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La chronique politique de Beauty Nana Bakita Moussavou/Transition gabonaise : Une copie pâlichonne ?

Le 30 août 2023, les Gabonais ont été brutalement sortis de leur sommeil. Les militaires gabonais, jusque-là mollassons, anti-républicains, au service exclusif du voleur tous azimuts Ali Bongo Ondimba et sa bande, viennent de débarquer ces derniers du pouvoir. Le peuple, qui n’attendait pas une telle prouesse de nos « hommes en kaki », est spontanément descendu dans les rues de Libreville pour saluer cette bravoure qui le libère de près 60 ans de dictature du clan Bongo imposé au peuple gabonais par l’impérialisme français.

Les Gabonais ivres de joie

Au petit matin du 30 août, la bande à Ali est démantelée par les militaires à la tête desquels Brice Clotaire Oligui Nguema, neveu d’Omar Bongo Ondimba et serdeau de la cour du roi. Pour cause, Ali Bongo et ses complices acharnés contre les Gabonais viennent, nuitamment et clandestinement, de rendre officiels les résultats de l’élection présidentielle de 2023. Des résultats falsifiés, une fois de plus, une fois encore, comme en 2009 et en 2016, en sa faveur.
Alors, les guêpes cruelles foncent sur les abeilles chargées de miel. Les arrestations pleuvent. Les banques domestiques sont démantelées. Les découvertes sont incognoscibles, parce que hors des limites des standards de l’entendement d’êtres humains normaux. « Des banquiers domestiques » et leur butin, se chiffrant en centaines de milliards, sont arrêtés.
Pendant que les retraités peinent à recevoir leurs maigres pensions et demandent que leur soient versés les émoluments liés aux services rendus, pendant que les allocations d’études des élèves et des étudiants restent impayées, des coffres-forts dans les chambres de maisons d’habitations et des conteneurs « puent le soufre ». Mêmes des cercueils vont servir macabrement de banques.
Tous « les maladroits habiles » du bord-de-mer sont appréhendés et, avec eux, leur fortune de boue, sale, salissante, puante et honteuse. Ali Bongo Ondimba est assigné à résidence surveillée, loin de son fils adoptif et de sa soi-disant épouse. Cette fameuse épouse qui a nié son union maritale avec Ali Bongo Ondimba lors de son face-à-face avec Brice Laccruche Aliahanga.
Le monde entier s’étonne de la capacité de nuisance de ces damnés. « Les kongosseurs » déclarent avoir vu 723 milliards chez les membres de la youg team, 200 000 milliards chez la guêpe blanche, 450 milliards chez Alain Claude Bilie-by-Nze. Des villas hollywoodiennes et parcs automobiles impressionnants et insolents tutoient la raison. Selon les « fakes news », certains barons ont été pris en flagrant délit de tentative de fuite. En effet, leurs maquillages suffisamment sophistiqués n’ont pas corrompu la vigilance des forces de sécurité et n’ont pas permis leur passage à travers les mailles du filet militaire.

Le général Oligui apparaît comme un parangon de justice

La prison se dépeuple de ses bons et mauvais locataires. Jean Rémi Yama, détenu injustement des années durant, en est élargi. Des mauvais locataires aussi. Certains voleurs du PDG et de l’Ajev ont également recouvré la liberté à la surprise générale. La nature ayant horreur du vide, leur remplacement numérique a été vite opéré. Le 19 septembre 2023, l’« impoli » Nour-Ed-Din Bongo Valentin a été auditionné et jeté à « Sans-famille », non pas pour avoir « injurié trois fois le général Oligui », mais pour des crimes et forfaits commis contre le Gabon. Avec lui, sa bande de criminels, de renégats, de voleurs et de violeurs. C’est à « Sans-famille » que le même Nour-Ed-Din Bongo Valentin et sa bande avaient jeté, en leur temps, Brice Laccruche Aliahanga et sa bande le 29 octobre 2019. Nous reprenons volontairement cette sagesse humaine énoncée par Anne Barrantin qui conseillait que « tout ce qu’on peut faire de plus intelligent c’est de ne jamais accuser les autres quand soi-même on est un sujet failli ». Pour que la cohabitation entre ces deux bandes mafieuses ne soit pas difficile à gérer dans cet établissement pénitencier, le général Oligui s’est empressé de libérer la bande à Brice Laccruche Aliahanga.

