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Législatives et Locales 2018 : La mauvaise moisson de l’opposition

Jean Massima, présenté comme victime, s’est finalement révélé être le bourreau de Guy Nzouba Ndama à Koula-Moutou. Même affaibli, le vieux ne s’est pas laissé tondre la laine sur le dos.

Si d’aucuns pourraient parler de débâcle, d’échec, voire de désaveu par rapport à la participation de l’opposition aux législatives et locales 2018, le contexte s’y prête objectivement. Les grands leaders de l’opposition et la masse de candidats et autres listes présentés aux locales aux populations a purement et simplement mordu la poussière alors que le PDG n’est pas à moins de 60 % de réussite dans l’ensemble à l’issue du premier tour et presque rassuré de passer au terme du second tour des législatives prévu le 27 octobre prochain.

De l’assurance des meetings à la réalité face au PDG

Après que la question de l’opportunité de la participation de l’opposition à ces élections avait été posée, les grandes formations politiques membres de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) de Jean Ping avaient fait délibérément le choix d’y aller, estimant « dangereux » pour le pays de laisser à la junte non seulement des centaines de postes de conseillers municipaux et départementaux, mais aussi les 143 sièges de députés. Pour eux, il fallait y participer pour bloquer le PDG. L’idée était qu’au regard du contexte post-électoral et de la crise économique et sociale actuelle, l’opposition allait facilement remporter les sièges face aux PDG et à ses satellites. Lors d’une tournée en septembre dernier à Koula-Moutou pour redynamiser les électeurs de 2016 afin de « confirmer » le vote sanction contre la junte-putschiste, le président du Rassemblement Héritage et Modernité (RHM), Alexandre Barro Chambrier, en était tout convaincu. « La crise que traverse notre pays et l’imposture au sommet de l’Etat qu’incarnent Ali Bongo et ses ouailles font que nous pouvons gagner. Parce que tout est à notre avantage. Et parce qu’il faut changer cette politique qui tire notre pays vers le bas en proposant une nouvelle vision pour le développement et l’amélioration des conditions de vie du peuple gabonais », avait-il dit.
Même son de cloche au Rassemblement pour le Gabon (RPG), chez Les Démocrates (LD) de Nzouba Ndama et à l’Union Nationale (UN) de Zacharie Myboto, derniers remparts de la « résistance » politique au régime Bongo. Pour ces formations politiques, il ne faisait plus aucun doute que ces législatives allaient voir émerger une majorité de candidats de l’opposition, notamment ceux se réclamant de la Coalition pour la nouvelle République (CNR). Dans cet élan, le RHM et l’UN avaient même scellé une alliance électorale et défendu un programme commun de gouvernement pour la période 2018-2023. Les affluences des meetings dans les grands quartiers étaient pour les uns et les autres des signaux forts d’un processus qui allait se solder par de bons résultats au soir du 06 octobre 2018.

Déroute totale

Si les partisans du changement peuvent se féliciter de l’échec cuisant et tonitruant de ceux qu’ils qualifient de « traîtres » à la cause du pays, notamment Michel Menga à Cocobeach, de la débâcle de Démocratie nouvelle (DN) dans le Woleu-Ntem ou encore le rejet populaire clairement exprimé à Mouila concernant Moukagni-Iwangou (Union et solidarité), il reste que ce sont symboliquement, malgré leur traversée pour la mangeoire émergente, des poids lourds du paysage politique gabonais qui ont été clairement laminés. Une fessée électorale qu’ils ne sont pas près d’oublier et qui pourrait réduire à quelques pointillés l’avenir politique des uns et des autres. Dans la logique des choses, la résonnance de ces noms dans ce qui était jusqu’au 05 octobre leur fief politique naturel, quel que soit leur positionnement politique actuel, devait être synonyme de victoire.
Mais l’échec concerne aussi ceux qui sont dans le camp de l’opposition dure ou radicale (CNR). Jadis leader incontesté dans le 4ème arrondissement de Libreville, Alexandre Barro Chambrier a été contraint au 2ème tour par le candidat du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) Séverin Pierre Ndong Ekomi, un jeune qui a fait les classes à ses côtés quand il était dans le camp du pouvoir. De même, l’inamovible ancien président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, a été, quant à lui, complètement battu au 2ème arrondissement de Koula-Moutou (sud-est) par le très « vénéré » Jean Massima du PDG. L’autre ténor de l’opposition qui a subi la désillusion est Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, ancien porte-parole de l’opposant Jean Ping. Le candidat de l’Union nationale (UN, opposition radicale) n’a pas fait mieux que l’indépendant Franck Nguema, admis au 2ème tour avec le candidat du PDG Joseph Minko Olenga dans le 2ème arrondissement d’Akanda, au nord de Libreville.

 

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