Le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire (GTDA) a jugé, dans un avis adopté en sa quatre-vingt-neuvième session tenue du 24 novembre 2020, que la privation de liberté de Brice Laccruche Alihanga, Grégory Laccruche Alihanga, Patrichi Christian Tanasa, Julien Engonga Owono et Geaurge Ndemegane Ekoh est arbitraire et demande leur mise en liberté, tel est en résumé le contenu de la conférence de presse tenue le 26 décembre 2020 par Me Anges Kevin Nzigou, avocat des cinq personnes susmentionnées.
Brice Laccruche Alihanga, Grégory Laccruche Alihanga, Patrichi Christian Tanasa, Julien Engonga Owono et Geaurge Ndemegane Ekoh sont placés en détention à la prison centrale de Libreville depuis plus d’un an pour détournements de fonds, à la suite d’une opération anti-corruption dénommée Scorpion. Me Ange Kevin Nzigou avait saisi le GTDA afin qu’une opinion soit émise par cette institution, vu que toutes ses demandes de mise en liberté, basées sur des violations flagrantes des procédures judiciaires, avaient été rejetées.
A l’issue d’un examen très attentif et d’une procédure parfaitement contradictoire, le GTDA a émis son avis, en date du 24 novembre dernier. Selon l’ONU, la situation de ces cinq prévenus viole la déclaration universelle des droits de l’homme, le pacte international relatif aux droits civils et politiques et la charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Leur détention est arbitraire en ce qu’elle est contraire aux articles 9 et 10 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et aux articles 9 et 14 du Pacte International relatif aux droits civils et politiques. De plus, « le groupe de travail considère qu’un ensemble important de preuves a été développé ces dernières années sur les conditions de détention extrêmement mauvaises au Gabon…Le groupe de travail demande instamment au gouvernement de libérer immédiatement les cinq personnes et de veiller à ce qu’elles reçoivent le traitement médical nécessaire ».
Le gouvernement Gabonais va-t-il se soumettre aux recommandations de cette institution onusienne ? Difficile de donner une réponse à cette question.
Toujours est-il que dès janvier prochain, Gabon fera son entrée au Conseil des droits de l’homme de l’Onu pour un mandat de trois ans. Au cours de son mandat, le Gabon devra davantage améliorer ses instruments et respecter des standards élevés en matière de droits de l’Homme, comme l’exige la résolution de mars 2006 créant le Conseil. L’affaire BLA, Patrichi Tanasa et les autres montrera jusqu’où le Gabon est prêt à aller dans le respect des conventions qu’il a librement choisi de ratifier.