Une écharde dans le pied du Gabonais

Les Gabonais sont ivres de joie. Une situation ad hoc s’ouvre devant eux. Comment ne pas l’être lorsque nous savons que, pendant près de 60 ans, le Gabonais a été piétiné, humilié et chosifié par la famille Bongo et ses marionnettes au service de l’impérialisme français pour s’assurer la mainmise, le pillage systématique et intégral des ressources du pays ? Ce long règne sans discontinuer est aussi le fait de penchants pantagruéliques pour l’ésotérisme et le satanisme des Bongo exacerbé par des marabouts venus de partout, principalement du Bénin.
Durant ce long règne, les Bongo, leurs marionnettes et leurs marionnettistes hexagonaux n’ont fait que la politique pour des raisons de conservation de pouvoir, le confisquer pour se servir au lieu de l’utiliser pour servir le peuple. Les Gabonais gueusants, déclassés au rang de mendiants et de nécessiteux ont salué l’acte des militaires qui vient de leur retirer une grosse épine du pied, de les sortir de cette gueuserie qui tendait à devenir centenaire si cette forfaiture électorale de 2023 avait prospéré. Dans ce sens, l’analyse de la pratique et la pratique de l’analyse militent pour dire que nous venons de sortir d’une situation difficile qui se serait davantage aggravée si Nour-Ed-Din Bongo Valentin avait accédé au fauteuil présidentiel que lui prédestinait sa mère adoptive, la Veuve noire Sylvie Aimée Marie Valentin.
Car, nous l’avions déjà dit, « en grammaire, lorsque deux verbes se suivent, le second se met à l’infinitif. Au Gabon, quand deux Bongo se succèdent à la tête du pays, le suivant se met au superlatif. C’est-à-dire plus voleur, plus pilleur des richesses du pays, plus détourneur des fonds publics, plus méchant, plus dangereux. Et comme le disait Salomon dans les Saintes Ecritures, « ça-là, c’est mal ! ».

Le Gabon, notre pays, sort de loin

De 2018 à 2023, nous avons vécu dans un pays où nous ne savions pas qui gouvernait pendant tout ce temps. Et, toujours selon les Saintes Ecritures, « quand nous vivons dans un pays où nous ne savons pas qui gouverne, Salomon dit, « ça-là, c’est mal ». Effectivement, Ali Bongo Ondimba a déclaré dans un discours prononcé devant ses militants avoir été absent cinq ans durant. Pendant ce temps, le Gabon a fonctionné en mode figuratif, ne sachant officiellement pas qui gouvernait. Dans un Etat monarchique, la régence est la gouvernance d’un État par un régent en cas d’incapacité, d’absence ou d’empêchement du souverain, ou durant sa minorité. Sylvia Bongo a assumé ce rôle en l’absence de son soi-disant époux et surtout en attendant l’accès au pouvoir de son pseudo fils. Aidé en cela par la tour de Pise de Marie Madeleine Mborantsuo qui lui a offert, rubis sur l’ongle, l’« indisponibilité temporaire du chef de l’Etat ». Une véritable humiliation pour les Gabonais !
Cette période de régence fut catastrophique. Sans aucun mandat électif ni responsabilité officielle, la régente Sylvia Bongo a présidé des Conseils des ministres devant ce gueulard de Bilie-by-Nze. Elle gouverné les finances publiques, commandé l’armée. Elle a promu aux hauts postes de commandement dans l’administration civile et militaire.
L’écharde était profondément incrustée dans les pieds des Gabonais et faisait horriblement mal. De 1967 à 2023, l’extraction n’a pas été facilitée à cause de ceux-là mêmes qui, comme par magie, ont réussi à éjecter Ali Bongo Ondimba du perchoir. Il s’en est allé, avec lui, la régente, le futur souverain et leur bande de loubards au comportement asocial. A l’observation, le CTRI est-il sur la bonne pente ?

