L’annonce, pour le 12 avril 2025, de la tenue de l’élection présidentielle semble embraser bien des esprits retors. De par le titre de cet article, d’aucuns auraient, peut-être, pensé que cette annonce mettrait le feu aux poudres pour causer un embrasement, au sens propre du terme, du pays. Aussi préférerions-nous usiter le terme emballement.
Car, en réalité, c’est de cela qu’il s’agit. Dès qu’on parle d’élection, notamment présidentielle, au Gabon, les (fous) cerveaux s’allument, les cœurs s’emballent, les yeux s’écarquillent comme un jeune célibataire qui a vu les fesses d’une femme nue. Bien avant l’annonce de la tenue de la présidentielle au 12 avril, les esprits – toujours les mêmes – étaient même déjà en ébullition : appels à candidature par ci, motion de soutien par là, création d’associations et de mouvements ailleurs… « …on va faire une pancarte avec sa photo dessus sur laquelle on va écrire appel à candidature. Comme ça, nous aussi nous allons avoir les mallettes qui circulent là… ». C’est ainsi que j’ai entendu des jeunes du quartier Alibandeng raisonner. Si des jeunes désœuvrés des bas quartiers raisonnent déjà ainsi dans leurs chaumières, on n’imagine pas ce que concoctent, dans leurs salons feutrés d’Akanda, les hauts et fins stratèges politiques pour soutirer le maximum au présumé candidat du CTRI.
Même la corporation n’est pas en marge. On connaît la formule consacrée : « la presse se retire… ». Autrement dit, il faut abouler « l’argent du taxi ». Surtout au moment où elle attend la fameuse subvention de l’Etat qui tarde à venir.
Et c’est ce qui est bien dommage dans notre chère République gabonaise. Au fond, personne ne pense à l’autre. Personne ne pense réellement au bien du pays. Tous les beaux discours sur le bien-être des Gabonais, sur le développement du Gabon ne sont des artéfacts, des circonvolutions littéraires, des rhétoriques creuses, du pur verbiage, des facondes inutiles pour bien baiser et le peuple et les tenants du pouvoir et s’enrichir davantage et le plus vite possible. « Hier, nous volions avec des pelles, aujourd’hui les jeunes, notamment les Emergents et autres Ajéviens (ndlr) volent avec des tractopelles », aurait déclaré un jour, publiquement, un ex-baron du régime d’Omar Bongo, Tonton associé pour ne pas le citer. C’est ce qui explique les nombreux détournements qui éclatent ces jours sous le règne du CTRI qu’on pensait être venu pour résorber ces tares. Hélas !
Lors du dernier Conseil des ministres, la date pour la présidentielle a été publiée. Ce qui veut dire quoi ? Qu’à partir de la semaine prochaine, tous les loups vont sortir du bois. Plus personne ne pourra faire l’économie de ses ambitions. Les pro Oligui qui appellent déjà à sa candidature vont compter leurs soutiens. Les anti-Oligui vont certainement former un front commun autour de Bilie-by-Nze et Pascaline Bongo. Et ceux qui estiment qu’il ne s’agit là que des filles et fils d’un système, le système Bongo, vont certainement prospecter une troisième voie. Noël Bertrand Boundzanga ne se cache plus pour dire qu’il aimerait être le leader de cette troisième voie, car faisant partie de ceux qui estiment qu’il n’est pas question d’amalgamer entre ceux qui ont mis ce pays dans l’Etat où il est et ceux qui se battent pour que les choses changent et aillent dans le bon sens. Et le message qu’envoie le CTRI reste brouillé à cause de son alliance incestueuse avec l’ancienne dictature PDG…
L’élection présidentielle 2025 à venir va être encore une bonne occasion pour les kleptocrates de la République, les opportunistes, profito-situationistes, félons et autres fourbes du même acabit de trahir, de se muer en renégats, d’enfumer les naïfs… Tout ça pour un seul et funeste dessein : se remplir leurs propres poches et leur seule panse.
Hippolyte Bitegue