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Nomination de Marie Madeleine Mborantsuo comme président honoraire de la Cour constitutionnelle du Gabon : Sublime humiliation

Mon général, la place de cette dame est en prison. Elle a du sang entre les mains.

Séisme à Libreville et dans le reste du pays suite à la nomination de Marie Madeleine Mborantsuo comme président honoraire de la Cour constitutionnelle du Gabon. Les Gabonais, dans leur ensemble, n’ont rien contre la personne de cette dame, mais cette nana renvoie malheureusement aux heures sombres de l’histoire du Gabon. En effet, c’est elle qui était chargée de légaliser les hold-up électoraux des Bongo de père en fils. Elle a donc le sang des gabonais entre les mains. Maintenant, si, par extraordinaire, elle a joué un rôle dans la réussite du coup d’Etat, Oligui Nguema gagnerait à lever un coin du voile à ce niveau afin que les Gabonais, qui ne sont pas des moutons, puissent accepter ou refuser en connaissance de cause…

C’est acté ! L’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle du Gabon, dame Marie Madeleine Mborantsuo, vient d’être nommée président honoraire de la Cour constitutionnelle de transition du Gabon. Après avoir été balayée par le CTRI de la tête d’une institution taillée à sa mesure et où elle aura passé 31 ans et 11 mois sans discontinuer, elle revient par la petite porte, rapporte le quotidien progouvernemental L’union dans sa parution du mardi 24 janvier 2024. Une information qui a soulevé un sentiment d’indignation, de frustration et d’humiliation au sein de la population qui ne porte pas particulièrement cette dame dans le cœur. « Madame irrecevable », comme on la surnomme du fait qu’elle prenait plaisir à rejeter les recours des opposants toujours du sceau frappés d’« irrecevabilité » alors que l’institution qu’elle coquait à l’époque était qualifié de « tour de Pise » qui penche toujours du même côté, celui du pouvoir en place dont elle était une illustre actrice incontournable.

Les juristes de la transition, pour justifier la mesure prise, disent qu’elle se baserait sur les dispositions de l’article 15 b-3 (loi organique n° 003/2018 du 30 juillet 2018) qui stipule que « les anciens membres et les anciens présidents de la Cour constitutionnelle dont la notoriété est reconnue par leurs pairs ou par les autorités de nomination sont membres et présidents honoraires de la Cour constitutionnelle.

Un décret du président de la République matérialise cette distinction… ». Si cette disposition tient la route, il convient de rappeler que nous sommes en régime d’exception. Autrement dit, la Constitution de la République étant suspendue, aucune disposition concernant les anciens membres de la  Cour constitutionnelle déchue au matin du 30 août 2023 dernier, ne s’applique en période de transition jusqu’au retour du fonctionnement normal et régulier des institutions.

Sur le plan légal, la nomination de Mborantsuo n’étant pas prévue par la charte de la transition, elle n’a aucune valeur juridique ou politique. Même si on parle de « coup de la libération », on ne peut pas nier que la prise du pouvoir par les hommes en uniforme, même sans effusion de sang, est tout de même un coup d’Etat. Et lorsqu’on parle de coup d’Etat, on parle de mise en marge des textes et des institutions constitutionnelles et républicaines. Par dignité, Mborantsuo gagnerait à repousser l’offre et à solliciter la contrition du peuple qu’elle a tant martyrisé et humilié. Et, nous le savons, le peuple gabonais n’est pas difficile. Certainement qu’il pourra lui accorder sa rédemption.

 

A quoi joue le Gl Brice Clotaire Oligui Nguema ?

 

A un très mauvais jeu, pour ne pas dire un jeu dangereux qui consiste à avoir comme convives à la même table du banquet le diable et des saints. Or, Oligui Nguema, qui est très assidu à l’Eglise catholique, s’il a bien fait son catéchisme, doit savoir que les livres théologiques enseignent qu’on n’accorde pas le pardon à Satan. On n’arrive donc pas à comprendre son jeu qui consiste à mélanger les torchons et les serviettes.