Le PDG ne peut être la solution au problème gabonais dont il est à l’origine

Doit-on assister à l’application de la pratique bongoïste selon laquelle quand deux Bongo se succèdent à la tête du pays, le suivant se met au superlatif ? Rappelons que le Gl Oligui Nguema est le neveu d’Omar Bongo Ondimba, le chantre de la corruption, du népotisme, de la géopolitique barbare, du piétinement des lois et de la stagnation sociale et économique. Si la pratique bongoïste au sommet de l’Etat est maintenue et respectée, alors nous aurons un Oligui Nguema plus pilleur des richesses du pays, plus détourneur des fonds publics, plus méchant, plus dangereux. Prions que ça ne soit le cas et qu’il soit l’exception qui justifie la règle !
Il est peut-être trop tôt de faire un bilan objectif sur le moment présidentiel du Gl Oligui à la tête du pays. Mais toujours est-il que, selon l’azimut d’observation où l’on se trouve, il y a de quoi dire. Dans les masses, l’effet Oligui est quelque peu écorné. Et pour cause !
Dégommé du pouvoir au petit matin du 30 août 2023, Ali Bongo Ondimba a été placé en résidence surveillée. Le 16 septembre 2023, la mesure a été levée du fait de son état de santé. Il a été déclaré « libre de ses mouvements » et peut se rendre à l’étranger pour s’y faire soigner, s’il le souhaite. Cette décision a surpris plus d’un Gabonais. Dans le cadre de la tenue de l’élection présidentielle, Ali Bongo Ondimba a, le 09 juillet 2023, passé avec succès sa visite médicale devant un collège de médecins « chevronnés ». Il a été reconnu en bonne santé. Lui-même, dans une vidéo devenue virale, se réclamait en forme pour narguer ceux qui l’accusaient d’être un malade ambulant. Ainsi, Ali Bongo Ondimba, auteur de crimes économiques, financiers et de sang, traître devant l’Eternel, n’est pas digne de pitié. Les Gabonais pensent qu’il doit être en regroupement familial à « Sans-famille ».
Votre attitude teintée de bienveillance envers Marie Madeleine Mborantsuo est très mal perçue par les populations. Cette dame ne mérite pas la clémence que vous lui réservez. Pendant 30 ans, elle a été l’un des maux dont a souffert le Gabon. Payée par l’argent du contribuable, elle n’a été qu’au service d’une seule et même famille. N’eut été votre action du 30 août 2023, Ali Bongo Ondimba serait une fois de plus au pouvoir. Mborantsuo l’ayant déjà, comme à l’accoutumée, proclamé vainqueur d’une élection présidentielle qu’il a toujours perdue. Elle le fit en 2009 avec André Mba Obame et en 2016 avec Jean Ping Okoka. Omar Bongo Ondimba en bénéficia lors des consultations de 1993, 1998 et 2005. Pendant son long règne à la tête de la Cour constitutionnelle, elle n’a pas présenté une mentalité d’Etat. Elle ne s’est jamais mise au service du peuple souverain.
A l’entrée de vos fonctions de président de la transition, vous avez promis « redonner la dignité aux Gabonais ». Dans la pratique, la restauration de la dignité d’un peuple passe par l’amélioration de ses conditions de vie et d’existence. Mais la dignité d’un peuple ne s’éloigne pas de sa souveraineté. Le manger, le boire et le dormir, bien que placés sur la pyramide de Maslow de besoins des individus, ne sont pas les seules variables du triangle de souveraineté des peuples. Selon d’éminents analystes, le triangle de souveraineté fait référence également à la mise en place de la monnaie, à l’édification d’un système de sécurité nationale et à l’établissement d’institutions garantissant la dignité du peuple souverain. Visiblement, le CTRI ne semble pas s’orienter dans cette direction. Si la dignité des Gabonais et du Gabon n’est pas prise en compte par le CTRI, leur expérience ne sera que de la poudre de perlimpinpin.
Les nominations surabondantes au gouvernement, au Parlement et dans l’administration centrale sont, semble-t-il, colorées de népotisme. Les observateurs de la vie politique remarquent qu’elles sont essentiellement en faveur des familles paternelle et maternelle du président de la transition. La composition du Parlement rappelle incontestablement l’ère du Parti démocratique gabonais (PDG) ronflant et triomphant lorsque Omar Bongo se taillait, toujours et sans honte, une majorité obèse. Avec 41 % des députés dans le Parlement de la transition, le 30 août 2023 apparaît comme la date de résurrection du PDG que d’aucuns croyaient mort et enseveli à jamais. En le faisant, le président de la transition pense-t-il que le PDG peut résoudre le problème gabonais créé par le PDG lui-même ?
Les articles 39 et 40 de la charte du CTRI, sur laquelle vous avez prêté serment, posent une exigence morale au président et aux membres des organes de la transition. Ils vous astreignent de déclarer vos biens auprès du président de la Cour constitutionnelle dans un délai de 48 heures après la prise de fonctions. Mais, plus de deux mois après vos prises de fonctions respectives, cette disposition n’est pas appliquée. Pire, en dépit de son caractère irrévocable, il paraît que celle-ci a été purement et simplement supprimée de la version révisée de la charte. Si, en deux mois, le chapelet de récriminations est aussi long, qu’en sera-t-il dans deux ans ? Encore que, par rapport aux tâches consignées dans le chronogramme du CTRI, la durée estimée de réalisation dudit chronogramme semble surdimensionnée.

