurs ont été écarté, notamment ceux ayant participé aux différentes concertations depuis celle de 1990. Votre appréciation ?

C’est une très bonne approche de la part du CTRI. Je suis simplement surpris de voir certains de ceux-là apparaitre, pire en tant qu’expert. Expert de quoi, ou en quoi ? Surtout quand on connait la situation dans laquelle ces gens ont mis le pays.

Vous n’avez jamais participé à aucun dialogue, et pourtant votre nom et bien d’autres du même calibre que vous, ont également été écarté. Vous sentez-vous frustré ?

Non, le choix des participants incombe au CTRI. Retenez que nul n’est indispensable. Mon absence ou présence n’est pas aussi importante que ça, ce qui est important c’est le résultat qui en sortira. Je fais entièrement confiance à certaines personnes qui ont été désignées. Cependant les enjeux étant énormes et les attentes nombreuses, les gabonais doivent restés vigilants et être capables de dire qu’ils ne sont pas d’accord s’ils ne se retrouvent dans les décisions qui seront prises.

Le PDG s’est réuni au cours d’une journée de réflexion au Jardin Botanique la semaine passée. Et on sait que l’opinion est de plus en plus irritée de les voir de plus en plus avec le CTRI. Que pensez-vous de cette attitude ?

Pour moi, ceux que j’ai vu réuni au Jardin botanique la semaine passée, ne sont rien d’autres que les compatriotes PDGistes qui étaient prêts à faire couler le sang des gabonais pour se maintenir au pouvoir et conserver leurs acquis. Leur proximité m’irrite autant que les autres Gabonais, Mais c’est un choix que le CTRI assume.

Il y a également qui estiment qu’une partie de l’entourage du chef de l’Etat peut être nuisible à ce dernier et qu’il faut faire le ménage. Que pensez-vous de ceux qui le pensent ?

Effectivement beaucoup de signes inquiétant sont perceptibles dans l’entourage du président, qui est lui-même une institution qu’il faut préserver. Malgré cela, il revient au chef de l’Etat d’apprécier la collaboration de ceux qui l’entourent par rapport au ressentiment des Gabonais et de prendre ses responsabilités.

Que pensez-vous de ceux qui avant même la tenue de la concertation nationale, appellent déjà à la candidature du chef de l’Etat ?

Simplement du kounabelisme des partis politiques moustiques, qui n’ont rien d’autre à proposer. Moi je crois qu’il faut d’abord aider le chef de l’Etat à réussir la Transition. Car à beau jouer à ce jeu, si la transition échoue, c’est le chef de l’Etat qui sera indexé. Alors concentrons-nous pour la réussite de la transition, et laissons les calculs qui n’honorent pas ceux qui veulent jouer à ce jeu.

Dernière question. Sans présager de ce qui sera décidé au dialogue, combien de temps selon vous peut durer la transition ?

Le CTRI avait déjà donné la durée de la transition, je crois deux ans. Sauf que je me pose la question, si en mettant ce sujet comme le premier point à l’ordre du jour au dialogue, il n’est pas en train de se déjuger. On n’aurait compris si le dialogue était souverain, et que le CTRI souhaitait que le peuple décide. Espérons que la sagesse va prévaloir. Pour ma part peu importe la durée de la transition, il ne nous est permis d’échouer. Que le Dieu qui nous observe, bénisse le Gabon.

Monsieur Nguéma-Nguéma merci

Le merci est le mien.

GPA

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