C’est par une annonce laconique sur sa page Facebook que le « Bantou » Jean de Dieu Moukagni Iwangou, ministre d’Etat en charge de l’Enseignement supérieur et président du parti Union et solidarité (US) a annoncé son retour sur le débat politique via les réseaux sociaux le mercredi 12 décembre 2018. Ceci sept mois après son entrée au gouvernement et après le fiasco de son parti US aux élections législatives et locales où il a lui-même ramassé la gamelle à Mouila.
«Je reviens sous peu. A partir de lundi.
En prolégomènes à mon retour dans le débat politique, que j’ai délibérément suspendu, ma conviction profonde au terme de la petite expérience que je viens d’éprouver aux hautes responsabilités du pays, m’incline à penser, que notre pays survivra par ceux qui jettent des ponts, et non par ceux qui dressent des murs. En son temps, j’ai proposé un Agenda de sortie de crise. J’ai été incompris. Aujourd’hui, je suis heureux d’entendre des appels sans limite au rassemblement. » Dixit le bantou.
Au plus fort de la controverse suscité par son entrée au gouvernement, le bantou avait précisé qu’il acceptait d’aller travailler aux côtés du dictateur émergent par l’absence d’une majorité à l’Assemblée nationale au Gabon et que si au sortir des législatives, son parti n’avait pas la majorité, il quitterait le gouvernement. On peut donc supposer au regard de sa sortie inopinée, que l’homme va certainement coller à sa logique. D’autant plus qu’il sort tout de même avec une phrase forte : « Notre pays survivra par ceux qui jettent des ponts et non par ceux qui dressent des murs ».
Au moment où, si on n’y prend garde, le Gabon risque d’aller vers des lendemains incertains, au regard de l’état de santé du chef de l’Etat, de l’activisme de son entourage immédiat sans oublier celui de Mborantsuo, nul doute que Moukagni va revenir à ses anciens amours.
Certes sa déclaration a suscité une véritable levée de boucliers sur les réseaux sociaux où de nombreux compatriotes ne lui ont pas caché leur inimitié. Mais il reste tout de même que l’humilité et la capacité de s’adapter à différentes situations sont le propre de tout homme politique. Déjà certains compatriotes soupçonnent que la sortie de Moukagni est une sorte d’anticipation de sa future sortie du gouvernement où il n’aurait plus sa place. Ce serait alors ignorer qu’il avait lui-même prévu sortir dès la mise en place de la nouvelle Assemblée nationale.
Ils sont nombreux ceux qui attendent déjà qu’on soit à lundi, pour lire ce qu’écrira le bantou le plus célèbre du Gabon. Au-delà de sa probable sortie du gouvernement, se penchera-t-il sur les sujets de l’heure, notamment la dernière modification de la Constitution par Cour constitutionnelle, l’incapacité d’Ali Bongo à désormais assumer sa charge et l’appel à la vacance à la présidence de la République… ?
Après sept mois de présence au gouvernement, le président de l’US va se livrer à un exercice risqué mais nécessaire pour lui, s’il veut bien se repositionner sur l’échiquier politique et dans les rangs de l’opposition, son « concubinage politique » avec le régime d’Ali Bongo, avouons-le, ayant été un échec. Pas un seul élu lors des élections législatives et locales du 6 octobre dernier.
Reste à savoir s’il maintiendra intacts les ponts qu’il a jeté vers le régime et en jeter de nouveau vers le clan Jean Ping. Moukagni qui se réjouit de constater que : « En son temps, j’ai proposé un Agenda de sortie de crise. J’ai été incompris. Aujourd’hui, je suis heureux d’entendre des appels sans limite au rassemblement ». Jusqu’à ce jour, notre pays n’a toujours pas fait le deuil des tueries du 31 août 2016 encore moins sortie de la crise qui en est née.