Ostentation de forfanterie

Depuis le 30 août 2023, le Gl Oligui est à la tête du pays en tant que président de la transition au départ ; et maintenant en qualité de président de la République. La pléiade de vos conseillers n’a jamais remis en cause cette fanfaronnade inutile. La nouvelle cour de cajoleurs pédégistes préoccupés à remettre le kounabélisme au goût du jour non plus. A l’instar de son oncle Omar Bongo Ondimba et de son cousin Ali Bongo Ondimba qui ont fait dans la jactance, la danse et la concupiscence, le Gl Oligui écume les espaces médiatique, aérien national et international. Il voyage avec ostentation en paradant entre deux avions. En trois mois de pouvoir, il a, à son actif, pas moins de dix voyages toutes directions confondues. C’est à croire qu’au Gabon, la fonction présidentielle est synonyme de voyages, d’esbroufe, de fla-fla et rodomontade.
Ses apôtres expliquent ces randonnées par la nécessité de se réconcilier avec les pays voisins et de réchauffer les relations diplomatiques abîmées par Ali Bongo Ondimba. A la lecture de la charte, tout porte à croire que le général Oligui a beaucoup à faire. Pour notre part, ce pan de l’administration du Gabon devrait être réservé au ministre des Affaires étrangères. Au Mali, par exemple, le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, est sur tous les fronts pour redorer l’image de son pays que tente de dégrader l’impérialisme français.
A notre connaissance, en trois ans, le colonel Assimi Goïta n’a fait que deux sorties : au Burkina Faso et en Russie. Lorsque les Fama ont récupéré Kidal, il n’a pas fait de déclaration. Il a délégué. Il est discret, ferme et ne s’inscrit pas sur la liste des candidats à l’ostentation de parvenu.

 

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