Le président de la transition, qui a pris le pouvoir les armes à la main afin de doucher les ambitions de son oncle Albert Ondo Ossa, doit dire aux Gabonais avec quel évangile le CTRI fonctionne. Mieux, s’il a pris le pouvoir par convenance personnelle ou pour réellement libérer le Gabon de la dictature des Bongo-Mborantsuo. Oligui Nguema dit avoir lu Machiavel. Nous aussi. Mais, au-delà de Machiavel, nous avons aussi lu Montesquieu qui enseigne que « le juste qui se met du côté du criminel devient lui-même criminel et la victime un héros ». Combien de Gabonais sont tombés du fait des mauvaises décisions de la tour de Pise ? Combien ont été humiliés sans ménagement et avec le plus grand mépris par Mborantsuo et ses hommes, convaincus qu’ils étaient à l’époque, qu’étant du côté du pouvoir, il ne leur arrivera rien ? En prenant fait et cause pour Mborantsuo, via cette réhabilitation, on comprend que soit Oligui et le CTRI nous cachent des choses, soit qu’il y a des non-dits en ce qui concerne leur prise de pouvoir. Oui, la promotion de Mborantsuo sur la base d’aucun texte de la transition est perçue comme une sublime humiliation par la majorité des Gabonais. Alors, dans ce cas, Sylvie Aimée Marie Valentin et ses enfants n’ont rien à faire en prison. Il faut les libérer.

A la limite, Sylvie Aimée Marie serait même traitée avec plus de considération du fait qu’elle pouvait traiter les Gabonais comme elle voulait, car n’ayant aucune attache patriotique avec le Gabon. Ce qui n’est pas le cas de Mborantsuo, Gabonaise de souche et qui, avec le mépris qu’on lui connaît, a laissé, sinon participé à la mise à sac de ce pays par le régime déchu au matin du 30 août. Pire, c’est avec le faux cachet de Sylvia qu’elle s’est fait joyeusement renommée à la tête de son institution au terme de son dernier mandat. C’est doit être poursuivi pour haute trahison. Visiblement le CTRI affectionne et décore les présumés délinquants du temps de la rénovation et de l’émergence…

A supposer même que le texte visé soit valable, il y est également écrit : « Toutefois, la Cour constitutionnelle, statuant à la majorité des deux tiers des membres en fonction, peut retirer la qualité de membre honoraire à un ancien membre de la Cour constitutionnelle dont la conduite porte atteinte à la dignité que confère l’honorariat. » 31 ans durant à la tête de la Cour constitutionnelle,  quel est l’acte posé par cette dame pour lequel, le peuple gabonais devra lui témoigner sa compassion et honorabilité ? D’ailleurs à ce niveau, l’allégorie des chasseurs et du gibier racontée à Oyem par Brice Clotaire Oligui Nguema est assez parlante. Cette dame était déterminante dans la manière dont « le gibier » Ali Bongo réussissait à s’échapper des filets de Mba Obame, Jean Ping et Ondo Ossa. Quel deal a-t-elle ficelé avec le CTRI pour non seulement échapper aux mailles de la Justice qu’elle a tant méprisée, mais aussi pour glaner un titre honorifique ? Le peuple reste groggy et s’interroge !

Avant Mborantsuo, Oligui Nguema avait déjà nommé le très impopulaire camarade Jean François Ndongou comme président de l’Assemblée nationale de transition, suivi d’une vague de nominations au sein des institutions et de l’administration centrale de nombreux cadres ou soutiens impopulaires de l’ancien régime à l’exemple de Gervais Oniane qui battait campagne pour l’emprisonnement de Barro Chambrier et Ondo Ossa… Conséquence, « le coup de libération du 30 août » se transforme, peu à peu chaque jour que Dieu fait, en coup d’humiliation et d’indignation pour les Gabonais. Celui qui est allé se présenter à Oyem, chez ses oncles, comme l’unique candidat fang à la prochaine présidentielle gagnerait à rectifier le tir, car les Gabonais n’auront pas du mal à constater que la dictature de l’émergence a été remplacée par celle du CTRI.

Nous convoquons à nouveau Montesquieu qui enseignait qu’« au soir de la libération, on n’embrasse pas les collabos, on les fusille ». Le Gabon a aboli la peine de mort, mais cette dame là mérite la prison et la gloire.

 

Guy Pierre A

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