Lancé à grand renfort de communication le 22 décembre 2014 par BOA, le projet GRAINE a absorbé près de 100 milliards de FCFA (dont au moins 64 milliards de prêt attribués par la Banque Africaine de Développement (BAD), le reste financé en mode PPP ou par la commande directe pour l’achat des Caterpillar, le fonctionnement, etc.).
Cinq ans plus tard, le régime n’en parle plus clairement et officiellement : l’argent a disparu, les planteurs à qui on avait promis des salaires et le statut d’exploitant agricole sont médusés, le recours aux pesticides, salut les AVC, etc.
Un énième gros échec de BOA
L’agriculture doit être « non pas un discours, mais une pratique » avait déclaré ABO dans son discours du lancement du projet GRAINE ; Projet qui devait faciliter l’obtention accélérée des permis agricoles, le préfinancement des coopératives, l’octroi de crédits à taux préférentiels, la couverture CNAMGS et la garantie d’achat de la production par le partenaire SOTRADER. Des salaires d’encouragement à hauteur du SMIG avaient même été annoncés pour inciter les jeunes sans emploi à s’y intéresser rapidement. L’engouement suscité a laissé place aujourd’hui. Mieux, l’Etat s’est endetté (64 milliards FCFA) la dépense alimentaire du Gabon explose de plus belle (250 milliards en 2009 à plus de 800 milliards en 2019).
Les investissements annoncés (pas souvent dégagés) ainsi que les prêts consentis par les partenaires visaient de l’entreprenariat agricole des jeunes et des femmes, des actions de formation, d’organisation et de professionnalisation des bénéficiaires. Le bilan aujourd’hui est lourdement catastrophique.
Un point de vente pour masquer l’échec
Pour sauver la face, le régime annonce l’ouverture, après 5 ans, d’un premier petit point de vente à Libreville des produits supposés venir des « plantations GRAINE » à travers le pays. C’était le 23 août dernier au quartier Louis. Quelle honte ! En réalité, ce point vert ne garantit aucune traçabilité sur l’origine de ces produits, majoritairement importés du Cameroun voisin. Il s’agit d’un vrai contournement par la Mairie de Libreville et SOTRADER. Ce point vert, et d’autres encore « promis », permettront tout simplement aux commerçantes de la commune d’écouler les produits agricoles dans des espaces adéquats, au lieu d’occuper les trottoirs de façon anarchique. D’autres entités comme l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire AGASA) vont aussi contribuer dans ce projet. Il ne s’agit donc pas en soi d’une vraie politique de commercialisation des prétendus récoltes de la GRAINE. Les plantations souvent labélisées GRAINE sont pour l’essentiel issus d’un autre programmes du ministère de l’Agriculture comme dans le Woleu-Ntem. C’est le cas du Programme de Développement Agricole et Rural (PDAR) qui aura coûté des centaines de fois moins chère au contribuable (8 milliards de FCFA contre les 100 milliards de SOTRADER) mais qui a eu mille fois de vrais résultats. En mars 2018, le bilan révélait que le PDAR avait touché, dans le Woleu-Ntem 318 villages, 730 groupements de producteurs encadrés dans toute la province, et 858 micro projets financés. Il portait sur la culture du manioc et de la banane douce, entre autre.
Défrichées avec des Caterpillar sans respecter les normes agricoles (sol), les plantations d’Olam sont mortes dans plusieurs villages. C’est ainsi que dans les provinces de la Ngounié, de l’Ogooué-Ivindo et du Woleu-Ntem, les localités de Ndendé, Makokou et Oyem notamment, des plantations cultivées dans le cadre des coopératives autonomes ont été rebaptisés projet GRAINE du jour au lendemain pour étoffer ce projet et justifier les décaissements de fonds. Sur l’ensemble du territoire, de manière cumulative, 453 coopératives avaient été enregistrées au sein des localités citées. Sur ce nombre, seul 75 coopératives avaient démarré déjà en activité et exploitent seulement 837,5 ha de terre dans tout le Gabon. Les 378 coopératives restantes sont en arrêt.