Pour certains, Jean Rémy Yama (DU) fait dans la politique en osant demander de discuter directement avec Ali Bongo. Mais, enfin, qui ignore dans ce pays que c’est le président de la République auto-proclamé qui décide de tout ?
En 2003, n’est-ce pas Omar Bongo lui-même qui avait annoncé les conclusions du dialogue social (trêve sociale 2003-2006) sans même attendre que le processus n’aille jusqu’au bout ? En 2014, n’est-ce pas Ali Bongo qui avait annoncé le nouveau système de rémunération sans attendre que le dialogue d’Angondjé n’aille jusqu’au bout ? Et là, en avril 2019, à qui veut-on faire croire que Julien Nkoghe Bekale peut prendre une quelconque décision engageant l’Etat gabonais au plan financier sans que cela ne soit Ali Bongo lui-même qui l’annonce à son « petit monde » pour l’appliquer immédiatement ? Dans le contexte budgétaire actuel, où Nkoghe Bekale va-t-il aller prendre de l’argent pour financer de nouvelles mesures sociales (rappel de solde, nouveaux recrutements à la fonction publique) alors que la tendance des émergents est de s’en prendre aux dépenses sociales (bourses, salaires) ? Une question qui montre que Julien Nkoghe Bekale fait plus dans la distraction politique et non dans la construction d’un dialogue social pour apaiser le pays et rendre, enfin, aux Gabonais la justice sociale tant attendue d’Ali Bongo depuis des années.
Si ceux qui veulent discréditer cette décision de Dynamique unitaire savent qu’Ali Bongo n’est plus là pour décider, qu’ils soient alors conséquents avec eux-mêmes !
Ali Bongo, établi au pouvoir par la France néo-coloniale, sans légitimité depuis 2009, n’a jamais voulu ni de dialogue politique, ni de dialogue social inclusif. Le simulacre de dialogue politique façon-façon organisé en avril 2017 en est une parfaite illustration.
Le déroulé de ce dialogue (phase I, citoyenne, et phase II, politique) avait déjà l’air d’un refus d’entendre directement le « peuple » lui parler, lui dire sa misère sociale au quotidien, conséquences de son incompétence à la tête du pays. Le partage de postes qui avait suivi avec ses « amis » dialogueurs d’Angondjé avait fini par convaincre les derniers sceptiques que ce type-là ne cherche qu’à arranger ses intérêts personnels pour rester longtemps au pouvoir : René Ndemezo’o Obiang au Conseil économique et social avec deux postes au gouvernement pour ses proches ; Séraphin Ndaot, président confirmé du Conseil national de la démocratie avec un poste pour sa fille au gouvernement ; Maganga Moussavou nommé vice-président de la République et un poste pour son fils au gouvernement… pour ne citer que ces quelques « opposants » les plus en vue qui l’ont rallié dans son « monologue » d’Angondjé.
Le deuxième dialogue social organisé au stade chinois d’Angondjé, devenu donc le mythique lieu des « monologues de l’émergence », n’avait accouché de rien du tout. Il avait fallu qu’Ali Bongo lui-même annonce, en prenant de court son propre gouvernement enlisé et incapable de convaincre les syndicalistes, des mesures sociales en marge de ce dialogue : un nouveau système de rémunération.